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Traitement des enseignants

Publie le vendredi 8 février 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Dans la société de désinformation et de manipulation qui est la notre, je voudrai vous présenter les conditions de rémunération et de temps de travail des enseignants. Quelques jours après que la commission Pochard propose d’annualiser le temps de travail faire passer à 22h sans être payé en heures supp l’emploi du temps des profs ; elle a du rater la lecture du décret de 1950 qui régit le statut des enseignants.
Actuellement, le temps de travail d’un enseignant de Collège ou de Lycée est de 18 heures par semaine (20 heures pour l’EPS).

C’est, pour les professeurs certifiés, le seul élément fixe et clair relatif au temps de travail qui leur est demandé. Il a été fixé par un décret datant de1950.

Rendez-vous compte ! 18 heures par semaine ! Quel salarié ne voudrait pas travailler aussi peu pour d’aussi bons salaires ? Comment le législateur a-t-il pu créer en 1950 un statut aussi avantageux ?
En fait, ce temps a été conçu en prévoyant qu’un enseignant travaille 1,5 heures chez lui pour une heure devant élève afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5 heures (1 devant les élèves et 1,5 à la maison), soit 45 heures hebdomadaires.

En effet, le temps de travail légal de l’époque s’il était légalement de 40 heures par semaine, était en réalité d’environ 42h par semaine, sur 50 semaines. Mais que s’est-il passé depuis pour les enseignants ? Rien ! Alors que pour les autres salariés il y a eu la 3ème semaine de congés payés en 1956, puis la 4ème en 1969. Les 40 heures réelles ont été atteintes au début des années 70 (elles étaient un droit depuis 1936). Mais ça n’est pas fini : il y a eu les 39 heures et la 5ème semaine en 1982, puis les 35 heures en 2000.

En somme, le temps de travail hebdomadaire pour les salariés a baissé de 25%. Mais les enseignants doivent toujours le même service. C’est au moins un enseignant qui écrit cela, vous dîtes-vous en lecteur éclairé ! Certes je l’avoue, je fais partie de ces privilégiés. Car comment peut-on parler de temps de travail sans parler des vacances ? Eh bien justement, le législateur a tout prévu et cela de deux façons :

 D’abord, 45 heures dues quand les autres devaient 42, ça c’est pour les petites vacances (Toussaint, Noël, Pâques). Donc notre temps de travail était annualisé.

 Mais, et les 2 mois d’été alors ? Là, c’est un tout petit peu plus compliqué. Certains enseignants ne le savent même pas d’ailleurs. Cela se situe au niveau de la grille des salaires. Notre grille a été, elle aussi, fixée en 1950 au même niveau que les autres cadres de la fonction publique recrutés avec un concours au niveau Bac +3. Mais à cette grille, il nous a été retiré 2 mois de salaires, puis le résultat a été divisé par 12 (pour recevoir un salaire chaque mois).

Par exemple si un inspecteur des impôts est payé 2000 Euros par mois il recevra 24000 Euros par an, alors que pour la même qualification, un enseignant recevra aussi 2000 Euros par mois mais sur 10 mois, soit 20000
Euros par an. Cette somme est ensuite divisée par 12 et donne 1667 Euros par mois.

Et oui, chers lecteurs, les enseignants ne sont pas payés pendant les grandes vacances. Oui bon d’accord, peut-être que nous ne sommes pas si privilégiés que cela concernant le temps de travail. Mais côté salaires, quand même, nous ne sommes pas à plaindre !

Soit, comparons : nous sommes nettement en dessous de la moyenne des cadres du privé comme du public. Mais, à mes yeux, l’exemple le plus frappant de la dégradation de la valeur que la nation accorde à ceux qui éduquent ses enfants est le suivant
 :

Le salaire de départ d’un enseignant en 1970 était 2 fois supérieur au SMIC. Aujourd’hui, il n’est plus que 1,2 fois plus élevé. Autrement dit, si comme le PS l’a écrit le SMIC augmentera de 25% au cours des 5 ans à venir (et l’UMP l’a augmenté au même rythme annuel dès cette année), un enseignant débutant gagnera moins que le SMIC.

Faudra-t-il en arriver là pour que la société se rende compte de la dégradation de notre situation ? Je n’évoquerais pas les conditions de travail, l’évolution des élèves, les réunions multiples,.

Alors oui, le décret de 1950 est vieux ! Il est vraiment temps de le toiletter comme le disent nos gouvernements !

Mais dans quel sens ? En travaillant plus pour gagner encore moins ?

Aux enseignants et à ceux qui voient notre métier comme le nec plus ultra !

Messages

  • Rendez-vous compte ! 18 heures par semaine ! Quel salarié ne voudrait pas travailler aussi peu pour d’aussi bons salaires ? Comment le législateur a-t-il pu créer en 1950 un statut aussi avantageux ? En fait, ce temps a été conçu en prévoyant qu’un enseignant travaille 1,5 heures chez lui pour une heure devant élève afin de préparer ses cours, évaluer les élèves et actualiser ses connaissances dans sa discipline. Cela fait 18 fois 2,5 heures (1 devant les élèves et 1,5 à la maison), soit 45 heures hebdomadaires.

