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Un filon

Publie le vendredi 7 mai 2010 par Open-Publishing

de Bernard Delattre

Une fois n’est pas coutume, un fait divers aujourd’hui dans ce blog, en guise d’accroche à la note du jour. Il s’est produit dans notre onzième arrondissement et a été rendu public hier après-midi. Dans un bureau de poste du quartier, la police a interpellé récemment une dame, présentée comme... « acheteuse compulsive ». Elle avait fait pour 9.000 euros d’achats avec la carte bancaire de sa mère, qu’elle utilisait à son insu. A son domicile, les policiers ont découvert une caverne d’Ali Baba ainsi décrite par l’agence de presse AP : « 15m3 de marchandises emballées dont trois vélos tout terrain, deux lave-linge, 14 fers à lisser, trois lits, un caméscope, six coffres à bijoux, 21 sacs de sport contenant des produits alimentaires, des cosmétiques, des fournitures scolaires ainsi que trois billets d’avions pour la Tunisie ». L’intéressée a expliqué avoir acheté ces objets en multiples exemplaires de peur que l’un d’eux tombe en panne.

Parlant de carte bancaire, une (petite) découverte qu’on a faite l’autre jour au hasard d’une visite au distributeur d’une agence bancaire près de Bastille, et qui pourrait bien encourager encore un peu plus les acheteurs compulsifs à dépenser sans compter. Sur l’automate, bien en évidence, était apposé un sticker publicitaire dont on n’avait jamais remarqué la présence auparavant. Il félicitait les usagers d’avoir recours à ce distributeur, car la banque l’hébergeant... multiplie les initiatives environnementales. En gros donc, le message subliminal envoyé était le suivant : « Cher usager de passage, plus vous retirez de billets à l’aide de ce distributeur, plus vous contribuez au sauvetage de la planète, donc ne mégotez pas ».

Renseignements pris, ce programme vert s’appelle « Winplanet ». Y participent non seulement des banques, mais aussi nombre de grandes enseignes commerciales présentes en France. Sous son égide par exemple, le Crédit agricole a financé une opération de nettoyage des rives de la Seine, offrant même aux nettoyeurs « un agréable buffet campagnard en plein air » – c’est merveilleux. Le Crédit mutuel a mis en place une collecte de téléphones portables usagés. La BNP-Paribas a systématisé les procédures de recyclage des composants électroniques, ordinateurs, claviers et autres imprimantes utilisés dans ses agences. Et HSBC France a aidé l’Office national des forêts à planter 15 000 arbres sur un ancien site minier.

Autant d’initiatives qui, sans doute, ne mangent pas de pain et ne font pas de mal à la planète. A moins que cette exploitation par les banques désormais aussi d’un filon écolo si à la mode ne relève avant tout de l’opération de marketing. De la campagne de com’, finalement : destinée à rehausser l’image de marque du secteur bancaire qui, en France aussi, est sortie très dégradée de la grande crise de l’an dernier.

http://parislibre.blogs.lalibre.be/archive/2010/05/06/un-filon.html