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Nicolas Hulot : "C’en est fini du libéralisme"

Publie le lundi 31 mars 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

Nicolas Hulot a reçu le Journal du Dimanche dans son refuge breton de Dinard (Ille-et-Vilaine) et il appelle à une remise en cause radicale de notre modèle de développement. Celui qui se verrait bien comme le Al Gore français élargit pour la première fois sa réflexion aux domaines économiques et sociaux. Il se dit séduit aujourd’hui par... Daniel Cohn-Bendit et Olivier Besancenot !

Propos recueillis par Soazig QUEMENER, à Dinard (Ille-et-Vilaine)

Il souhaite s’affirmer comme le Al Gore français. Se dit séduit aujourd’hui par Daniel Cohn-Bendit et Olivier Besancenot. Lance un appel vibrant à une véritable révolution culturelle. Nicolas Hulot a reçu le JDD dans son refuge breton de Dinard (Ille-et-Vilaine) et il appelle à une remise en cause radicale de notre modèle de développement. A trois mois de la présidence française de l’Union européenne, l’initiateur du pacte écologique entre dans un nouveau cycle. Depuis la présidentielle, l’homme d’Ushuaïa se consacre à la réalisation du Syndrome du Titanic, un documentaire sur l’état de la planète qui devrait sortir en salles l’an prochain. Et élargit pour la première fois sa réflexion aux domaines économiques et sociaux.

Jeudi, vous avez cosigné un appel dans Le Monde demandant de mettre en oeuvre, en France, la révolution écologique annoncée fin octobre...
Pour moi, c’est autant un appel d’espoir que d’inquiétude. Un appel à la responsabilité des députés pour éviter qu’ils ne tirent le Grenelle vers le bas. C’est aussi un encouragement à Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet dont on sait bien que le travail est très difficile.

Il n’empêche que le déficit public menace les réformes promises par Nicolas Sarkozy. Pensez-vous que le Grenelle sera épargné par la rigueur ?

Honnêtement, à ce stade-là, on n’en sait rien. Cela montre en tout cas qu’en France comme ailleurs, on est dans une économie virtuelle. A mon avis, c’est le grand défi du XXIe siècle : une meilleure utilisation de la finance... En même temps, le Grenelle, ce n’est pas l’alpha et l’oméga de la révolution écologique. Juste un joli et nécessaire rattrapage pour que la France puisse être audible au moment où elle va prendre la présidence de l’Union européenne et doit être prête à amener ses partenaires sur le terrain des réformes.

"Il y a beaucoup de croyants et peu de pratiquants"

Qu’attendez-vous de la loi-cadre sur l’environnement qui doit être présentée avant l’été ?

On travaille vraiment énormément dans toutes les commissions et je ne doute pas du contenu de la loi, mais j’attends de voir comment nos députés et nos sénateurs vont la recevoir. L’expérience nous a appris à être prudents sur ces sujets-là. Beaucoup de députés ont signé le pacte écologique pour les législatives, mais quand nous les avons conviés pour une réunion d’information, ils n’étaient plus que deux !

Dans le monde comme en France, l’écologie parvient désormais à mobiliser. Mais pas encore durablement...

Il y a beaucoup de croyants et peu de pratiquants. Je n’ai pas de recette magique. Les gens sont à juste titre accaparés par leurs problèmes quotidiens, d’où la nécessité que les acteurs politiques aient une vraie vision des choses et soient sans concession. C’est pour cela que j’attends beaucoup de l’Europe. Elle doit jeter des actes politiques forts, en termes de fiscalité notamment. Il faut absolument mettre en place cette écluse fiscale aux frontières, la taxe de Cambridge qui concerne les produits importés de pays qui n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre, qui permettra d’éviter les délocalisations.

Etes-vous parvenu à convaincre José Manuel Barroso ?

La première fois que je lui en ai parlé, c’était un sujet tabou. Aujourd’hui, c’est une éventualité qui figure dans les dernières productions de la Commission européenne. Les choses évoluent.

Depuis mars 2007, vous appartenez au groupe de conseil sur l’énergie et le changement climatique de la Commission européenne. La lutte écologique ne peut donc plus se mener à l’échelon national ?

La France peut montrer l’exemple mais je pense aussi que l’Europe a une faculté à avoir une influence sur les autres peuples. N’oublions pas que les Chinois dépendent pour beaucoup de l’économie occidentale. L’échelle européenne est la bonne.

"Il y a à l’échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom"

Comment penser l’écologie dans ce contexte ?

