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Une ministre britannique rattrapée par les affaires de son mari
Publie le mercredi 8 mars 2006 par Open-Publishingde Jean-Pierre Langellier
Un homme ou une femme politique devrait exiger de son conjoint une totale transparence sur ses activités pour éviter les mauvaises surprises. Telle est la leçon que médite Tessa Jowell, 58 ans, ministre britannique de la culture, depuis que la justice italienne suspecte son mari, David Mills, 61 ans, de sombres magouilles financières dont elle dit n’avoir pas eu la moindre connaissance. S’estimant trahie par son époux, la ministre a obtenu qu’ils vivent, au moins pour un temps, séparés, après "un mariage heureux" de 27 ans.
Dans l’équipe Blair, Tessa Jowell n’est pas n’importe qui. Ancienne travailleuse sociale, élue députée en 1992, elle fut l’une des "Blair Babes" entrées au gouvernement lors de la victoire travailliste de 1997. Elle est aujourd’hui responsable de la culture, des sports et des médias. Auréolée par la victoire de Londres pour les JO de 2012, puis chargée du secours aux victimes des attentats du 7 juillet 2005, elle a pour mission d’organiser la campagne travailliste des élections locales à Londres prévues pour mai. Cette rousse souriante, aux yeux bleus et cheveux courts, est une hyper-active jusqu’ici sans histoires, discrète et respectée.
UN "CADEAU" DE 500 000 EUROS
Ses malheurs sont venus d’Italie. Les procureurs de Milan soupçonnent David Mills, avocat d’affaires international, d’avoir reçu au moins 500 000 euros pour témoigner en faveur de Silvio Berlusconi dans deux procès en 1997 et 1998, ce que les deux intéressés démentent. A l’époque, David Mills était conseiller pour la Fininvest, la holding familiale du président du conseil italien.
L’avocat dément aussi avoir fait transiter le don de Berlusconi via un fonds spéculatif, avant de le blanchir en remboursant un emprunt sur une maison du couple. Il avait reconnu l’existence de ce don en 2004 avant de se rétracter. Il affirme maintenant que cet argent lui a été versé par un armateur italien, Diego Attanasio. Tessa Jowell a toujours dit tout ignorer de ce "cadeau", ce qui est plausible, vu la stricte division du travail instaurée dans la famille : à elle, la politique et l’éducation des enfants ; à lui, les affaires. Le couple n’avait aucun compte bancaire joint.
Ces dernières semaines, la ministre s’est intéressée de plus près aux activités de son mari. Elle a été ulcérée de découvrir que David Mills avait mis en avant le fait que sa femme était une proche de Tony Blair pour essayer de s’implanter à Dubaï. C’en était trop. D’où la rupture conjugale. Pour sauver sa carrière, disent les méchantes langues. Accusation insultante, rétorquent ses amis. Il n’empêche : la ministre a été imprudente en "oubliant" trop longtemps d’interroger son mari sur sa situation financière.
Pour l’instant, elle semble avoir éloigné le danger. Elle a été innocentée de toute inconduite ministérielle, et conserve le soutien de Tony Blair, qui a salué son "excellent travail". Très crâne et tout sourire, elle a participé, lundi 6 mars, à un débat prévu de longue date aux Communes face à des députés travaillistes venus nombreux en marque de solidarité. Elle est résolue à sauver sa carrière. Quant à son mariage, c’est une autre affaire.