On peut faire des miracles au gouvernement français !!!!!

L’atypique Jean-Louis Borloo remplace Alain Juppé au « super-Ministère » de l’écologie

FRANCE. La déconvenue aux élections législatives force le président Nicolas Sarkozy à remanier son gouvernement.

Sylvain Besson, Paris (le temps quot. suisse)
Mercredi 20 juin 2007

On peut faire des miracles au gouvernement français. Par exemple transformer, du jour au lendemain, un spécialiste de la lutte contre le chômage en croisé de la défense de l’environnement. Après un mois à son poste, le ministre de l’Economie, Jean-Louis Borloo, est devenu mardi numéro deux du gouvernement, en charge de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durables.

Une femme à l’Economie

Ce transfert est dû à la démission du précédent titulaire de ce super-ministère, Alain Juppé, pour cause de défaite aux législatives de dimanche. Jean-Louis Borloo sera remplacé à l’Economie par l’ancienne avocate d’affaires Christine Lagarde, une surdouée qui a fréquenté l’université de Saint-Gall. Celle qui détenait le portefeuille de l’Agriculture est la première femme à accéder à ce poste en France.

Le visage du nouveau pouvoir français est ainsi bouleversé. Avant l’élection présidentielle, Jean-Louis Borloo s’était battu pour obtenir un ministère regroupant l’économie, les finances et l’emploi, et s’était fixé comme priorité de ramener le taux de chômage français de 8,2 à 5% en cinq ans. Atypique, cet ancien avocat à la fibre « sociale » ne correspondait guère au profil de technocrate cérébral ou d’ex-grand patron à qui ce genre de poste semblait réservé.

Des fuites distillées dans LeFigaro, le quotidien le plus proche du gouvernement, suggèrent que Nicolas Sarkozy l’aurait trouvé « au-dessous de tout » dans sa défense du projet visant à augmenter la TVA pour diminuer les charges sur le travail. Il aurait aussi été victime d’une sorte d’allergie des hauts fonctionnaires élitistes qu’il devait commander.

Par contraste, l’arrivée de Christine Lagarde à Bercy, siège de l’une des plus puissantes bureaucraties de France, signe le retour à une certaine orthodoxie. Parfaitement anglophone et classiquement libérale, elle est à même de rassurer les milieux d’affaires internationaux sur la volonté de réforme de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement.

Des questions se posent en revanche sur les compétences écologiques de Jean-Louis Borloo. Bien qu’il ait commencé sa carrière politique dans un petit parti vert, Génération écologie, le nouveau ministre du Développement durable n’a pas manifesté de grand intérêt pour le sujet ces dernières années.

« Il en parlait un petit peu, notamment des conséquences du réchauffement climatique, mais ça n’était pas sa première préoccupation », confirme le journaliste Gérard Leclerc, qui vient de réaliser un livre* d’entretiens avec lui. « Cela dit, je crois que c’est quelqu’un qui peut facilement sauter d’un sujet à l’autre. C’est un agitateur d’idées : sa méthode, c’est la transversalité, le fait de réunir tous les intervenants concernés par un problème donné. »

La nomination de Jean-Louis Borloo a d’ailleurs été saluée par les organisations écologistes en France. « C’est un casse-couilles, il ne va pas les lâcher », a déclaré le directeur du WWF local dans une allusion aux futurs conflits entre le Ministère de l’écologie et d’autres administrations. L’arrivée à l’Agriculture du Savoyard Michel Barnier, qui était recommandé par Nicolas Hulot, dénote une volonté de « verdir » ce secteur très polluant.

Le président et son premier ministre François Fillon ont aussi nommé 12 nouveaux secrétaires d’Etat chargés d’assister les ministres : on y trouve des centristes, un libéral, deux représentantes des minorités et l’entraîneur de l’équipe de France de rugby, Bernard Laporte, qui deviendra secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux sports à la fin de l’année.

* L’abeille et l’architecte,Jean-Louis Borloo et Gérard Leclerc, Paris, éditions du Moment, 2007