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Plusieurs opérations ce week-end, à dix jours du procès intenté par la RATP.

Publie le lundi 1er mars 2004 par Open-Publishing

Avant de passer au tribunal, les antipubs s’affichent

« Le procès à venir sera l’occasion de rappeler que plus de 5O% des panneaux
publicitaires à Paris sont illégaux. » Christophe Mikhaïloff, conseiller
(PRG) du 11e arrondissement

Les militants antipub sortent du métro et gagnent en visibilité. Ce
week-end, plusieurs actions antipublicité ont été organisées, notamment à
Paris et Marseille. Un énième coup de gueule contre « la marchandisation du
monde et des esprits », qui a pris des allures de campagne de soutien aux 62
activistes assignés à comparaître devant le tribunal de Paris, le 10 mars,
pour dégradations, par Métrobus, la régie publicitaire de la RATP.

L’« appel national » au barbouillage des espaces publicitaires avait été lancé
quelques jours plus tôt par des militants marseillais sur le site
www.stopub.tk. Samedi, ils étaient 150 à participer à une « déambulation
festive » dans les rues de la ville, distribuant au passage un « manifeste
contre le système publicitaire ». Et dénonçant « l’omniprésence de la pub » :
« 200 milliards de francs en 2000, un million d’affiches, 40 kilos de
prospectus par an et par boîte aux lettres. »

Peinture rouge. L’appel a été relayé, et même devancé, par les publiphobes
parisiens qui se cantonnaient jusqu’ici aux couloirs du métro. Dans la nuit
de vendredi à samedi, porte de Clichy, ils ont déversé de la peinture rouge
et blanche sur cinq immenses bâches publicitaires qui recouvrent des
immeubles situés le long du périphérique. Samedi après-midi, dans le Xe
arrondissement, une soixantaine de militants ont distribué des tracts « ni
pub, ni soumis » avant de recouvrir trois panneaux publicitaires d’affiches
blanches, pour en faire des « panneaux d’expression libre ». Enfin, le métro
parisien a été à nouveau la cible des antipub, samedi soir. La cinquième
opération du genre en cinq mois. Par petits groupes de cinq ou six
personnes, ils ont barbouillé les affiches publicitaires dans huit stations,
selon la RATP. La « police du métro » a procédé à 18 interpellations.

Pour contrer le « puissant arsenal juridique et financier » de Métrobus, qui
réclame aux 62 assignés 980 000 euros de dommages et intérêts, les antipub
ont une nouvelle arme : les médias. Parmi les groupes disséminés dans le
métro, samedi soir, l’un d’eux avait pour mission de « faciliter le travail
des journalistes », explique Ahmed Meguini, 26 ans, qui fait partie des 62
assignés. « On commence à avoir de l’expérience, on ne commet plus les mêmes
erreurs, ajoute-t-il. Je garde un regard critique sur les médias, mais je
constate que sans la présence des caméras je me serais fait lyncher plus
d’une fois. La seule fois où je n’ai pas maîtrisé la communication, je me
suis retrouvé en prison ! »
Résultat : les antipub ont pu compter sur la présence de la télé publique
hollandaise, de la ZDF allemande et de la presse anglaise. Et sur celle
d’élus parisiens, dont Jean-Christophe Mikhaïloff, conseiller (PRG) du XIe.

« Le procès à venir est l’occasion de rappeler que plus de 50 % des panneaux
publicitaires à Paris sont illégaux. La loi est pourtant claire : "Pas de
pub sur les ponts ni à proximité des monuments historiques ou des espaces
verts" », souligne l’élu, à l’origine il y a deux ans d’un vote en ce sens au
Conseil de Paris qui n’a jamais été appliqué.

« Légitimes ». Conseillère (Verts) de Paris et administratrice de la RATP,
Charlotte Nenner juge, elle, « disproportionnée » la plainte déposée par
Métrobus. Dans une lettre adressée à Anne-Marie Idrac, la présidente des
Transports parisiens, l’élue demande que la RATP « retire sa plainte et
engage une politique concertée de réduction de la publicité dans le métro ».

« Ce mouvement antipub - largement soutenu par le public et les usagers -
pose des questions tout à fait légitimes, affirme-t-elle. La RATP a trop
souvent considéré l’affichage publicitaire comme une animation alors que
beaucoup d’usagers et de citoyens le considèrent comme une agression. »
Faux, réplique la RATP, qui n’a pas l’intention de perdre cette guéguerre
médiatique. Dans le Figaro de samedi, le directeur commercial de la régie
affirmait que « plus de 70 % des voyageurs estiment que la publicité rend
leur trajet plus agréable ». Sondage à l’appui.

« Si on peut réunir autant de monde à partir d’un simple appel sur Internet,
c’est que notre cause est juste, réplique Ahmed Meguini. Devant les juges,
nous allons assumer. On n’a pas l’intention de s’excuser. »