Accueil > Qui mettra un terme à la folie meurtrière d’Ariel Sharon ?
Qui mettra un terme à la folie meurtrière d’Ariel Sharon ?
Publie le lundi 19 avril 2004 par Open-PublishingQui mettra un terme à la folie meurtrière d’Ariel Sharon ? A sa volonté d’empêcher toute idée de paix entre Israéliens et Palestiniens ? Moins d’un mois après l’assassinat de Cheikh Yassine, le meurtre d’Abdel Aziz Al Rantissi, prouve à tous ceux qui avaient encore des doutes que le gouvernement israélien cherche à créer un climat de haine et de vengeance irréversible et à entraîner le monde entier dans une guerre sans fin. Ci-joint le témoignage du Pr. Christophe Oberlin sur place à Gaza, dans un entretien accordé à CAPJPO.
Le Professeur Christophe Oberlin (Hopital Bichat, spécialiste de la microchirugie), actuellement à Gaza où il opère les blessés souffrant de lésions balistiques, en compagnie de Mohamed Al Rantissi, également chirurgien et frère du leader assassiné, s’interroge : "Dans la Bande de Gaza, sur 1,2 million de Palestiniens, 40 % sont au Hamas, et un très grand nombre sont des gens intelligents, diplômés, sensibles et d’une vitalité extraordinaire. Je suis dans un hopital en pleine reconstruction et les gens qui m’entourent sont très doués. Notre équipe installe un laboratoire de microchirurgie et une heure plus tard, les Palestiniens savent le faire fonctionner. De nouveaux médecins se forment tous les jours. Abdel Aziz Al Rantissi, qui vient d’être assassiné, était lui-même pédiatre. La Bande de Gaza, ce n’est pas "la zone" que l’on essaie de nous faire imaginer. Ce ne sont pas des foules arriérées, manipulables et excitées qui vivent ici. Je suis même étonné du grand calme que parvient à garder la population malgré l’horreur absolue. Ces jours-ci nous avons opéré des dizaines de blessés, victimes de bombes, de missiles ou de balles perdues alors qu’ils se trouvaient chez eux : un bébé de deux ans et demi, un jeune de 17 ans qui a perdu 2 mains, 2 pieds et un oeil, et je ne peux pas tout vous décrire. Une jeune femme de 21 ans, atteinte par une balle dans le genou, à son domicile, a été transportée dans un hopital israélien ; j’apprends qu’on lui a enlevé le seul nerf qui lui restait. Incompétence ou désinvolture ? Je suis révolté.
Les Israéliens ne comprennent-ils pas qu’ils ne peuvent venir à bout de 1,2 million de Palestiniens solidaires et déterminés ?"
En fait, Sharon vient de recevoir de nouveaux encouragements de la part de Bush pour tuer, voler des terres et bafouer le droit international en toute impunité. Les colonies juives peuvent être intégrées à Israël, la résolution 242 du Conseil de sécurité de L’ONU qui proclame que l’on ne peut acquérir des terres par la force militaire vient d’être classée nulle et non avenue, le principe du droit au retour n’est plus à l’ordre du jour. Quant au soi-disant "retrait de la Bande de Gaza", il est de plus en plus évident qu’il s’agit d’une manoeuvre destinée à détourner l’attention de l’annexion constante des terres palestiniennes les plus fertiles, de la construction d’un Mur qui ne laissera au Palestiniens que 10 % de leur terre initiale, sous forme de bantoustans, et des assassinats quotidiens perpetrés par l’armée israélienne.
La Bande de Gaza est en fait destinée à devenir ue prison géante, sans port ni aéroport, sans possibilité de passage vers un autre pays qu’Israël, où le gouvernement israélien a déjà annoncé qu’il se permettrait d’intervenir quand bon lui semble.Il pourra continuer de décider de l’entrée et de la sortie des matières premières comme de la main-d’oeuvre, et y compris affamer la population si bon lui semble, comme il vient de le faire pendant plusieurs semaines en empêchant l’agence (UNWRA) des Nations Unies de livrer de la nourriture aux foyers de la Bande de Gaza qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Bref un système d’"occupation indirecte moins coûteuse et plus efficace", comme le résument Uri Avnery de Gush Shalom, ainsi que journaliste Robert Fisk.
Et en attendant, le gouvernement Sharon essaie de faire place nette et de liquider un maximum de gens et notamment d’intellectuels, sous prétexte de "lutter contre le terrorisme". Mais qui est terroriste ? Qui prend des enfants de 12 ans comme boucliers humains, les roue de coups et les attache sur le capot des jeeps lors de manifestations non violentes pour protester contre la construction du Mur ?
Le rabbin Arik Ascherman de l’association "Rabbins pour les Droits de l’Homme"), lui même passé à tabac par des soldats israéliens (voir notre site) jeudi dernier à Biddou, au Nord-Ouest de Jérusalem alors qu’il s’opposait pacifiquement, aux côtés de Palestiniens et de militants internationaux d’ISM, à la construction d’un mur qui va priver de ses terres agricoles ce village palestinien, a relaté comment cet enfant de 12 ans et d’autres personnes, qui comme lui n’avaient pas fait usage de violence, ont été battus, ligotés et utilisés comme boucliers humains par l’armée israélienne.
"Je suis effrayée par notre effondrement moral, par notre arrogance et par la facilité avec laquelle nous assassinons des Palestiniens", écrit Shulamit Aloni, avocate israélienne.
"Comme nous le reprochions aux Allemands sous Hitler, nous ne voulons pas savoir. Notre société est rongée par l’insensibilisation et l’exaltation de la force. Nous volons la terre à des gens qui vivent en ce lieu précis depuis des siècles. Nous sommes en train de détruire des serres, des plantations, des infrastructures vitales pour 3 millions de personnes, et en plus nous nous posons en victimes", se désespère cette femme qui a cru un temps que ses compatriotes sortiraient de leur aveuglement.
De Bush et de Sharon, on ne sait même plus lequel est le maître à penser de l’autre tant l’occupation de l’Irak manifeste le même mépris pour la terre entière que celle de la Palestine.
Les Irakiens résistent à l’occupation, les mensonges sur les "armes de destruction massive" et sur les Américains accueillis en "libérateurs"ont fait long feu, il est clair désormais que l’administration Bush a engagé cette guerre sans autre motif que de remodeler cette région du monde en fonction des intérêts des grands groupes qui dirigent cette nation. Faisant fi de leurs opinions publiques, les régimes qui se permettent de donner des leçons de démocratie à coup de bombardements, de meurtres de civils et de destructions, ont envoyé des troupes et des mercenaires, traitant les uns et les autres comme de la chair à canon.
Et ces "coalisés" appellent maintenant de leurs voeux une présence internationale "respectable" sous couvert de "reconstruction" (traduire "profits juteux dont Bush serait prêt à concéder quelques miettes"), de "pacification" et de "transition". Les Nations Unies sont ainsi pressées de légitimer l’occupation. Pour le moment, Raffarin a plutôt donné la consigne inverse : celle de revenir à tous les ressortissants français sur place. C’est le seul discours que nous acceptons d’entendre. Il n’est pas question de laisser deux terroristes gouverner le monde et entraîner tous les autres dans leur folie meurtrière.