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Prof-à-tout-faire !

Publie le lundi 30 juillet 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Cris de joie, de douleur, de vie, d’horreur, de plaisir...

« Nous allons investir plus de 50 milliards d’euros dans l’éducation d’ici 2010, doubler de 2 à 4 millions par an le nombre de bacheliers d’ici 2020, construire et rénover 12 000 écoles et une centaine d’universités. » Ne rêvez pas, ce n’est pas de Robien qui le promet mais Gordon Brown, le ministre des finances britannique. Ici, une politique éducative au rabais faite d’économies sur le dos des enseignants et de micro mesures médiatiques, en Grande-Bretagne une volonté ambitieuse d’en finir avec la « médiocrité générale » qui, selon un récent rapport du Trésor, frappe un système scolaire pourtant aussi bien doté qu’en France. Bien que le système britannique n’ait rien d’un modèle enviable, il faut reconnaître que le 10 Downing Street vient d’opérer un choix historique pour l’avenir de sa jeunesse. Celui de faire passer le nombre de salariés hautement qualifiés de 9 à 14 millions d’ici 2020, et le nombre de travailleurs non qualifiés de 6 millions à seulement 500000. Une orientation à l’exact inverse de la loi Fillon où moyens en berne, orientation précoce et enseignement minimal préparent des lendemains d’exploitation aussi intensifs que précaires au plus grand nombre.

Ce refus de transformer la massification de l’enseignement en véritable démocratisation du savoir se traduit aussi dans les chiffres. De 1974 à 2004, la part de la richesse nationale investie dans l’éducation est passée de 6,4% à 6,9%. Un taux considéré indépassable par les « experts » alors que l’allongement de la durée de scolarisation, l’afflux d’un million d’élèves supplémentaire ainsi que la popularisation des études secondaires et supérieures auraient justifié un effort collectif autrement plus important.

Nos élèves ne sont pas les seuls à en pâtir. Cette rigueur budgétaire se répercute sur notre charge de travail, sur l’élargissement de nos missions et sur nos salaires. Non seulement nos débuts dans le métier sont moins bien rémunérés que dans la plupart des pays « développés », mais notre déroulement de carrière est aussi beaucoup plus long : alors qu’il suffit de 24 ans d’ancienneté en moyenne pour atteindre la rémunération maximale dans les pays de l’OCDE, il faut attendre dix années de plus en France. Surtout, depuis 1981, les enseignants du primaire ont perdu 9% de leur pouvoir d’achat. Un chiffre qui passe à 20% pour les professeurs du secondaire et du supérieur, certifiés comme agrégés ! Des enseignants réduits à vivre à crédit, on ne se prive pas d’en profiter rue de Grenelle. Car à force d’hésiter à nous mettre en grève, nous laissons le ministère dégrader nos conditions de travail sans riposte à la hauteur.

Il aurait pourtant tort de se réjouir trop vite. De nouvelles formes de luttes se développent qui pourraient bien bouleverser la donne. Rétention des notes, boycott des conseils de classe, grèves du zèle par le refus des tâches non statutaires... autant de résistances spontanées, inventives et perturbatrices qui peuvent s’installer dans la durée. Du coup, les rectorats s’affolent. Ils savent que, depuis 2003, le tabou des examens est tombé chez nombre d’enseignants et redoutent, à juste titre, que le baccalauréat soit dans notre ligne de mire.

Car, loin des habituels rituels de protestation devenus inaudibles, la perspective de la grève de blocage gagne progressivement les esprits. Le ministère ferait donc bien d’être plus prudent... car à trop serrer la muselière, il risque bien d’y laisser la main !

Source/auteur :
http://www.sudeducation.org/

Messages

  • Alors, c’est en Angleterre où Fillon devrait aller pour avoir confirmation que notre éducation nationale n’est pas si mauvaise que cela.

    Comme on n’a pas beaucoup de ressources naturelles, il nous reste nos cerveaux. Et le pari serait au contraire de mieux les former, de ne pas lésiner sur les moyens, pour garder un temps d’avance sur les "cerveaux émergeants".

    Mais c’est vrai que la droite a toujours été ringarde et stupide, et elle le confirme encore aujourd’hui. D’ailleurs Fillon comme Darcos sont de drôles de lumière et dans la nuit, ils éclairent pas des tonnes !!!

  • Première démarche, se battre contre toute atteinte au droit de grève.

