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Procès G8 Gênes : Histoire à la barre

Publie le dimanche 20 juin 2004 par Open-Publishing

Depuis le 2 mars a lieu chaque mardi une audience dans la
salle-bunker du tribunal de Gênes : le procès de 25 personnes qui
avaient manifesté contre le G8. L’hypothèse de crime : "dégradation et
pillage".

La peine : de 8 à 15 ans de prison. Les preuves des accusateurs : 3
videos, dont 1 montée par un policier avec comme objectif avoué
dedémontrer que le contre-sommet au G8 était un projet subversif
organisé. Le dvd a été monté par le policier d’après suggestion du
Parquet de Gênes.

Nous l’avons visualisé ! il s’agit d’un copié/collé subjectif où de
nombreuses images ont été supprimé. Il ne reste que des images
sélectionnées, des scènes qui servent à désigner des "coupables" sans
aucune prise de vue des charges des forces de l’ordre qui procède la
volée de pierres, ni la violente répression qui a suivi la casse
d’une vitrine.

Cette vidéo a été ajoutée à l’ensemble des images enregistrées par tous
ceux et celles qui étaient présents à Gênes. Le parquet avait ordonné
plusieurs perquisitions et organisé une récolte d’images, qu’elles
proviennent des journalistes de la télévision, des caméras de vidéo
surveillance, de la police, des vigiles, des citoyens ou des
manifestants.

Le Parquet a pu récolter tout ce qu’il lui
fallait grâce aux perquisitions et aux donation de matériel. L’agent de
police Corda a fait un très beau montage avec colonne sonore musicale,
sous titrage (qu’a été contesté, après protestations, par la défense).
Indymedia Italia a décidé d’intervenir et travailler pour aider le
Genova Legal Forum. Il ne faut pas oublier Gênes, surtout maintenant. Le
26 juin, va démarrer le procès qui concerne les 29 représentants des
forces de l’ordre accusés pour les événements dans l’école Diaz.

Par
contre, l’audience préalable où seront accusés les 47 répresentants des
forces de l’ordre pour les tortures et sévices à Bolzaneto, n’a pas
encore été fixée. Les PM (ministère publique) de Gênes ont annoncé
des nouveaux procès : pour les violences dans les hôpitaux, à la Fiera
et dans la caserne de San Giuliano, le deuxième contre 50 manifestants.
Il pourrait n’être pas le dernier : l’idéal - disent les magistrats -
ce serait "un grand procès bis".

sources : pillolarossa, comité vérité et justice pour Gênes, Global
Radio, ANSA.


enquête -G8 / un film pour le pm à propos des 3 dvd du témoin Corda

Le procès contre 25 manifestants du G8 dans la salle-bunker du Tribunal
de Gênes c’est le premier procès en Italie où une quantité
impressionnante d’images est utilisé pour construire des chefs
d’accusation : il ne s’agit pas d’enregistrements originaux mais
d’extraits choisi pour montrer ce qui pourrait être utile à
l’accusation. Il a été monté une vidéo, synthèse de 3 heures sur les
centaines d’heures tournées, avec des sous titrages d’explication des
faits, c’est ce qui va présenter l’accusation contre les manifestants. 3
dvd d’environ une heure devraient illustrer des centaines d’heures
enregistrées par les caméras et résumer ce qui c’est "réellement" passé.

Pour aboutir à ce résultat, la (pubblica accusa ?) a monté une opération
grâce à l’expertise d’un agent de police de Gênes - Corda - qui a reçu
240 heures de matériel (non monté, une liste avec des indications sur
les lieux, situations et moments forts - dramatiques - qui pouvaient
être exploités, au montage définitif, par l’accusation.

Mais un montage reste toujours un travail de "construction" d’une oeuvre
:on choisit ce qu’on veut, qu’on veut montrer, on coupe ce qui
"n’intéresse pas". Dans ce cas - grâce au travail de Corda organisé par
le Parquet - l’histoire de Gênes est récrite à nouveau. Dans le film
montré, le temps de ce juillet 2001, la chronologie des événements et
leur dimension dans l’espace physique, a subi une compression, tandis
que les sous titres suggèrent les "preuves" déjà cités dans le
réquisitoire du PM... Une pièce "maîtresse" qui contient les preuves,
avant même que celles-ci soient examinées. Une opération politique
effrontée : si, comme nous apprend l’histoire du cinéma, le montage
c’est une choix de contenus artistiques/politiques, la présentation d’un
montage juridique/politique risque fort de peser comme une montagne sur
l’issue du procès.

L’évaluation des événements du 20 et 21 juillet 2001 peut se faire
seulement si on considère le contexte général dans lequel les faits se
sont produits. Ne montrer, par exemple, que les réactions des
manifestants aux charges des forces de l’ordre, sans montrer les charges
sauvages, les agressions très violentes et injustifiées des force de
l’ordre sur lesquelles on préfère ne pas insister, survoler, signifie
avoir une vision préconçue, avoir des préjugés. C’est légitime pour le
PM avoir une vision des faits, mais pas établir que cette "vision" c’est
une "preuve", et sur la base de cette "preuve" condamner 25 personnes.

C’est une mécanique conçue pour se justifier en tant que telle.

Si la cour accepte ces "preuves" comme le demande le PM, on aura assisté
au premier procès de l’histoire juridique italienne où le chef
d’accusation principale se présente comme un film monté d’après le
scénario du magistrat PM, lui-même.

http://italy.indymedia.org/news/2004/06/566050.php

http://italy.indymedia.org/features/genova/#1522