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Membre du PCF Aix en Provence, conseiller municipal d’Eguilles
Publie le vendredi 6 juillet 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Pour la reconquête de l’Homme producteur.
Qu’est-ce qui fait à la fois l’originalité du parti communiste français dans ses propositions, leur cohérence et leur volonté mais qui simultanément ne permet pas son identification en tant que force utile, efficace, symbolique ? Ce questionnement pose celui de la légitimité de notre existence, de notre action, de notre représentativité.
Il nous faut comprendre la société dans laquelle nous vivons, la formation de la mentalité des citoyennes et des citoyens, la formation de leurs désirs et de leurs envies, de leur subjectivité, de leurs pulsions et de leurs modes de fonctionnement pour examiner comment tout cela se traduit ou pas en expression politique, en conscience de classe.
De ce point de vue nous déplorons souvent la dictature de l’individualisme. Nous parlons parfois de société de consommation qui détruit les consciences de classe. Sans plus. Aujourd’hui il ne s’agit plus de constater et de déplorer mais d’analyser, de comprendre et d’agir. J’entends par agir, la mise en patrimoine dans le parti, de ses adhérents aux dirigeants, d’une culture nouvelle qui nous permette de conquérir (et non de reconquérir) la place qui doit être la nôtre dans la société du XXIe siècle.
DES RAPPORTS DE PRODUCTION AUX RAPPORTS DE CONSOMMATION.
Nous avons l’habitude de penser et de démontrer que les sociétés capitalistes dites « modernes » se structurent sur leurs modes et rapports de production et que c’est dans les antagonismes qui traversent ces rapports que se construit la conscience de classe. Nous avons raison, à part que…
… Aujourd’hui le capitalisme avec sa contre-révolution a réussi le tour de force de brouiller cette réalité grâce à une idéologie et des pratiques basées sur les modes et rapports de consommation. Le capitalisme génère des consommateurs extravertis (les dimanches à Plan de Campagne comme jour de fête…) et a besoin de producteurs introvertis (la répression syndicale qui touche les salariés de cette même zone et le refus très probable des visiteurs du dimanche de travailler ce jour là). La société, notamment à partir des années 60 et surtout depuis 1968 est devenue permissive pour le consommateur et répressive pour le producteur.
Cette mutation du capitalisme se traduit dans les pratiques individuelles et dans les modes de penser. Elle a été rendue possible par un immense mouvement de récupération des désirs humains. Dans ce mouvement sont inaugurés un certain snobisme de masse, la promotion ludique comme dénonciation de l’oppression bourgeoise et des sociétés traditionnelles. L’apprentissage de la vie n’est plus l’apprentissage d’un métier dévalorisé mais l’apprentissage au gaspillage sur le « marché du désir » où le désir devient envie, aussitôt suivi par la culpabilisation des « écolos — décroissants ».
Cette colonisation des âmes a besoin pour exister de sa subversion consumériste, de sa dénonciation gauchiste, de la structuration d’un libéralisme libertaire où tout est possible mais rien n’est permis. Par ses mécanismes internes cette société conduit tout droit au populisme dont Le Pen est le prototype et Sarkozy le récupérateur. Mais entre-temps elle a donné naissance à une vision « consensuelle » et bon chic bon genre de la transformation sociale aux dépens du travail et du travailleur. C’est l’époque Mitterrand qui a structuré cette nouvelle forme de « social-démocratie mondaine » à gauche . Elle justifie sa légitimité grâce à une contestation extrémiste à droite et une subversion apparemment radicale à l’extrême gauche. Ségolène Royal en est l’archétype « moderne » dont a tant besoin le libéralisme libertaire pour se reproduire. Cohn Bendit dès 1968 puis Laguiller depuis … 40 ans ou Bové depuis moins longtemps pourraient bien, avec quelques autres, en être les extrêmes complémentaires à la gauche de sa gauche. Le « sociétal » le plus souvent fugace et surtout moins couteux pour le capital, supplante le « social ».
Alors que nombre d’électeurs disaient vouloir choisir le président de la République sur le programme des candidats, il n’y a pas eu de confrontation projet contre projet mais des présentations juxtaposées comme si les candidatures étaient des objets à vendre sur le rayonnage du grand supermarché politicien. Nous sommes donc bien aussi, avec cette élection présidentielle sur le registre de la consommation politique et non sur celui d’une production de politiques .
Ainsi les libéraux peuvent tranquillement nier le concept de besoins et à plus forte raison de besoins sociaux. Seuls comptent la demande, l’offre, le prix… pour les profits et les dominations. D’ailleurs en économie les théories de la consommation et de l’offre supplantent celles de la valeur et de la production.
Conscience, idéologie, subjectivité, crise, recompositions économiques et régressions forment un tout dans ce libéralisme libertaire du capitalisme financiarisé et globalisé.
