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Pourquoi le PJAK a décrété une trêve ?

par Maxime Azadi

Publie le samedi 10 septembre 2011 par Maxime Azadi - Open-Publishing

Face à la résistance du PJAK, principal mouvement kurde, le régime iranien n’a pu faire le « nettoyage », selon son propre terme. Bien au contraire, il a subit de lourdes pertes, à tel point qu’il a du réclamer une trêve par des « intermédiaires ». Le PJAK a déclaré un cessez-le-feu pour une solution pacifique et a rendu les corps de 12 soldats iraniens à leurs familles. Que s’est-il passé entre l’Iran et le PJAK ?

Le régime iranien mène une guerre psychologique pour dissimuler son échec face au PJAK, Parti pour une vie libre au Kurdistan. Apres une bataille qui a duré plus de deux semaines en juillet, faisant plus de 300 morts dans les rangs de l’armée iranienne, dont dix commandants de haut rang, selon PJAK, une nouvelle attaque a été lancé le 2 septembre. L’Iran a bombardé intensivement la région Qandil, tuant deux civils kurdes irakiens et deux combattants de l’organisation kurde dont un commandant.

UN GÉNÉRAL DE BRIGADE TUÉ

Trois jours de combats ont couté la mort de 123 soldats, dont le général de brigade Abbas Ali Jannessari, affirme HRK, la branche armée du PJAK. Cachant ses pertes depuis début de l’opération, l’Iran a du admettre vendredi 9 septembre la mort du général et neuf autres soldats, après la mise en ligne d’un vidéo qui montrait les corps sans vies des soldats aux mains de la guérilla kurde.

12 CORPS DE SOLDATS RENDUS A L’IRAN

Le 6 septembre, le PJAK avait annoncé avoir rendu les corps de douze soldats iraniens après voir déclaré la veille un cessez-le-feu. Une source proche de la guérilla affirmait que le PJAK détenait en vérité 24 corps et la perte de l’armée était plus importante que le bilan annoncé par HRK, mais il n’a donné le vrai bilan pour ne pas humilier l’Iran afin de trouver un terrain d’entente. Même en temps de trêve, le mouvement kurde n’a pas autorisé les soldats iraniens à entrer dans les zones de la guérilla pour récupérer les corps qui ont été rendus aux civils, affirme la même source. Ce qui peut être considéré que la guérilla a toujours été le maitre de ces territoires depuis début de l’opération militaire.

L’organisation kurde avait également affirmé avoir saisi du matériel militaire. Parmi eux figuraient notamment dix fusils américains M-16 et quatre grenades faisant partie de l’inventaire de l’OTAN.

LA DEMANDE DE TREVE VENAIT DE L’IRAN

Selon des sources proches de la guérilla, l’Iran a demandé la trêve par des « intermédiaires », ce qui prouve la défaite de l’armée iranienne face à la résistance. Mais cette demande a été adressée au PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan. Auparavant, le PKK avait annoncé son soutient direct dans le combat contre les forces iranienne.

Menant une guerre avec des méthodes de combats traditionnels, l’armée iranienne est incapable gagner face au PJAK qui connait bien le terrain avec ses combattants bien formés. C’est pourquoi, les forces iraniennes n’ont même pas pu pénétrer la frontière irakienne, malgré les menaces d’anéantir le PJAK.

Aujourd’hui, seulement une partie des combattants du PJAK se trouvent sur le mont Qandil, considéré impénétrable. Son quartier général est à Kermânchâh, au Kurdistan iranien, tandis que ses combattants sont aussi présents sur les montagnes de Shaho et dans les régions de Mariwan, Kelaresh, Sine, Mahabad, Mako et Hawraman.

UNE TREVE FRAGILE

La trêve est fragile, car une partie de l’armée iranienne est pour la guerre. Le 9 septembre, l’armé a envoyé de nouveaux renforts à la frontière avec l’Irak.

Le pilier antikurde le plus important est la Turquie. Les deux pays n’hésitent pas de mener des opérations conjointes contre le PKK et le PJAK. Les turcs forment souvent l’armée iranienne pour combattre le PJAK. En juillet, au moins cinq commandos turcs avaient été tués dans des affrontements avec les combattants du PJAK à l’intérieure de la frontière iranienne pendant.

Ces derniers jours, le régime iranien est très critique contre Ankara pour avoir autorisé l’implantation du bouclier antimissile de l’Otan sur son sol. La montée des tensions entre les deux pays ne se montre pas en général lorsqu’il s’agit des kurdes mais l’accord de la Turquie pour le bouclier antimissile et sa nouvelle politique envers la Syrie pourraient faire durer la trêve avec le PJAK. Enfin, l’avenir de la trêve du PJAK dépend de l’attitude de l’Iran, tandis que la Turquie poursuit ses préparatifs militaires tout au long de sa frontière avec l’Irak pour une incursion terrestre.

*Le lien des images des corps de soldats (Attention images choquantes !) : http://www.youtube.com/watch?v=8stR4pHAX3M

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/