l’Ukraine : élections et médias

Elections, média, mondialisation... réflexions sur les élections présidentielles en Ukraine :

Je ne suis certainement pas le seul à ne pas saisir pleinement les enjeux des élections en Ukraine ; je n’en veux pour preuve que l’absence de tout article sur ce sujet dans le site Bellaciao ! Il est vrai qu’entre ,d’une part le candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch et d’autre part le candidat de l’opposition, Viktor Iouchtchenko, présenté comme un réformateur pro-occidental , le choix relève plutôt de la catégorie blanc bonnet , bonnet blanc !

Toutefois l’acharnement de nos médias à défendre Iouchtchenko et leur complaisance romantique à l’égard de cette « révolution populaire » me laissent à penser que les aspirations démocratiques des ukrainiens ne doivent pas être le premier de leurs soucis . Ils ont dejà suffisamment démontré lors des grandes manifestations populaires en France la méfiance que leur inspire ce genre d’expression .

Les faits : des sondages sortis des urnes donnent Iouchtchenko gagnant mais la commission électorale centrale accorde la victoire à Viktor Ianoukovitch avec une avance de plus de 870.000 voix ;

Iouchtchenko dénonce des fraudes massives et organise -un peu trop rapidement- des mouvements spontanés très structurés avec l’appui quasi unanime de la presse et des gouvernements occidentaux :Le monde entier semble réclamer la victoire de Iouchtchenko, excepté ce malheureux Poutine qui en prend plein la tronche
on apprend même que Iouchtchenko devrait sa sale tête à une tentative d’empoisonnement du premier ministre sortant Viktor Ianoukovitch. ça et là , dans les médias plus sérieux , apparaissent des analyses plus subtiles :opposition entre deux ukraines :la catholique plus tournée vers l’ouest ,l’orthodoxe plus sensible à l’emprise russe . On apprend également que c’est le troisième pays pour l’importance des subventions américaines (après Israël et l’Egypte ) et qu’il bénéficie de prêts commerciaux importants de l’UE .Plus anecdotique ,la femme de Iouchtchenko est une américaine d’origine ukrainienne .Tout cela ressemble fort à une petite rechute de guerre froide suite à la réélection de G Bush .

Cependant alors que des rumeurs de partition commencent à circuler prenons garde à ne pas trop souffler sur le feu ;une guerre civile est si vite arrivée comme dans l’ex yougoslavie !

Cette campagne médiatique autour d’une élection nationale peut être reliée , de différentes manières à au moins deux autres élections :- celle de G Bush en 2000 avec toutes les suspicions de fraude qu’on connaît et une victoire qui se décide non pas dans les urnes mais sur la scène médiatique - celle de Chavez ,au Venezuela en aout 2004 puis en novembre 2004 ’(voir l’historique au lien :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Chavez ) .

Au Vénézuéla ,l’opposition à chavez joue de sa puissance financière et médiatique pour invalider les élections pour fraude -en vain ;Le soutien des Etats unis est total jusqu’au coup d’état de 2002 qui échoue suite à une mobilisation énorme des classes populaires ;en France les grands médias ont été très prudents dans leurs analyses se contentant des dépêches d’agence et d’un suivisme mou des USA Les élections de novembre ,contrôlée par des observateurs indépendants , ayant conforté le soutien de Chavez sa légitimité semble maintenant reconnue par les médias . La réélection de Bush en novembre 2004 aurait pu elle aussi donner lieu à contestations ( voir les liens ci dessous
http://bellaciao.org/en/article.php3?id_article=4175

http://fr.news.yahoo.com/041103/85/44kbp.html )

Kerry a finalement choisi de reconnaître sa défaite et le poids des médias étrangers qui lui étaient plutôt favorables a joué en sa défaveur.

Dans tous les cas la pression médiatique internationale tend à influencer de plus en plus les scrutins locaux voire même à se substituer à l’expression démocratique ; quand on constate la boulimie actuelle des grands groupes financiers pour les divers médias on réalise à quel point la démocratie ne peut se réduire au seul bulletin de vote et n’a de sens que si les contre-pouvoirs syndicaux , associatifs sont reconnus ,encouragés et financés par la loi et si l’indépendance de la presse peut être garantie (comment ?)