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Saint-Nazaire entoure les grévistes de la faim

Publie le samedi 29 mars 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

La grève de la faim des travailleurs grecs ne laisse personne indifférent. Au bout de seize jours, les soutiens s’organisent et se dévoilent.

Mobilisation générale autour des trois salariés grecs en grève de la faim depuis seize jours. De nombreux bénévoles, militants associatifs, syndicaux ou simples anonymes, se relaient pour ne jamais les laisser seuls. De jour comme de nuit, dans le hall de la mairie ou à la Maison des sports, ces Nazairiens leur apportent soutiens matériel et moral.

L’une lave leur linge, l’autre les transporte d’un site à l’autre, certains leur ont donné les produits de toilette dont ils manquaient... « On est là aussi pour voir si tout va bien et pour appeler les secours en cas de problème. » Un médecin surveille l’état de santé des trois hommes. Vendredi matin, ils sont allés à l’hôpital pour un bilan plus approfondi. Même si Nicos, l’un des trois grévistes, montraient des signes de fatigue vendredi, il semble que leur état de santé soit plutôt bon. « Ils ont surtout une forte motivation et un moral d’acier. »

La pétition proposée à la signature à la mairie, « mais aussi dans les réseaux des uns et des autres », recueille de nombreux paraphes. En une semaine environ, 2500 personnes se sont ainsi engagées auprès des travailleurs grecs.

De Besancenot aux curés de paroisses

Olivier Besancenot, leader de la Ligue communiste révolutionnaire, a rédigé quelques lignes de soutien aux salariés grecs en grève de la faim. « Le paiement de leurs salaires doit correspondre aux heures de travail effectuées en conformité avec la législation en vigueur en France. »

L’union locale CFDT déplore de son côté que ce conflit, « contrairement à d’autres, n’ait jamais été évoqué en intersyndicale, et regrette que la vie de salariés soit mise en danger, sans que les dispositifs en place et légaux ne soient sollicités ». Le syndicat demande la tenue d’une instance de dialogue social de site, regroupant les organisations syndicales, la direction des chantiers Aker et les services de la direction du travail. « Cette rencontre permettrait la mise à plat de l’ensemble du dossier afin d’envisager une régularisation rapide par la négociation ou par une action devant le Conseil de prud’hommes. »

Les représentants des différents groupes politiques du conseil municipal, fraîchement élus, ont rencontré jeudi matin le sous-préfet pour évoquer le sort des trois salariés grecs en grève de la faim, et dire leur « volonté qu’une issue très rapide soit trouvée à ce conflit ». Le sous-préfet a rappelé que les différentes négociations menées n’avaient pas abouti et que le conseil des prud’hommes devait être saisi en référé. « Considérant l’état sanitaire détérioré des trois salariés grecs et l’échec des négociations, les élus des groupes socialiste, Verts, Label gauche, UMP et MoDem du conseil municipal demandent la saisine du tribunal des prud’hommes dans les meilleurs délais. »

Même les curés des paroisses catholiques de la zone Saint-Nazaire - Brière ont leur avis sur la question. Ils « expriment leur solidarité avec tous ceux qui cherchent à dénouer cette situation préoccupante. Devant ces conflits qui se répètent, ils invitent tous les acteurs et responsables de la société à mettre en place des règles européennes qui respectent le droit et la dignité de tous. »

Ouest-France

Messages

  • La CFDT qui s’occuperait des précaires des Chantiers ?

    Ce serait semble-t-il une première !

    Comment se fait-il qu’elle n’ait rien fait jusqu’à ce jour ? Après plus de 16 jours ??? Elle était pourtant majoritaire....

    La CFDT déplore que "la vie de salariés soit mise en danger, sans que les dispositifs en place et légaux ne soient sollicités " : celle là, il faut oser !

    Rappelons que les personnes qui décident de faire une grève de la faim le font quand toutes les autres possibilités sont épuisées.

  • LA C.F.D.T. est pour le traité voté à Versaille. La casse du code du travail est programmée.Alors ;nous ne sommes pas surpris de leur attitude dans ce conflit.

  • Grève de la faim pour un retour au pays

    À Saint-Nazaire, trois ouvriers grecs réclament leur dû. Une nouvelle affaire de sous-traitance dans la ville des paquebots.

    « On espère avoir 1 500 signatures ce soir ». Nicos, Boris et Leonidas, en grève de la faim depuis seize jours, ne sont pas seuls. Soutenus par la CGT, mais aussi par de nombreux Nazairiens anonymes et du monde associatif, ces ouvriers grecs réclament ce qu’ils estiment être leur dû.

    Employés comme peintres par l’entreprise allemande Elbe, sous-traitante de sa compatriote Freeze, qui travaille pour le chantier naval nazairien, Aker, ils ont été licenciés, verbalement, le 11 février. Les trois hommes réclament, depuis, 8 000 € chacun et un billet d’avion pour rentrer au pays.

    Un mois plus tard, le 14 mars, ils se mettent en grève de la faim. Depuis, ils boivent du thé, de l’eau sucrée, occupent le hall de la mairie le jour, se reposent dans la maison des sports municipale la nuit. Autour d’eux, les Nazairiens se mobilisent, de jour comme de nuit. La pétition fait recette, un pot de yaourt s’est transformé en sébile, on lave leur linge, on leur adresse un sourire en venant chercher un document à l’état civil... Jeudi, 250 personnes se sont rassemblées pour eux à la mairie.

    Une habitude

    Ce ne sont pas les premiers travailleurs étrangers que les Nazairiens voient dans la peine. Indiens, Polonais, Grecs... La sous-traitance, souvent de second rang, du chantier naval, n’en est pas à son coup d’essai en matière de non-paiement de salaires ou d’absence de fiches de salaires. Mais jamais ces salariés étrangers n’ont dû recourir à la grève de la faim. Orchestrés par la CGT, arrêts de travail et manifestations relatés par les journaux ont vite débloqué ces conflits.

    L’affaire d’aujourd’hui va plus loin : Elbe, par la bouche de salariés donnés en pâture à la presse, jeudi, tente de décrédibiliser les trois hommes. Le sous-préfet de Saint-Nazaire agite toujours la solution des prud’hommes. La CGT sert d’intermédiaire et se demande si la justice prud’homale serait compétente. « La solution serait peut-être qu’Aker paye les trois salariés en question et qu’ensuite le chantier naval se retourne contre son sous-traitant », comme le suggèrent les soutiens des Grecs.

    Une idée reprise par Yannick Vaugrenard, le député européen PSE de Saint-Nazaire. Il a interpellé la Commission européenne en ce sens : « Il est indispensable d’imaginer, au plus tôt, un arsenal juridique ad hoc pour que les donneurs d’ordre soient déclarés responsables en cas de carence des sous-traitants », écrit-il.Donneurs d’ordre et sous-traitants « profitent » de ce vide et se renvoient la balle. Nicos, Boris et Leonidas tentent de l’attraper.

    Isabelle GUILLERMIC.

    Ouest-France