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RobertFisk:autres témoignages sur le bain de sang de Mansour
Publie le vendredi 1er août 2003 par Open-PublishingDes agents américains condamnés pour un raid devenu un bain de sang
Par Robert Fisk à Bagdad
Le 29 juillet 2003
www.informationclearinghouse.info/article4263.htm
Source : The Independent
Traduit de l’anglais par e.colonna
Le massacre américain d’environ 11 civils irakiens à Bagdad durant une tentative avortée d’attraper Saddam Hussein dimanche, posent des questions dérangeantes ainsi qu’une colère quasi unanime dans la ville. Maintenant, beaucoup de témoins disent que des Américains armés, vêtus en civils ont aussi participé au raid - après qu’au moins trois des blessés furent enlevés par les troupes US et n’ont pas été revus depuis.
Hier, Fadi Barash, un mécanicien au chômage, a raconté à The Independent comment un de ses proches, Mazen Elyas a pris une balle dans la tête tiré par les Américains alors qu’il conduisait dans leur direction sur le chemin de l’église avec sa mère Tamantin et son frère Thamir. " Mazen a été tué - son cerveau a éclaté - sa mère et Thamir ont été blessés, les Américains les ont emmené dans une sorte de pick-up et n’ont dit à personne où ils allaient ". Hier, Mr Barash a appelé, accompagné d’autres membres de la famille, la Croix Rouge pour qu’ils les forcent à révéler les emplacements des parents blessés - ou morts - .
Thamir Elyas, cela a été divulgué hier, est lui même un interprète au service de l’armée américaine à Bagdad. Sa carte officielle mentionne qu’il travaille pour l’ " équipe du pool linguistique des forces de la coalition DNVT 550 2321" " Doublement ironique -depuis qu’il a été tiré par les forces US- est que cette carte l’autorise à passer les checkpoints militaires entre 7 heures et 18 heures chaque jour.
Les cadavres ont été honteusement traités. Les restes de Mazen furent apportés à l’hôpital Yarmouk mais son identité n’a pas été enregistré dans le fichier mortuaire. Depuis que les Américains ont tiré et enlevé ses deux parents les plus proches, il n’y aurait soi disant personne pour l’identifier.
Et ce n’est pas dit que Tamantine et Thamir -si ils sont vivants- ont conscience que leur fils et frère est mort. Dans le registre de la morgue de Yarmouk, j’ai trouvé trois victimes des tirs américains. L’un s’appelait Mushrak al-Ibrahim ; son corps a été apporté ici à 19 heures dimanche -presque deux heures après le carnage - et il est mort de " blessures à la tête dues à des armes à feu - affaire de police ".
" Affaire de police " signifie tout simplement qu’il n’a pas été victime d’un accident de voiture ou d’accident d’autre type. Les deux autres victimes, cependant, restaient non identifiés hier. Comme d’habitude, aucun Américains n’a visité l’hôpital pour demander des précisions sur ceux qu’ils ont tués.
Dans la salle de chirurgie, le vieux Mohamed Abdul Rahman était chanceux d’être en vie. Il a pris une balle dans l’estomac et des éclats de métal quand les Américains ont ouvert le feu sur son véhicule pendant le raid de Mansour. Se tordant de douleur sur son lit avec un tube dans le nez, il a autorisé son fils Firas -qui se trouvait dans la voiture familiale visées par les tirs - a raconter leur histoire. " Nous allions juste dans un édifice public avec une lettre à poster pour l’étranger, mon oncle Ahmed conduisait, mon père était assis à coté de lui et moi, sur la banquette arrière. Nous empruntions la route principale de Mansour devant le restaurant Al-Sa’ah et avons tourné à droite. Aucun de nous n’a vu des Américains. Il n’y avait pas de fils de barbelés, aucun signe, rien ".Une rafale de tirs obligeait le véhicule à s’arrêter. " Mon oncle fut touché à la tête et au cou et une balle toucha mon père à l’estomac. Nous nous sommes couchés dans le véhicule pour nous protéger. Je n’étais pas blessé. Nous avons du rester comme ça durant deux minutes. Mon père parvint à sortir et des gens vinrent nous aider. En dépit de leurs blessures, lui et mon oncle firent démarrer le véhicule et tentèrent de conduire jusqu’à Yarmouk . Mais les Américains visèrent les pneus et nous avons du stopper sur la route principale. D’autres conducteurs vinrent nous prêter assistance ".
D’autres témoins firent d’autres récits épouvantables. Un docteur de Yarmouk a perdu son fils alors qu’il s’enfuyait de la zone de tirs. Une femme avec au moins un enfant aussi ont été tués. Deux véhicules ont été brûlés par les flammes mais - contrairement aux premiers rapports de la scène - les deux étaient vides. Les Américains ont dévasté la maison de Sheikh Rabia Mohamed Habib, un chef tribal qui connaissait Saddam Hussein avant la guerre, mais l’immeuble était vide.
Dans la rue animée, les troupes américaines - et des agents en civil les accompagnant- auraient considéré chaque véhicule approchant comme une menace et ouvrirent le feu sans sommation. Même la nuit dernière, le nombre exact de victime demeurait indéterminé.
Se tenant à coté de son père, Firas Abdul Rahman laissa éclater sa colère sur un point dans notre interview. " Pourquoi ont t-ils tiré sur des innocents ? " s’interrogea t-il. " Qu’est ce que nous leur avons fait ? nous allions juste poster une lettre. Ils nous ont tiré dessus à 50 mètres de distance. Pourquoi ? "
Les USA, bien entendu, ont refusé de ratifier le TPI (Tribunal Pénal International) de peur que ses soldats exerçant hors de leur territoire, puissent être forcés de comparaître devant un juge.