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Les inspecteurs du travail massivement mobilisés pour défendre leur profession
Publie le vendredi 17 septembre 2004 par Open-Publishingde Jean-Marie Godard
Les inspecteurs du travail ne veulent plus risquer leur vie en exerçant leur profession. Après l’assassinat de deux d’entre eux lors d’un contrôle en Dordogne, ils se sont fortement mobilisés jeudi dans toute la France pour réclamer des moyens supplémentaires, plus de soutien et de reconnaissance des pouvoirs publics.
Le mouvement, à l’initiative des syndicats CGT, FO, CFDT, UNSA, Sud et SNUTEF-FSU, a été suivi, de source syndicale, par environ 60% des 1.300 inspecteurs et contrôleurs du travail que compte la France, 30% selon leur ministère de tutelle.
Les syndicats ont été reçus durant deux heures jeudi après-midi par le ministre délégué aux Relations du Travail, Gérard Larcher, sans que ce dernier parvienne à calmer leur colère.
– Il n’y a rien si ce n’est la confirmation d’un soutien psychologique et financier aux familles des deux victimes, ce qui est la moindre des choses, et une simple ’mission d’évaluation’ des risques rencontrés par les inspecteurs, qui rendra ses conclusions en novembre », ont expliqué les représentants syndicaux à leur sortie. La CGT a qualifié de « scandaleuse » l’attitude du gouvernement et du ministre qui n’ont « pas pris la mesure du choc et de la gravité de la situation ».
Jeudi dans la journée, des rassemblements ont eu lieu à Grenoble, Lyon, Nantes, Toulouse ou encore Metz, notamment à proximité des antennes locales de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) où des délégations ont été reçues, selon les syndicats.
A Paris, environ 400 inspecteurs du travail, la plupart vêtus de noir, ont manifesté jeudi en fin de matinée aux abords de l’hôtel Matignon, sous haute surveillance policière.
Brandissant des exemplaires du code du travail, les protestataires ont défilé entre l’esplanade des Invalides et l’entrée de la rue de Varenne, à proximité de l’Hôtel Matignon, où ils se sont assis sur la chaussée devant un barrage de gendarmes mobiles. « Ministère du Travail, Inspection du travail, en deuil et en colère », pouvait-on lire sur des banderoles noires.
Les inspecteurs du travail réclament notamment un doublement de leurs effectifs, une « véritable défense juridique et politique des agents dans l’exercice de leur fonction », ainsi qu’un « message fort » du gouvernement pour que soit respecté le code du travail et les fonctionnaires chargés de veiller à son application.
Les syndicats s’inquiètent en effet de la volonté du gouvernement de « simplifier et moderniser » le code du travail via une réforme d’ores et déjà annoncée pour le début de l’année 2005.
– Sans arrêt, il y a des lobbies qui attaquent le code du travail avec un relais au sein de l’aile la plus libérale du gouvernement, sans parler de l’ambiance anti-fonctionnaires », a ainsi expliqué à l’agence Associated Press (AP) Luc Beal-Rainaldy, porte-parole du syndicat des inspecteurs de travail FSU. « Ce qui nous inquiète, a-t-il ajouté, c’est que les conditions idéologiques sont ainsi créées pour que des gens refusent les contrôles, jusqu’à ce que quelqu’un finisse par aller jusqu’au meurtre ».
Le 2 septembre, Sylvie Trémouille, 40 ans, et Daniel Buffière, 47 ans, ont été tués à coups de fusil de chasse à Saussignac en Dordogne lors d’une visite à un agriculteur en proie à des difficultés financières. Ce dernier avait finalement retourné l’arme contre lui, se blessant sérieusement.
Mercredi, le ministre du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a affirmé la « totale détermination » du gouvernement « à faire respecter la loi, le code du travail et les inspecteurs et contrôleurs du travail ». M. Borloo a rappelé que les deux inspecteurs « exerçaient leur métier, vérifiaient, expliquaient, conseillaient et si nécessaire sanctionnaient pour faire respecter les droits des salariés de ce pays et la règle de droit ». « C’est une mission d’intérêt général. C’est au nom de la République qu’il exerçaient ce mandat ». (AP)
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