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Sommet du G8 Ils font un rêve...

Publie le vendredi 30 mai 2003 par Open-Publishing

Dans la salle Martin-Luther-King d’Annemasse, le Sommet pour un autre monde s’est ouvert à J-3 de celui du G8 d’Évian-les-Bains.

Annemasse (Haute-Savoie),

envoyé spécial.

Un îlot de vie peuplé de trois cents altermondialistes plutôt joyeux dans une ville quasiment morte en ce jeudi de l’Ascension. Un espace de dialogues et de rencontres au bout d’un quartier commerçant d’Annemasse où une devanture sur deux est entièrement couverte d’épaisses planches. C’est dans une atmosphère quelque peu irréelle que, salle Martin-Luther-King (MLK), le Sommet pour un autre monde, organisé par une pléiade d’associations internationales humanistes, s’est ouvert hier matin, en présence d’une trentaine d’invités des pays du Sud, pour beaucoup Africains.

Mais Bruno Rebelle, le président de Greenpeace France, s’est chargé de ramener bien vite les participants aux réalités d’un " monde gouverné par le G8 qui marche sur la tête " par cette comparaison édifiante : " Un euro par jour c’est ce dont disposent des centaines de millions d’êtres humains, deux euros par jour c’est la subvention européenne attribué à chaque vache laitière, trois euros par jour c’est la contribution de chaque Américain au budget militaire US. "

" Droits humains, développement, environnement ", ce serait pour le président français d’Amnesty International, Francis Perrin, en référence à MLK, qui a donné sa vie pour la justice et l’égalité, " les composantes abouties de la concrétisation de tous nos rêves ". Celui qu’il fait en ce moment concerne la signature, par le G8, d’un traité international sur le commerce des armes. Dans ce à quoi songaient Gabriel Fallin et de Bernard Pinaud, du Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID) en accueillent tous ces délégués tout en remerciant les municipalités du Chablais pour leur aide, il y aurait un " monde de justice et de respect de la dignité de chaque être humain ".

Avant que ne s’ouvrent les douze tables rondes de ce sommet altermondialiste devant se clôturer demain soir par un concert - " Pour un autre monde annulons la dette " -, à l’aérodrome d’Annemasse, Gus Massiah, président du CRID, tenait, lui, à pointer les différentes propositions alternatives actuellement en débat pour rompre avec cette mondialisation capitaliste qui a ravagé, ainsi qu’en témoignait Enrique Arceo du Syndicat des travailleurs d’Argentine, un pays aussi riche potentiellement que le sien.

Production des richesses fondées sur l’utilité sociale et la propriété collective, lutte contre les inégalités et les discriminations, politique respectueuse des futures générations, développement de la démocratie et de la citoyenneté, système de taxation internationale du commerce des armes et de la spéculation financière, annulation de la dette sont quelques-unes des pistes de réflexion pour un autre monde que le vice-président d’ATTAC propose d’emprunter. " Résister c’est créer ", s’exclamait-il à la tribune en soulignant combien ces idées comme celle du " développement durable ", parfois reprises pour être détournées, n’ont rien d’utopiques. Ce qui était rêve hier s’est concrétisé pour tout ou partie. Et le mouvement anti-G8 a suivi cette évolution. En 1989 à Paris, pendant le Sommet des pays riches de Versailles, était organisé le premier Sommet des pays les plus pauvres. En 1996, à Lyon, Sommet des sept résistances. Hier, Sommet pour un autre monde, près d’Évian. Entre-temps, les " antimondialisation " sont reconnus comme des " altermondialistes ". Et ces " alters " ont pris du poids.

Philippe Jérôme