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Trois questions à Sergio Segio, fondateur de Prima Linea

Publie le mardi 30 mars 2004 par Open-Publishing

Fondateur de Prima Linea, condamné à 30 ans de prison, vous êtes le dernier membre du groupe à avoir soldé, le 17 mars, vos comptes avec la justice italienne. Vous êtes sévère avec les réfugiés italiens en France, auxquels vous reprochez de ne pas assumer leurs responsabilités. ..

Je n’aime pas généraliser. Je suis sûr qu’à Paris, parmi les "exilés", il y a des approches différentes, mais je me suis exprimé contre ceux qui ne montrent aucun signe de retour critique sur cette période. Je crois qu’ils ont le devoir politique et moral de ne pas être ambigus par rapport aux responsabilités qu’ils ont eues. Ils reconnaissent la défaite de cette violence des années 1970. C’est bien, mais c’est insuffisant. Il faut qu’ils admettent clairement l’erreur qui a été à la base de ce choix : c’est la clé de tout. Qui a eu de graves responsabilités a le devoir politique et moral de les assumer.

Les amis de Cesare Battisti, condamné par contumace à perpétuité, dénoncent une justice d’exception. Qu’en pensez-vous ?

Ces années-là, en réaction à la violence politique, il y a eu des lois d’urgence, des prisons spéciales et même des violences sur les détenus. Il faut le dire pour avoir une lecture juste de cette période, mais je suis d’accord avec ceux qui disent que l’Italie demeurait une démocratie. Une démocratie qui a dérogé avec des lois spéciales et un traitement dur du terrorisme, mais une démocratie tout de même.

La demande d’extradition présentée par l’Italie signifie-t-elle qu’une amnistie est impensable ?

Les conditions politiques pour une amnistie ne sont pas réunies. Je suis pourtant convaincu que la prison, si longtemps après les faits, ressemble plus à une vengeance qu’à la justice. Ce que je vois comme issue possible est ce que je définis comme un "indulto condizionato", une remise de peine conditionnée, pour ceux qui se sont enfuis à l’étranger et pour ceux qui sont encore en prison. Il ne faut pas oublier des gens comme Maurizio Ferrari, en prison depuis 1975, et pas pour des faits de sang.

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