Accueil > Monoprix : l’affaire des sous-vêtements provoque une grève

Monoprix : l’affaire des sous-vêtements provoque une grève

Publie le vendredi 21 mars 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

de Raphaël Domenach

UNE DÉLÉGUÉE syndicale en garde à vue, un magasin en grève, quelque 80 employés sur 90 mobilisés... Rien ne va plus au magasin Monoprix du 166, avenue Ledru-Rollin

Hier matin et mardi après-midi, les employés en ont même bloqué l’accès aux clients et aux livreurs...

« Tant que notre collègue ne retrouvera pas son poste, nous ne reprendrons pas le travail », assure l’un d’eux.

Tout a débuté mardi à 14 heures quand Akila Diagne, déléguée syndicale et responsable du rayon lingerie, a été placée en garde à vue, suite à une plainte pour escroquerie déposée contre X par la direction de Monoprix. La salariée de 49 ans est accusée d’avoir « écarté volontairement des sous-vêtements destinés à la vente et d’ainsi les (avoir) étiqueté à 0,50 € aux fins de pouvoir les acheter en période de solde », selon les termes de sa convocation judiciaire. En clair : l’employée de Monoprix depuis vingt et un ans est soupçonnée d’avoir détourné entre le 1er et le 20 février 411 sous-vêtements, dont la valeur marchande totale s’élèverait à 8 000 €.

« C’est de l’intimidation ! Akila dérangeait... »

Akila Diagne confirme avoir acheté ces dessous à tarif préférentiel, mais selon elle, il s’agissait de pièces « trouées ou invendables ». « Elle en a bénéficié comme tous les salariés de l’entreprise, y compris les cadres », insiste sa collègue Viviane Fietz, 54 ans, dont 25 passés à réapprovisionner les rayons de Monoprix. Akila Diagne assure en avoir référé sa supérieure, ce que nie cette dernière.

« Mais le fond de l’affaire est ailleurs, assure Sofiane Aissani, l’autre délégué syndical du Monoprix Voltaire. Cet incident intervient comme par hasard juste avant la grève programmée demain (NDLR : aujourd’hui) dans le secteur de la grande distribution. Nos chefs savaient que nous allions massivement nous mobiliser. Il y a sept mois, un autre délégué syndical a déjà été viré. » « C’est de l’intimidation ! Akila dérangeait... », renchérit Bruno Soares, réceptionniste de 24 ans.

Quand Akila Diagne est sortie en pleurs hier après-midi du bureau de sa direction, le ton est monté dans les couloirs du magasin entre quelques dizaines de salariés et leur hiérarchie. « Le mouvement va s’étendre comme la peste, s’est emporté un des employés. Tous les autres magasins sont au courant de vos pratiques et ils vont se mettre en grève. »

Sous la pression, le directeur M. Vialle - qui n’a pas souhaité nous parler - a simplement affirmé « ne pas penser de mauvaises choses d’Akila. » Hier, près de 80 des 90 employés de son magasin étaient en grève. Akila Diagne était mise à pied. Elle sera jugée le 22 septembre par le tribunal de grande instance de Paris.

La direction de Monoprix nous a adressé jeudi soir les précisions suivantes :
"Suite à la constatation de nombreuses ’irrégularités d’encaissement dans son magasin de la rue de la Roquette, Monoprix a suspecté une escroquerie visant son magasin et a déposé une plainte contre X. Une enquête a donc été ouverte afin de faire toute la lumière sur les faits. L’enquête suit son cours et nous n’avons pas d’autre commentaire à apporter."

http://www.leparisien.fr/home/mavil...

Messages