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PRÉCARITÉS ET PROLÉTARISATIONS…

Publie le mercredi 11 juillet 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Pendant la campagne électorale présidentielle, on a beaucoup discuté de la question du SMIC à 1500 €… Chloé m’a dit qu’elle n’était pas d’accord, car « à quoi sert-il de faire des études alors, si c’est pour être payé quasiment au SMIC ? »…

J’étais sidéré. Chloé a 22 ans. C’est la fille de ma femme : nous sommes une famille recomposée. C’est une jeune femme de gauche. Elle est capable de penser : universitaire au niveau Bac + 4, elle passe en ce moment le CAPES. Elle a bien l’intuition de l’immensité des richesses produites et des incroyables inégalités de redistribution de ces richesses. Mais elle n’a jamais approché le monde de la production.

Pourtant, elle parle quasiment comme Pascal, ce technicien de Vallourec ou comme Jacky, cet ouvrier de Tricoflex. Eux, ils dénoncent l’assistanat financé par ceux qui bossent dur et qui vivent plus mal que les assistés.
Lorsque je parle à Chloé de la nécessité d’une autre redistribution des richesses et de l’urgence de satisfaire en priorité les besoins des salariés et des pensionnés les plus modestes, elle me renvoie à l’impossibilité et à l’utopie.

Voilà donc le problème majeur auquel nous allons devoir trouver les réponses qui convainquent. Tout en ne s’éloignant pas de notre devise républicaine « liberté, égalité, fraternité ».

En ce 1er juillet 2007, le SMIC a été porté à 1280,07 € bruts mensuels. L’indice de début de carrière d’un prof certifié étant le 349 à raison de 4,534275 € du point, le salaire mensuel de début est donc de 1582,46 € bruts. Soit un écart de 302,39 € et 23,62% entre un prof débutant et le SMIC.

Avec un SMIC porté à 1500 € bruts, l’écart aurait été réduit à seulement 5,49%, justifiant un sentiment de prolétarisation et d’insécurité…

L’UGFF CGT revendique :

1. l’augmentation de la valeur du point d’au moins 5%. Il serait donc porté à 4,760988 € et le salaire à l’indice 349 à 1661,58 €, avec un écart prof/SMIC de 10,77% ;

2. le passage immédiat du minimum Fonction Publique à 1500 € bruts, alors qu’il se trouve actuellement à 1284,57 € ;

3. la reconstruction de la grille de la Fonction Publique avec une amplitude de 1 à 5 (soit 1500 à 7500 € mensuels) ;

4. la garantie d’un doublement du traitement (donc + 40 points minimum et environ 200 € mensuels en fin de carrière d’un prof de classe normale =/= hors classe) ;

5. Une véritable refonte globale de la grille indiciaire, tenant compte des évolutions des métiers et des techniques. Là encore l’UGFF a des propositions précises pour débattre.

En effet, il n’est pas acceptable que l’amplitude ait été écrasée de 21,39% depuis 1986, ni que l’écart avec le SMIC (à l’échelle 4) ait été réduit de 99,66% depuis la même date, tandis que l’écart entre le 1er échelon du 1er grade de la catégorie A et le SMIC ait subi une érosion de 60,71%.

La gauche doit se doter d’une véritable politique salariale progressiste et donc d’une fiscalité redistributive et progressiste restaurée et modernisée pour convaincre les pans entiers du « bloc sociologique de gauche » qui sont tentés de s’en éloigner actuellement.

NOSE DE CHAMPAGNE.