Il ne faut plus dissocier les mots écologie, social et humanitaire. Tout cela est en train de se combiner. On a tous l’obligation de répartir la richesse. Pour cela, il faut trouver des mécanismes innovants. Je ne suis pas convaincu, par exemple, qu’il faille abandonner l’idée de la taxe Tobin [fiscalité qui s’applique aux transactions monétaires internationales]. Les détenteurs actuels de richesse se sentiraient à peine moins riches mais les exclus du festin se sentiraient beaucoup moins pauvres. On ne peut pas admettre que 70% de la production de richesse dans le monde ne profite qu’à 20 à 30% de la planète. Ce n’est même plus un problème moral. Tout simplement, ça ne passera pas. Imaginez : la moitié de l’humanité vit avec deux dollars par jour, ce que reçoit comme subvention une vache européenne. Il y a à l’échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom. Cela pouvait marcher tant que cela ne se voyait pas. Maintenant, avec les nouveaux moyens de communication, vous ajoutez à la misère un élément explosif qui est l’humiliation. La construction de l’Europe se doit de prendre cela en compte. Nous sommes condamnés à ce que les Etats interviennent. C’en est fini du libéralisme.

Ce sont des réflexions que vous avez portées auprès de Nicolas Sarkozy ?

Ce sont des idées que j’exprime auprès de Christine Lagarde, de François Fillon et d’autres. Dès que je vois quelqu’un, je martèle. Après, je ne connais pas leur niveau de réceptivité. En France comme ailleurs, il manque cette remise en cause du modèle de développement dans lequel on est. Le travail de fond n’est pas fait. Pour moi, le seuil critique sera marqué par la conférence sur les changements climatiques de Copenhague, fin 2009. Si la communauté internationale échoue lors de cette échéance, on entrera dans l’irréversible.

On dit que vous avez également "martelé" pour que Claude Allègre n’entre pas au gouvernement...

J’ai simplement mis en garde sur la difficulté qu’il y aurait à rendre compatibles d’un côté le rapport Attali, de l’autre les vues de Claude Allègre sur le climat, au moment où la France tente de mettre en oeuvre les orientations du Grenelle de l’environnement. Mais beaucoup de gens sont montés au créneau. Il ne faut pas oublier qu’Allègre nie la part entropique des changements climatiques. Moi, je me contente de donner mon avis, si on me le demande. Après, c’est un choix politique.

"Je suis plus séduit quand je discute avec un Cohn-Bendit ou avec un Besancenot"

Ne regrettez-vous jamais de ne pas vous être présenté à la présidentielle ?

Pas une seconde. Il y a un mouvement qui ne s’éteindra pas et on y est en partie pour quelque chose. Le cynisme de tout cela, c’est que la traduction de la prise de conscience va moins vite que les phénomènes qu’on essaie de combattre. En même temps, en deux ans, l’environnement est devenu un enjeu central. Prenez le bonus-malus, mesure largement insuffisante mais qui a le mérite d’être là. Je note tout à coup l’imagination des constructeurs pour que leur véhicule soit "écologique". J’ai rencontré des gens de BMW, ils m’ont dit : "Mettez-nous les normes les plus drastiques, on saura faire."

Finalement, les politiques sont les plus frileux.

Je suis convaincu qu’ils sous-estiment la mutation latente, la capacité de l’industrie à s’adapter, la disponibilité de l’opinion. Il y a un manque de créativité et d’audace chez eux. Ils sont happés par leur fonction. Il faut un temps pour l’action et la décision mais il faut un temps pour la réflexion. Tout ne peut pas être prémâché par des conseillers.

De qui vous sentez-vous proche aujourd’hui ?

Pardon de le dire mais je suis plus séduit quand je discute avec un Cohn-Bendit ou avec un Besancenot. Si ces gens-là pouvaient s’affranchir complètement de leur carcan idéologique, ils seraient vraisemblablement plus porteurs de nouveauté et de réalisme que les autres.

C’est quand même un sacré virage chez vous...
Non, c’est une évolution.

Votre flirt avec la politique devient très voyant...