LE TRAVAIL MALTRAITE ET MAL TRAITE.
Avec cet arrière-plan, dans ce décor le travail est évidemment mal traité, sous traité et donc maltraité.
Le plus souvent il est réduit à sa dimension « torture », contraignante, de devoir, éclaté et sans cesse réorganisé pour répondre à de fantasmatiques efficiences destinées à rassurer les marchés financiers ou tout simplement à des modes managériales. Conséquence : une situation catastrophique où s’entrechoquent l’emploi, le sur-emploi, le sous-emploi, l’exclusion du travail avec des situations les plus diverses et incohérentes. C’est ainsi que le stock des chômeurs frise les 13 % de la population active, que les exclus du travail salarié ne cessent de croître pour atteindre 20 % de cette population et 25 % si l’on ajoute le sous-emploi contraint. Se trouve là la source fondamentale des discriminations et des inégalités.
Simultanément le travail, énigme et caractère fondamental du genre humain, change. Il fait appel à des processus de plus en plus complexes et porteurs de potentialités permettant d’imaginer une mutation des systèmes productifs. Les technologies, la révolution informationnelle, les bio et nanotechnologies, la science, la recherche, les bouleversements des cadres et enjeux de la vie appellent de la mise en commun, des synergies, coopérations et la libération inventive génératrice de nouveaux et inconnus gisements d’efficacité et donc, un bond potentiel qualitatif et quantitatif des capacités humaines.
Conséquence : la valeur du travail (monétaire mais aussi éthique) est en régression en même temps que le travail sur les valeurs recule dans nos sociétés. Trente ans de politiques d’austérité, de rigueur, de désinflation compétitive et enfin de baisse du coût du travail ont conduit à cet état catastrophique qui arrive à la limite du supportable. La civilisation du travail reste à inventer alors que nous n’en sommes qu’à la préhistoire de son exploitation.
REMEMBRER LA PERSONNALITE POUR LE PLEIN DEVELOPPEMENT DES CAPACITES HUMAINES.
Un fait extrêmement grave apparaît de plus en plus clairement : l’homme producteur est évincé du débat politique, sa légitimité à intervenir sur la création des richesses, sur les décisions, sur toutes les sphères du pouvoir est marginalisée ou même réprimée au bénéfice d’un homme consommateur qui doit s’extravertir dans les folies de la mode, gaspiller dans la démode, pleurnicher et dépenser avec la nostalgie du temps passé mais en permanence doit zapper au gré de l’offre, des marchés et des faiseurs d’opinions ou d’envies.
Quand l’homme producteur est évincé ou réprimé, c’est la conscience de classe, les conditions de son émergence, de ses expressions et des organisations qui les portent qui s’effacent. Il en est ainsi de notre parti. Mais aussi du syndicalisme ou du mouvement associatif.
En conclusion, si les rapports de production sont bien installés dans notre patrimoine culturel de parti (encore qu’il faille bien le vérifier et approfondir sans cesse leur connaissance) nous sommes à peu près nuls sur l’analyse de ce qui s’appelle aujourd’hui la société de consommation sur laquelle se plaquent les effets de 30 ans de crise du capitalisme. Nous avons donc à produire de la connaissance et à mettre en patrimoine une culture politique de ce point de vue, à en tirer les conséquences pratiques quant à notre organisation et à notre stratégie.
Il ne s’agit pas de marketing ou de publicité mais de rééquilibrer ce qui aujourd’hui est mis en concurrence ou en opposition-domination au sein de la même personne : sa conscience et ses désirs de producteur et son état aujourd’hui dominant de consommateur. Il nous faut réinvestir l’homme producteur condition nécessaire au dépassement de la contradiction consommateur/producteur vers l’homme créateur de ses pleines capacités.
Au-delà de son statut, de ses conditions, de son environnement institutionnel ou revendicatif classiques, il nous faut analyser le travail en tant qu’acte mobilisant la personne et la personnalité susceptible de les construire ou de les détruire, élaborer un discours dans lequel les producteurs pourront se reconnaître, penser, agir, parler, écrire, prendre conscience de leur poids puisque ce sont eux les créateurs de richesses, prendre conscience et désir du pouvoir qu’ils doivent conquérir pour transformer l’état des choses existants.
C’est un véritable droit à la création de richesses qui est ainsi posé et qui devra se légitimer dans une culture politique renouvelée, conscience de classe du XXIème siècle libérant les désirs des envies mercantiles et fugaces vers l’utopie, symptôme de société future qu’est l’Homme créateur de la visée communiste.
