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Les "Disney" de Marne-la-Vallée comparent leur entreprise à un "MacDo géant"

Publie le vendredi 30 décembre 2005 par Open-Publishing
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de Eléonore Morlas

Quelque 300 à 400 salariés d’Euro Disney accueillaient, jeudi 29 décembre au matin, les visiteurs du parc de loisirs de Marne-la-Vallée. A l’appel des sept syndicats de la société, ils voulaient les "informer de la réalité sociale qui se cache derrière la magie", explique Pierre Brossard, délégué CFDT.

"Nous devons être de plus en plus flexibles. Ce n’est pas ça qui va faire revenir les clients", jugeait Gaël, un militant CFDT qui compare Euro Disney à un "MacDo géant", "hier on attendait 66 000 personnes, il y en a eu 51 000". "Il y a des gens qui travaillent ici depuis 14 ans. Ils sont toujours smicards", s’insurge Amadou, de la CGT. En ce jour de grand froid, les visiteurs, eux, sont plutôt indifférents. Ils attrapent les tracts qu’on leur tend et poursuivent leur visite.

Les manifestants n’ont pas digéré que la direction leur annonce, en décembre, la suppression de la prime exceptionnelle de fin d’année de 100 euros brut. La direction argue qu’il s’agit d’un versement exceptionnel d’intéressement. Aussi exceptionnel soit-il, ces dernières années, en dépit des pertes récurrentes, les salariés l’ont touché. Pour s’être mobilisés lors de l’ouverture du second parc en 2003 ou encore lors du lancement de la parade du roi Lion en 2004. En 2005, les pertes ont reculé, mais la direction ne voit aucune raison de faire de nouveau un geste. Sur l’exercice 2004-2005 clos le 30 septembre, Euro Disney a perdu 94,9 millions d’euros, 35 % de moins que l’année précédente.

Deux poids, deux mesures, rétorquent les syndicats qui dénoncent le "demi-million d’euros" qui va être versé aux cadres "dans la plus grande opacité". Le bonus des cadres "comporte une partie dépendant du respect des objectifs - qui leur sera versée - et une partie variable en fonction des résultats de l’entreprise, qu’ils ne toucheront pas non plus", rétorque la direction.

"On nous demande de nous serrer la ceinture, que les dirigeants commencent", s’indigne Bernard Banhares, du Syndicat indépendant du personnel. Il y a une semaine, les salariés ont réclamé dans une pétition - signée par 2 500 personnes selon la direction et 4 000 selon la CFDT - un traitement plus équitable.

D’autant qu’ils ont d’autres motifs d’insatisfaction. En novembre, Karl Holtz, le PDG d’Euro Disney, a déclaré vouloir "stabiliser les coûts moyens liés aux charges de personnel, qui ont augmenté deux fois plus vite que notre chiffre d’affaires en 2005". Planning arrêté plus tard, réduction ou augmentation de la durée quotidienne de travail au dernier moment en fonction de l’affluence... "C’est le début d’un processus qui va dans le sens d’une atteinte à la vie privée sans compensation financière", s’indigne David Roulon, délégué de la CFTC.

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