On peut faire de la politique sans prétendre au pouvoir. Dans le cadre français, j’ai atteint mes limites d’efficacité. Pour passer dans un deuxième cycle, il faut que je me nourrisse d’autre chose. Je suis à un stade où j’essaie de rencontrer, d’écouter et de mettre en réseau des gens qui partagent la même vision. Aux marges de nos systèmes, en France comme ailleurs, il y a des penseurs qui sont porteurs de véritables alternatives, tant sur le plan économique que sur le plan politique. J’ai passé des heures avec Edgar Morin... Il va vraiment falloir que l’on s’ouvre à des idées neuves, et notre système n’est pas prêt à cela. On fonctionne en vase clos, sur des schémas totalement obsolètes, compte tenu de la réalité physique et scientifique.

http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200...

Messages

  • Hé bé il en aura mis du temps avant de les découvrir les Bové & Besancenot sui-ci et p’is il y pensait pas tellement quand il bossait à TF1 l’Aventurier des temps modernes : "aah, quchee, séquence émotion" ; maintenant il fait dans la séquence autodafée... mieux vaut tard que jamais... je veux pas le décevoir l’nicolas mais copenhague ne donnera pas grand chose mis à part de retarder l’échéance...
    chez nous on prévoit de réduire de 20% les émissions de gaz à effets de serre d’içi 202O mais c’est de 80% au moins qu’il faudrait bouger ... ce 20% est hypocrite et n’est que destiné à satisfaire les industriels en ne les brusquant pas trop, qu’ils puissent poursuivre leur oeuvre destructrice polluante

  • Daniel Cohn Bendit ????

    Ah bon ? C’est un anticapitaliste celui qui veut faire alliance avec la droite de Bayrou ???

    Nicolas, niveau exploration des idéologies et consciences politiques tu me sembles quand même vachement moins doué que pour les Galapagos ou les Vanuatu....

     :(

    La louve

  • Moi franchement,... même pas peur. On a évité le pire ! tu vois, Nicolas, tu aurais causé aux cocos comme Marie George alors là attention ! Mais voir avec le Facteur bien protestataire, bien diviseur, bien sous tous les rapports et avec Cohn Bendit alors là tu fais comme il faut juste assez pour ratisser un max large sans risquer de te griller.

    Bravo Nicola continue et tu finiras par avoir ta place comme ministre de l’ouverture.

    • On ne peut pas admettre que 70% de la production de richesse dans le monde ne profite qu’à 20 à 30% de la planète. Ce n’est même plus un problème moral. Tout simplement, ça ne passera pas. Imaginez : la moitié de l’humanité vit avec deux dollars par jour, ce que reçoit comme subvention une vache européenne. Il y a à l’échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom. Cela pouvait marcher tant que cela ne se voyait pas. Maintenant, avec les nouveaux moyens de communication, vous ajoutez à la misère un élément explosif qui est l’humiliation.

      Tout est dit là-dedans, sauf que c’est au moins 80 % des humains qui sont humiliés. Vu le nombre, je suis toujours sidérée qu’ils se laissent mener par le bout du nez par seulement 20 % d’humains ! A quand le renversement de situation ?

    • Serais-je dans la calomnie en suggérant que si les 80% se font ballader par les autres c’est parce qu’ils sont éduqués à faire confiance à des partis, des assocs et des syndicats qui se servent d’eux pour leur carriére sans vraiment vouloir leur donner le pouvoir ?

    • Non, parce que c’est vrai aussi ! Les spécialistes de la question feraient mieux de mettre sur la table les raisons qui font que les 80 % de l’humanité se laissent déborder par une infime minorité. Je pense à ce phénomène étrange qui a eu lieu dans les camps de concentration, ou des ouailles très nombreux, pétris de peur devant l’inquisition à l’époque, phénomène qui se reproduit aujourd’hui quelque part dans le monde !

      Quand on aura cherché les verrous qui bloquent, peut-être qu’on pourra enrayer cette prise "d’otages" universelle, par une minorité exclavagiste !

  • Un petite réflexion au passage : Al Gore est loin d’être une référence !

  • En effet, les problèmes de réchauffement de la planète viennent d’un productivisme exacerbé qui est l’apanage du capitalisme promulgué par un ultra-libéralisme n’ayant aucune conscience morale, ni sociale, ni attentive à la transformation de la planète. Seuls les profits que procure la société de consommation sont bons à prendre, le reste..., advienne que pourra !

    Le « développement durable », qui peut paraître à certains une bonne idée, n’exclue cependant pas le principe productiviste. Car, malgré un semblant de mesure écologique dans le programme des adeptes de cette allégorie utilisant à tout bout de champ le terme « bio », ils continuent néanmoins à prôner le bien fondé d’une croissance exponentielle.