    C’est sans doute vrai, en tout cas les premières années d’exercice. Mais des esprits un tantinet tatillon se plaisent à dire, y compris des profs d’ailleurs, que quand ils ont les niveaux de classe, il suffit pour eux d’ouvrir le tiroir et gagnent donc pas mal de temps sur la préparation des cours, puisque c’est déjà fait depuis x années. Idem à la fac, les profs réutilisent x fois leurs cours.

    C’est vrai qu’il faut remettre à plat, mais à ce moment là faut tout dire.

    Tiens en passant, j’ai vu, par le passé, sur une grille d’indice de futur prof, que le montant des prestations familiales était nettement supérieure à celle du privé. Est-ce que c’est toujours vrai ????

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      il suffit pour eux d’ouvrir le tiroir et gagnent donc pas mal de temps sur la préparation des cours, puisque c’est déjà fait depuis x années. Idem à la fac, les profs réutilisent x fois leurs cours.
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      celui qui écrit ça ignore tout du travail d’un professeur sérieux désireux de faire progresser la totalité de ses élèves ce qui représente beaucoup de temps pour se mettre à jour des nouvelles connaissances et dans la discipline enseignée et dans la recherche
      et dans la psychologie et dans la pédagogie donc des heures de lecture et d’apprfondissement , de mise en forme de document
      etc...
      quant aux profs de fac encore une fois celui qui ecrit cela n’est en rien un penseur juste un teneur de comptoir au café du commerce
      un prof de fac fait de la recherche , dirige des travaux participe à une équipe de recherche, publie en anglais, participe à la gestio nadministrative de son département, assite à des commissions, des congrés etc... là encore ignorer cela c’est mépriser le travail intellectuel et l’engagement intellectuel que cela représente et la volonté de faire parvenir à un niveau intellectuel des classes d’ élèves
      Ce métier vaut bien plus que celui de curé car il n’ est pas endoctrinement il est la quintescence de l’altruisme à savoir faire passer aux jeunes l’envie le gout d’apprendre ,d’approfondir et de progresser intellectuellement parlant et cela mérite salaire c’est normal et un pays s’honore d’avoir des intellectuels enseignants heureux de faire ce métier et soutenus par tous.

    • tiens mon commentaire qui defend les profs n’est pas resté !!
      une société qui ne protège pas ses profs est une société décadente
      respectons le corps enseignants

    • Ce sont des exemples véridiques, je n’ai rien inventé. Même si c’est vrai tout ce que vous dites, n’empêche qu’un prof à la fac enseignant l’archi, m’a expliqué qu’il allait changer ses cours, parce que ça faisait 2 ans qu’il enseignait l’archi étasunienne, et l’autre prof de collège m’avait expliqué qu’il s’économisait du temps de travail en ressortant ces cours de l’année passée, que c’est une pratique courante. Je sais par ailleurs, pour l’avoir vu, que beaucoup approfondissent, recherchent, améliorent, rendent leur travail attractif pour eux et pour les jeunes.

      En fait, pour aller dans votre sens, c’est-à-dire que les profs travaillent beaucoup,il faudrait les changer de niveau chaque année, ou alors leur changer le programme, et les livres (mais ça serait trop cher et trop fastidieux).

      Mais rassurez-vous, quoiqu’il en soit, je défends l’école, la fac et tous les lieux d’instruction, c’est la seule issue pour devenir un citoyen libre intellectuellement parlant, qui a forcément des retombées intéressantes sur le travail qui nous aide à vivre ! (Le "café de commerce", non merci je ne tiens pas du tout à être responsable du nombre de cirrhoses !)

    • Je ne nierai pas le fait que certains collègues peuvent reprendre leurs cours et leurs devoirs d’une années sur l’autre mais, c’est loin d’être une généralité. De même moi aussi, j’ai entendu des collègues dire qu’ils préféraient être en collège qu’en lycée car en temps de préparation et de correction ils étaient gagnants. Moi même, j’enseigne l’économie et la gestion commerciale en filière STG et BTS il me semble indispensable par respect envers les élèves de m’appuyer sur des exemples de l’actualité. Maintenant, dans tout système, il y a des passager clandestin ou tire au flanc est-ce pour autant qu’il faut toujours mettre en avant ceux là au détriment de la grande majorité des collègues qui s’investissent dans leur travail et qui ont le sentiment d’être de plus en plus débordés par la charge de travail, réunion, gestion de plus en plus difficile des classes qui retournent vers des effectifs à 40. C’est cela la réalité.
      Pour ce qui est des prestations familiales, ce ne sont plus les rectorats qui les versent depuis trois mais la CAF et depuis, le montant qui est le même pour tous les français est inchangé. Et si vous pensez que les profs sont des privilégiés, moi-même après plus de 20 ans de carrière, je suis non imposable, bien sur parce que j’élève seul mes trois enfants mais, je ne me considère pas comme privilégié.