Messages

  • je ne parlerai pas de prolétarisation mais bien de paupérisation. En effet, je pense que Chloé ne doit surtout pas se sentir prolétaire et pourtant : qu’a t-elle a offrir dans notre système dominnant et que possède t-elle si ce n’est que sa force de travail ? Il est temps de se réapproprier cette entité de prolétaires et se rendre compte que nos ennemis ne sont pas tant le smicard du coin ou celui qui se débat dans la privation de son emploi dit chômeur ou assisté )le chômeur n’est-il pas le salarié de hier et celui de demain ? ) que les patrons et les financiers prédateurs de la force de travail, ce n’est pas la liste qui manque, c’en est même une litanie. Alors que l’on soit ingénieur, ou opérateur de ligne ou encore technicienne de surface, ou même professeur et ect nous sommes tous prolétaires cherchant à "vendre "notre force de travail que le capital décidé de rémuner à la valeur que lui estime et c’est le rapport de force des prolétaires qui peut changer la donne. Une anecdote en tant qu’élu je recevais des administrés qui avait tous une prolématique de travail et bien sûr il sollicitait de la mairie la solution, leur solution. J’ai reçu une personne Bac +6 qui travaillé dans l’éducation nationale comme vacataire et comme elle était spécialisée dans la violence scolaire on lui refourguait les calsses difficiles où les instit statutaires se trouvait dépassé et au bord de la déprime. Donc elle ne faisait que quelques heurs par semaine sur tout le département et avait du mal à se faire même payé les déplacements, en clair, elle travaillait pour la gloire. Je tente de lui expliquer alors que sa situation est vraiment anormale que je comprend qu’elle en soit attristée, que je ne peux malheureusement pas répondre à ses désirs sur un poste mairie, je l’engage à retravailler son projet professionnel peut-être aussi d’envisager de présenter des concours.. elle me dit qu’elle a prouvé ce qu’elle valait en étant reconnue bac +6 que les bac +6 ect ect... A force de tourner en rond, je me suis lâchée et j’ai fini par lui dire que le capital n’en avait rien à foutre de son bac +6 que son but c’était de lui "acheter" le moins cher possible. Alors là, tout le mythe s’est effondré et j’ai eu eu une personne en pleurs qui m’a déballé toutes ses difficultés notre entretien a duré plus de 2 heures et pour finir m’entendre dire, c’est vrai vous les communistes vous défendez ce qui est juste,mais staline tout de même c’est pas bien. Que voulez-vous que je vous dise à bac +6 ! joelle d’agen

    • MERCI...

      ... de votre contribution au débat, Joëlle.

      NOSE

    • Courage, Joelle, ça, c’est du dévouement. Moi je me serais tiré pour pas lui en coller une. Hein, NOSE, je continue mes ronchonnements : immaginons la bac plus six, ( et si ce n’est elle ça sera donc son frere ), prise de rage devant L’INJUSTICE que lui fait à ELLE le capitalism en ne la plaçantpas sur le PIEDESTAL auquel lui DONNE DROIT sa VALEUR INTRINSEQUE de surdiplomée, eh bien disais-je, imaginon-la adhérant au Parti ? Tu crois qu’elle va prendre conscience des CRIMES et DES HORREURS du capitalisme en tant que tel à la surface de la planète et depuis plusieurs décennies ? Elle va se pointer au Parti en disant " Qu’est-ce que VOUS avez branlé jusqu’à présent, bande de jeanfoutres ? A partir de maintenant, je prends l’affaire en main, et ça va filer droit". Tu crois qu’elle va remettre en question tous les réflexes conditionnés par le BOURRAGE de CRANE de l’Education qui n’est plus dite nationale , mais qui est bien toujours et de plus en plus celle du capital. C’est cette classe moyenne " moderniste et éduquée ", pour reprendre l’expression du sociologue socialiste Alain Touraine, et dont il appelle à la création de tous ses voeux, que tu trouves maintenant à la tete du Parti. Sans compter tous les autres, de bac moins trois à bac pllus cinq et qui ne valent HUMAINEMENT PARLANT pas plus cher, mais pratiquant avec un art consommé la lutte des " places ". Quand j’ai vu arriver cette faune au Parti, je me suis tiré. Bon courage. Vieux stal borné.

    • SALUT "VSB" !

      ... Je viens de te lire et comme ce matin, pour la première fois depuis 67 jours, il fait grand soleil chez nous, je suis de bonne humeur... D’autant que "V" ne viendra pas nous chercher ici... Je comprends que ton réflexe aurait pu être assez vif, sur des paroles aussi peu "généreuses" et théoriquement fausses (par rapport au processus de construction de la valeur) que celles dont je transmettais la teneur ici.