    Le pacte écologique de Monsieur Hulot ne prenant pas en compte le coté politique d’une écologie nouvelle en opposition à la surconsommation, certains candidats et candidates aux législatives n’ont pas voulu signer ce substrat médiatique. En particulier des alternatifs et des PCF ne répondant pas aux sirènes du bien pensé ont eu ce courage. D’ailleurs on ne peut que les féliciter lorsque l’on connait quels furent et quels sont les sponsors de la fondation Hulots, comme l’Oréal, Elf et consorts qui, à priori, ne peuvent pas être considérés comme d’ardents défenseurs de la nature.

    Non, il faut lier l’écologie à des valeurs humanistes et amener notre société vers une modernité réfléchie et par conséquence réflexive.

    Nous devons donc regarder avec attention et relativiser les bienfaits apportés par les avancées technologiques, ceci étant naturellement en correlation avec un mode de développement autre que celui qui régi notre société capitaliste.

    Dans l’immédiat, mais surtout pour les générations futures, à travers les réflexes de l’écologie-politique nous devons tourner la page d’une société devenue trop individualiste, donner plus de place aux libertés collectives, promouvoir les valeurs humaines avant les intérêt privés, encenser le qualitatif au dépend du quantitatif.

    Et surtout remettre en cause le système capitaliste dont l’’hyper productivité ne profite qu’à quelques uns, tout en créant des désastre écologie difficilement réversible. Le jour où Hulot mettra véritablement en cause le capitalisme dans ses fondements mêmes, sans doute deviendra-t-il crédible. Dénoncer c’est bien, mais s’attaquer aux véritables problèmes est probablement un chemin idéologique qu’il n’a pas fait !

  • venez découvrir qui se cache derrière l’ecotartuffe ecologiste nicolas hulot...
    Et signez la pétition http://www.pacte-contre-hulot.org

  • eh !!!! Nicolas tu devrais nous expliquer

    1/ COMMENT LES RICHES DÉTRUISENT LA PLANETE ?

    2/ comment faire RAQUER LES PAUVRES pour cette destruction ?

    car le tour de passe passe alarmiste d’Al-Gore et de Nicolas H . tiens a

    ses deux questions

    dit moi Nicolas tes produits de toilettes et parfums ,y a pas de chimique

    dedans ? les contenants vont a la poubelle , ça représente combien de

    tonne en un an ?

    Depuis la nuit des temps la Terre Mère accomplie des cycles afin de

    se régénérer ,et rien ne l’ arrêtera ,que l’activité humaine ait accéléré

    ce processus je veux bien ,mais de grâce cesser de mettre en cause les

    peuples "d’en bas "

    Nicolas ,qui équipe son appartement ou son yacht ou autres palaces de

    bois précieux , le RMIste ? le petit retraité ? l’ouvrier a 1500€ par

    mois ? OU les BOLLORÉ ? qui transporte du pétrole dans des rafiots

    pourris ? le RMIste ? le petit retraité ? l’ouvrier ? QUI SALOPE TOUTE

    L’EAU POUR LA COSOMMATION ? LA TERRE VOUS LA DONNE GRATOS ?

    NON ? Les terrains de golfe grands cosommateur d’eau et autre merdes

    pour avoir un gazon nikel c’est bien pour les riches ? as tu vu un

    RMIste jouer au golf ? tu en parle jamais ,pouquoi ?

    Et puis merde , marre c’est trop long ,si quelqu’un veux continuer

    bon courage

    • Serait-ce déroger de préciser ici que la notion, ainsi que l’initiation, de l’action de "Dévelopement Durable", (Sustainable Development) a été initiée par le Prince Bernhart des Pays-Bas, ex-Colonel Waffen S.S. et Fondateur en 1954 du Groupe de Bilderberg en coopération avec David Rockfeller ?

      Pour les buts de la manoeuvre je laisse à l’appréciation de chacun la volontée humanitaire désintéressée qui peut être décriyptée en sous-jacence de l’événement et de ses initiateurs.

      Grands humanistes devant l’Etarnel, comme chacun le sait. LOL.

      Depuis, tout le Monde, (Y compris le Monde des gens de bonne volonté), a avalé l’appât, le fil, et la canne. Le pêcheur lui a su faire oublier qu’il avait été un jour à l’autre bout .

      Pour le reste de l’information, y qu’à taper les mots-clefs dans "Voilà" pour le Français et dans "Google" pour le reste.

      Quant aux "actions" de Nicolas Hulot, ca me désole qu’on s’en inquiète encore ici vu la dimension du personnage.

      G.L.