    Comme on n’a pas le pouvoir ni l’armée à notre service, utilisons nos armes pour montrer notre force :
    Une seule réponse à la rentrée : LA GREVE DU ZELE NON STOP jusqu’au retour des dizaines de milliers de postes d’enseignants et de surveillants supprimés depuis 10 ans, plus 17 000 postes d’enseignants et de surveillants supprimés dans les prochains mois . Comme c’est UNE GREVE QUI NE DIT PAS SON NOM et que tous les enseignants sont au travail en s’arrangeant pour ne pas pouvoir vraîment enseigner en appliquant scrupuleusement les textes officiels, , PAS DE PREAVIS et PAS DE RETENUE SUR LE SALAIRE. Si les revendications ne sont pas satisfaites, ce mouvement se DECLENCHE SANS SOMMATION avant que la hiérarchie puisse prévoir une parade et peut durer des mois sans aucune sanction financière.

    La grève du zèle dans un lycée, en 1970 :
    Pour protester contre la suppression de 2 postes de surveillants et la disparition de la surveillance dans les couloirs aux intercours, les professeurs avaient déclenché cette grève du zèle basée sur la responsabilité officielle, dans les textes, des professeurs vis à vis de leurs élèves mineurs tant qu’ils ne sont pas sous la responsabilité du collègue qui assure le cours suivant. Pour assumer véritablement cette responsabilité, le professeur doit, à la fin de chaque cours, accompagner ses élèves jusque dans la salle dudit collègue qui est parti lui-même accompagner ses élèves auprès d’un autre collègue qui ... , Impossible de se rencontrer, sinon par hasard au détour d’un couloir, d’où une demi-heure de déplacements improductifs toutes les heures Dans les établissements où les élèves restent dans la même salle et où les profs se déplacent, le résultat est le même : le prof attend avec ses élèves l’arrivée du collègue qui prend la suite , lequel est lui même en train d’attendre avec ses élèves le collègue qui prend la suite, lequel attend ...Cette forme de grève avait déclenché la panique auprès de l’inspection académique et du rectorat qui avaient rétabli les postes.

    Si le chef d’établissement ordonne aux professeurs de laisser les élèves mineurs sans surveillance aux intercours, il faut qu’il les décharge PAR ECRIT de toute responsabilité , par écrit pour que les enseignants puissent le porter à la connaissance des parents . Si le chef d’établissement précise que c’est lui qui assume cette responsabilité aux intercours (se souvenir de l’institutrice condamnée quand une élève partie aux toilettes s’était jetée du haut des escaliers pendant que l’institutrice intervenait auprès du reste de la classe), il se trouvera des parents pour lui demander officiellement comment il assure sérieusement cette surveillance à tous les étages et dans tous les coins de l’établissement .

    Si les salariés veulent que le rapport de forces soit, pour une fois , à leur avantage pour ne plus se laisser manger la laine sur le dos, il leur faut chercher les points de la règlementation interne et des lois européennes qui permettent , dans toute entreprise privée ou publique, une grève du zèle . Ils en trouveront des centaines .

    • Merci professeur, la "grève du zèle" c’est ce qu’il y a de mieux à faire, et j’ai idée que les salariés brimés dans leur entreprise pourront la suivre sans difficulté. Si on leur explique en quoi ça consiste, et comment s’y prendre pour l’appliquer, il est clair que la machine va se gripper !

      Et puis remanier le Code du Travail n’exonèrera pas le patron de ses responsabilités, car de toutes façons les consommateurs l’attendent à l’autre bout !

      C’est aux syndicats qu’il revient d’ expliquer cela aux salariés et surtout aux jeunes.

      A répandre !

    • GREVE DU ZELE DANS LES ENTREPRISES PRIVEES

      Pour les entreprises privées, il y a des centaines de points concernant la qualité et en particulier la norme ISO 9000 qui exige des contrôles de qualité à tous les stades de la fabrication avant de passer au stade suivant ( allègrement ignorés pour favoriser la productivité avec un personnel réduit au minimum) et également l’application scrupuleuse des consignes de sécurité qui permettent la grève du zèle .
      Encore une fois, ne jamais prononcer le mot "grève" puisque tout le monde est au travail, et exiger un ordre écrit et signé (qui ne viendra jamais) si le chef ordonne de contourner comme d’habitude la réglementation et les consignes de sécurité .
      Si la direction trouve une combine pour contrer les points litigieux sans céder sur les revendications, avoir en réserve d’autres sujets de grève du zèle pour le lendemain . C’est UNE GUERRE D’USURE que l’on peut tenir puisqu’il n’y a aucun motif juridique pour retenir les journées de salaire .

  • "Celui de faire passer le nombre de salariés hautement qualifiés de 9 à 14 millions d’ici 2020, et le nombre de travailleurs non qualifiés de 6 millions à seulement 500000. Une orientation à l’exact inverse de la loi Fillon où moyens en berne, orientation précoce et enseignement minimal préparent des lendemains d’exploitation aussi intensifs que précaires"
    Ce que SUD ne dit pas, curieusement, est qu’on peut très bien être qualifié ET précaire. C’est ce que prouve le modèle blairiste. Il serait nécessaire de prononcer le mot de "statut".