Accueil > Pratiquement le Forum Social est né à Gênes en 2001

Pratiquement le Forum Social est né à Gênes en 2001

Publie le mardi 10 février 2004 par Open-Publishing


Mais il n’a pas encore résolu son rapport avec Gênes 2001. Sentiment de culpabilité ?
Opportunisme ? Peur d’être confondu avec les "violents" ? En deux ans et demi on
a beaucoup discuté de Black bloc, d’infiltrés, de formes licites ou illicites
de manifester son désaccord, de violence et de non violence.

Mais on n’a jamais affronté le problème pour de bon.

Parmi ceux, nombreux, qui avaient été appelés à participer, il y a qui, dans
ces deux ans et demi, a été en prison, qui fut soumis aux arrêts domiciliaires,
qui a encore aujourd’hui l’obligation de signer un registre, qui très probablement
sera incarcéré ou réincarcéré.

Et ils se sentent abandonnés.

Parce que sur Gênes 2001 la vérité n’a pas été établie. Parce qu’il n’y a pas
encore la volonté politique d’établir la vérité. Allons-nous vraiment croire
que la commission d’enquête ne se fait pas seulement parce que la droite ne la
veut pas ?

Il n’existe pas une seule dénonciation du Mouvement concernant les charges et
les violences de la part des forces de l’ordre vendredi 20 juillet 2001. Pourquoi ?
Je voudrais vous inviter à réfléchir là-dessus et sur le malaise de nombreux
Forums locaux, sur la désillusion, sur la méfiance de tant de personnes qui ne
se reconnaissent plus, qui ne répondent pas aux appels comme auparavant. L’appel
qui suit a été envoyé à des députés, à des journalistes, à des responsables d’associations
génoises.

Je l’adresse aussi à vous : faisons quelque chose !

Je ne peux pas penser qu’après avoir été frappé, gazé, écrasé, après qu’on lui
ait tiré dessus, après avoir eu le front fendu, avoir été pris à coups de pied,
avoir été insulté et diffamé, Carlo soit maintenant incarcéré.

Haidi Giuliani

APPEL

Le 2 Mars prochain seront poursuivis en justice à Gênes, 26 manifestants parmi
les nombreux qui ont participé au contre-G8 de 2001. Certains d’entre eux ont
lancé des pierres contre les vitrines.

Certains étaient là à regarder.

Certains ont lancé des pierres contre les forces de l’ordre.

Trois d’entre eux étaient à Piazza Alimonda, comme Carlo.

Tous doivent répondre de dévastation et pillage et pour cette accusation ils
risquent de nombreuses années de prison. Nous avons vu les vidéos filmant sur
les places et dans les rues de Gênes des carabiniers, des policiers qui matraquent,
blessent, donnent des coups de pied, cassent des bras, des jambes, des dents,
des mâchoires, des têtes de manifestants inermes : aucun d’entre eux n’est enquêté ;
seulement "ceux" de la Diaz et de Bolzaneto (mais pas tous, étant données les
difficultés à les reconnaître) seront appelés à répondre de quelque chose, mais
en attendant on parle de déplacer le procès à Turin, donc de tout recommencer à zéro,
avec de nouveaux voyages, de nouvelles difficultés pour ceux qui ont porté plainte.

Je ne crois pas qu’il nous incombe de juger les actions singulières des uns ou
des autres. Le problème est en amont, au niveau de la responsabilité politique
et de la gestion de l’ordre public. Le problème est que ni la magistrature ni
l’information n’ont jamais voulu prendre en considération la dynamique globale
des "incidents" de ces deux journées : la théorie selon laquelle les violences
des manifestants ont provoqué les "exagérations" de la part des forces de l’ordre
est totalement fausse, nous le savons mais personne le dit.

Pendant ces jours-là des injustices insupportables ont été accomplies.

Resterons-nous en silence tandis que d’autres s’accomplissent ?

Resterons-nous en silence pendant que des jeunes seront jetés en prison comme
des délinquants et des terroristes ?

Et ensuite, que dirons nous aux autres, à tous ces jeunes qui veulent croire à la
justice ?

La mère de Carlo

Haidi Giuliani

Traduit de l’italien par M.C. et G.R.

09.02.2004
Collectif Bellaciao