      Mais s’agissant de ma belle fille que j’aime comme ma fille, je préfère une autre voie : le débat argumenté. Et je me suis dit que c’était tout de même une attitude souvent rencontrée durant la campagne électorale avec le parti dans les quartiers et les entreprises. Je pense que si nous voulons progresser, il faut offrir des réponses à toutes les couches "utiles" de la société intéressées (quelles en soient conscientes ou non) au changement et donc trouver des convergences d’intérêt, comme on le fait en tant que syndicaliste, au quotidien.

      Tout compte fait, ni Chloé, ni Pascal, ni Jacky ne sont opposés à partager, mais ils sont effectivement fragilisés, inquiets devant le sort qui attend les couches moyennes (j’avais écrit classes entre guillemets, mais j’ai effacé parce qu’ici on prend de plus en plus les choses au pied de la lettre sans prendre en compte l’esprit - le peu d’esprit - dans lequel elles sont écrites, pour ensuite faire de mauvais et fatiguants procès).

      Il est vrai que les couches moyennes (et peut être plus encore celles de la fonction publique, avec la pression énorme exercée par le personnel économique et politique au service de la financiarisation) subissent une paupérisation (pour tenir compte de la remarque de Joëlle d’Agen) accélérée de leurs conditions de vie. Cela génère une souffrance et des réflexes que nous devons analyser et parfois tenter de corriger. Voilà pourquoi mon développement sur la grille indiciaire de la fonction publique (mise en place par le ministre communiste Maurice Thorez et modernisée par un autre ministre communiste Anicet Le Pors), et en particulier concernant les personnels du cadre A.

      Je suis conscient qu’il faut pouvoir trouver assez d’écoute, d’attention, pour argumenter d’une façon aussi détaillée... C’est loin d’être évident y compris de la part de ceux-là à qui nous nous intéressons. Voilà donc chers amis quelques mots que je vous devais.

      NB : merci à VSB pour ses disgressions concernant l’algèbre de Boole, etc. Au moins, toi tu ne nous assène pas des "axiomes" de Peano ou autres, pour ne rien démontrer et pour écraser ton interlocuteur.

      Ciao et fraternité,

      NOSE DE CHAMPAGNE.

    • Ceci explique cela et réciproquement. Ca me fait penser à un juteux-chef-radariste de la Gendarmerie : il m’avait " serré " en train de faire des appels de phares. On a commencé par se friter un peu, et puis, comme dans le Sud-Ouest, " tout finit par des canons ", il a préféré se débiner, d’autant que sa " bobonne " l’attendait pour la croute. Que veux-tu, ce sont des caractères. Bon courage. Vieux stal borné. P.S. Aller sifler des godets avec les " bleus ", t’appelles ça comment : collaboration de classe, ou fraternisation de l’appareil répressif du capital avec les exploités ? Faudra demander à la Louve.

    • J’APPELLE CELA...

      ... Y a pas de mal à se faire du bien avec qui que ce soit qui y soit disposé !
      Tavernier, remettez-nous çà ! Ciao et fraternité...

      NOSE

    • JE PENSE OU J’ESPERE...

      ... que sous chaque uniforme y a un coeur qui bat... Sinon on chanterait pas "salut à vous, braves soldats du 17°"...

      Re-ciao et re-fraternité,

      NOSE

    • C’étaient des appelés, et leurs parents étaient devant eux comme manifestants, mais si on leur avait dit de tirer sur des marocains ? C’est pour ça que rien n’est gagné ou perdu, mais si on regarde les cours de Bourse, on comprend que Sarko ait les copeaux la parité euro/dollar est à 1,38, et le pétrole dépasse les 72 dollars. Signe des temps, dernièrement, deux ou trois grands pontes de grosses boites cotées en Bourse ont pondu des bouquins sur le thème : le capitalisme va droit dans le mur. M’est avis que c’est à méditer. Allez, bon courage. Vieux stal borné.

    • OUI,

      j’ai vu çà... Et un certain STIGLITZ a écrit des choses fort intéressantes à ce propos.

      NOSE