Pour être cohérentes nos propositions doivent s’articuler avec ce nouveau droit. Le fonder nous renvois alors à des questions fondamentales : que sont la richesse et la valeur, quel nouveau type de développement pour les créer, quel est le statut du travail en regard de ce droit, des droits à l’emploi, comment concevoir les systèmes productifs de ces richesses ? Comment les créer, pour qui, pourquoi ? Le bonheur est-il une valeur ? Quelles valeurs produisent les entreprises ? C’est ainsi que peuvent s’entremêler des questionnements sur le marchand, le non-marchand, l’utile ou ce que l’on qualifie aujourd’hui d’inutile, le quantitatif et le qualitatif, etc. Travailler de ce point de vue permet de sortir du débat mortifère de la croissance s’opposant à la décroissance, de l’anti-productivisme s’opposant au développement. Il porte beaucoup plus loin. Il vise un « développement social solidaire et durable ».
En conclusion, avant tout, il nous faut compiler ce qui a été analysé ou écrit sur ces sujets de la consommation, de la subjectivité et des représentations, du travail et des activités humaines incluant une vision large de la culture et des connaissances pour tenter de les intégrer de façon efficace et partagée dans notre propre culture, notre stratégie, nos pratiques.
Il s’agit pour moi d’un travail de longue haleine incontournable, indispensable à l’utilité de notre parti, à sa fonction transformatrice, au dépassement du capitalisme. Le prochain congrès et les décisions qui en résulteront doivent prendre à bras le corps ce travail qui me semble absolument prioritaire et ne peut être différé.
Juin 2007,
Pierre Bachman, PCF Aix en Provence, conseiller municipal d’Eguilles.
Messages
1. Membre du PCF Aix en Provence, conseiller municipal d’Eguilles, 6 juillet 2007, 18:37
bonne approche des questions qui nous sont posées par la mutation du capitalisme . michel clouscard dans son livre le capitalisme de la seduction a bien débrousaillé le sujet avec 30 ans d’avance . ça a été un de mes livres de chevet quand je militais a l’entreprise . aujourd’hui retraité . le bouquin est a mon avis plus d’actualité que jamais . sam 82
2. Membre du PCF Aix en Provence, conseiller municipal d’Eguilles, 8 juillet 2007, 07:57
Ton questionnement sur le travail,la socièté de consommation est d’un grand apport à notre réflexion pour construire la socièté communiste du futur .
La qualité du travail doit être au coeur de notre projet pour redonner au salarié la place fondamentale dans la production de richesses matérielles et culturelles.Dépasser le salariat sera l’objectif à atteindre pour libèrer de l’exploitation chaque être humain dans un processus permanent d’autogestion entreprenariale.Le marché des besoins,mis à l’abri des modes,doit conduire la production des richesses pour une répartition équitable dans la diversité auprès des citoyens ,toujours décideurs à chaque étape du processus décisionnel .Il ne suffit pas de magnifier le travailleur,à quelque place qu’il se trouve dans le maillon de la chaîne productive,il faut encore lui permettre d’évoluer tout au long de sa vie professionnelle par un système de formation permanente qui lui permet de maîtriser sa vie sans copier qui que ce soit .La liberté individuelle dans les choix de vie n’est pas antinomique avec les choix collectifs de la nouvelle socièté .Chaque être humain est unique et ne peut être dilué dans un magma de masses populaires,utile pour abattre l’ancienne socièté capitaliste,au nom de l’efficacité révolutionnaire.Chercher la place de chacun et la trouver,en dehors de toute gratification hiérarchique ou financière, reste un projet exaltant qui demandera de la rigueur et de la vertu pour entrainer les nouvelles générations dans ce travail.
La qualité du travail manuel et intellectuel conditionne et conditionnera la nouvelle socièté où chacun produira selon ses capacités et recevra suivant ses besoins individuels et collectifs .Le chacun pour soi d’aujourd’hui se transformera progressivement en chacun pour tous comme la devise des mousquetaires "Un pour tous,tous pour un ".
La déferlante Sarkozienne sera stoppée et battue face à ce besoin humain d’un travail qualifié gratifiant le rôle de chaque citoyen.Le travailler plus pour gagner plus,sans contenu qualitatif,n’est qu’un exutoire momentané au service d’un capitalisme à courte vue profitable .Ce n’est pas avec cet objectif démagogique que l’humanité citoyenne progressera .Les communistes doivent prendre à bras le corps la valeur "travail" sans complexes pour la promotion de la valeur "humaine".La bourgeoisie,ayant fait son temps historique,n’est en aucune façon une classe qui valorise le travail puisqu’elle l’asservit à ses besoins mercantiles.Le chômage,la précarité sont des tares dramatiques pour la vie de chaque être humain qu’il faut absolument combattre et supprimer le plus vite possible .Le droit à la paresse et au temps libre ne peut s’apprècier qu’après un travail émancipateur libèrant nos capacités créatives .
bernard SARTOn,section d’Aubagne