Accueil > Opération Condor : Pinochet entendu jeudi
L’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet sera entendu jeudi par le juge Juan Guzman Tapia sur sa responsabilité dans l’Opération Condor, un programme conjoint des dictatures sud-américaines pour éliminer leurs opposants, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
L’audition était prévue pour lundi, mais elle avait été repoussée dans l’attente d’une décision de la Cour suprême sur le recours déposé par la défense de M. Pinochet, qui avait demandé une récusation du juge pour « antipathie » envers leur client.
Lundi, la plus haute instance judiciaire chilienne a confirmé le juge, affirmant qu’il pouvait continuer ses investigations. La Cour suprême avait ouvert la voie à un procès de l’ancien dictateur (1973-1990) après avoir levé son immunité le 26 août dernier.
Le juge Guzman Tapia a donné un délai de vingt quatre heures à l’état-major de l’armée chilienne, dont Pinochet a été commandant en chef pendant vingt cinq ans, pour qu’il détermine le lieu où se déroulera l’interrogatoire.
Normalement, selon le Code de procédure pénale, compte tenu qu’il s’agit d’un ancien président de la République, le juge doit se rendre au domicile de M. Pinochet, sauf si ce dernier décide de comparaître volontairement devant le magistrat.
Enfin, M. Guzman Tapia, qui peut décider de la mise en accusation de l’ancien dictateur, a rejeté une demande des avocats de M. Pinochet pour qu’il soit soumis à des examens médicaux avant la déclaration de jeudi.
Ces derniers arguent qu’il n’est pas en état d’être jugé, comme ils l’ont déjà fait, avec succès, par le passé.
Insistant sur les problèmes mentaux de « démence modérée » de l’ex-dictateur, ses défenseurs avaient obtenu une décision favorable de la Cour suprême, ce qui avait conduit à classer un premier procès contre l’ex-président en juillet 2002, dans l’affaire dite de la Caravane de la Mort.
Cette « Caravane » avait été une mission militaire qui avait parcouru le nord et le sud du Chili sur ordre de Pinochet en octobre 1973, faisant sur son passage 75 morts parmi les prisonniers politiques.