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Un proche du gouvernement nommé au poste sensible de procureur de Paris ?

par Liberation.fr

Publie le samedi 15 octobre 2011 par Liberation.fr - Open-Publishing

Le nom de François Molins, l’actuel directeur de cabinet du Garde des Sceaux Michel Mercier, a été proposé, vendredi 14 octobre, au poste hyper-sensible de procureur de Paris, laissé vacant après le départ de Jean-Claude Marin à celui de procureur général près la Cour de cassation.

Vendredi, la Chancellerie a donc envoyé une « transparence » (c’est ainsi qu’on appelle le projet de nomination du ministre), comprenant, parmi d’autres, le nom de Mollins, au Conseil supérieur de la magistrature (CSM ) qui devra donner un avis - « favorable » ou « défavorable » - sur la nomination.

Théoriquement, cet avis simple est purement consultatif et ne lie pas l’exécutif. Mais Michel Mercier avait lui-même promis qu’il ne passerait pas outre les avis du CSM... La nomination de Molins aura donc valeur de test.

« Nommer son propre directeur de cabinet, un poste éminemment politique, au parquet de Paris - le plus sensible - démontre une volonté manifeste de verrouillage, selon Mathieu Bonduelle, du Syndicat de la Magistrature (classé à gauche). Il n’y a qu’un précédent : la nomination de Laurent Le Mesle, directeur de cabinet du ministre Pascal Clément, bombardé procureur général de Paris. »

François Molins, 58 ans, a fait toute sa carrière au parquet et dans les administrations ministérielles. Comme au parquet de Bobigny, où en 2005, il avait dans un premier temps refusé d’ouvrir une information judiciaire sur la mort de Bouna et Zyed, deux garçons poursuivis par la police et qui avaient trouvé la mort après s’être réfugiés dans un transformateur EDF.

En 2009, Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux avait fait de lui son directeur de cabinet - et à son arrivée fin 2010, Michel Mercier avait décidé de le garder.

A Paris, Molins devra plancher sur un dossier épineux laissé son prédécesseur, Jean-Claude Marin, juste avant de partir : l’affaire Robert Bourgi, cet avocat qui a accusé Jacques Chirac et Dominique de Villepin d’avoir perçu des valises de la part de présidents africains entre 95 et 2005.

La semaine dernière, alors que les bruits de couloir du Palais l’annonçait déjà à Paris, Christophe Régnard, président de l’Union Syndicale des magistrats (majoritaire) confiait :

« Personne ne remettra en cause le professionnalisme et le savoir juridique de François Molins, mais quel signal désastreux de nommer un directeur de cabinet à Paris dans le climat d’affaires actuel qu’on connaît... »

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