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LA VISEE COMMUNISTE SELON ARNAUD SPIRE

par SPIRE Arnaud

Publie le vendredi 6 janvier 2012 par SPIRE Arnaud - Open-Publishing
18 commentaires

MISE AU POINT D’ARNAUD SPIRE APRES AVOIR PRIS CONNAISSANCE TARDIVEMENT DU DOSSIER SUR DE SOI-DISANT "HUISTES" QUI VOULAIENT UN CANDIDAT COMMUNISTE POUR LES PRESIDENTIELLES

LA VISEE COMMUNISTE SELON ARNAUD SPIRE

Contrairement à ce que laissent supposer les propos qui figurent dans ce site, je ne suis l’inconditionnel de personne (pas plus de Georges Marchais que de Robert Hue ou de Marie-George Buffet). En aucun cas je ne suis le porte parole d’une tendance quelle qu’elle soit, y compris la soi-disant tendance « huiste ». Les propos ci-dessous énoncés le 31 mars 2011 en Picardie témoignent de ma pensée personnelle de militant communiste.

Introduction d’Arnaud Spire lors de la soirée débat du 31 mars 2011
La démocratie, si on s’en tient à son étymologie grecque, devrait être le pouvoir du peuple. Mais aucun peuple n’a décidé ni de la financiarisation du capitalisme, ni de la mondialisation. Il existe donc une différence dans le temps et des limites spatiales entre ce qu’est le réel et ce que veulent les peuples.

Je ne vous parlerai donc pas du communisme en termes de résidu, ni de dérives de ce qu’on a nommé à tort le communisme dans les pays socialistes, ni non plus en termes de prolongement déterministe de la découverte par Marx d’un système à appliquer, ni non plus en termes de courant de pensée théorique dont les fleurs théoriques seraient multiples. Le marxisme ne consiste pas à répéter Marx, (la pire maladie théorique pour ce dernier était le psittacisme, c’est-à-dire la maladie de ceux qui ont été mordus par un perroquet). Cela ne signifie pas qu’il n’y aurait pas aujourd’hui un nouveau cycle pour le marxisme après celui qui va de la mort de Marx en 1883 à l’effondrement de l’URSS en 1991. Bref, le marxisme n’a aucune raison de ne pas entamer un second cycle et dans ce domaine il n’y a pas de coexistence pacifique (consensus) pour la théorie.

Je me permettrai simplement de vous rappeler cette définition écrite en 1846 par les deux copains Marx et Engels mais connue seulement en 1931 dans la traduction française de « L’Idéologie allemande » : « le communisme est le mouvement qui abolit l’état de choses existant ». Ainsi conçu, le communisme ne risque ni de disparaître, ni de caractériser une période transitoire de l’histoire. Il est lié à une conception matérialiste et dialectique du monde, c’est-à-dire d’un monde objectivement en mouvement. Il ne peut s’incarner dans un état de choses données, ni non plus dans un Etat qui organise la société, et le réduire à un idéal en ferait une utopie, ce qui ne signifie pas que les communistes n’ont ni morale, ni idéal. On pourrait concevoir le mouvement du communisme comme le mouvement d’un horizon qui s’éloigne et qui change lorsqu’on s’en approche. On a toujours un horizon devant soi. Le communisme, c’est le mouvement émancipateur de l’humanité dans le monde.

Marx n’est pas « un » philosophe, « un » historien, « un » économiste, « un » politologue, « un » sociologue, ni même un savant de première grandeur dans chacune de ces disciplines. Encore moins peut-on le considérer comme un universitaire de talent qui aurait préparé un bon plat multidisciplinaire cuisiné avec tous ces ingrédients. Marx se situe d’emblée bien au-delà. Il initie la critique radicale des temps modernes et d’abord celle du monde réel tel qu’il devient. Cette critique radicale du capitalisme exige et permet de découvrir le fondement de l’aliénation marchande, de l’exploitation du travail et de la domination de classe. Les trois étant indissociables.

MARX ET LES DEUX LOIS TENDANCIELLES DU CAPITALISME

Au fond, l’œuvre maîtresse de Marx, pourrait se résumer en deux lois : la loi de la valeur (Livre I du Capital, chapitre I), et la loi de la baisse tendancielle du taux de profit (chapitre XIII : la loi, chapitre XIV : les causes qui la contrecarrent, chapitre XV : les phénomènes dans lesquels elle s’exprime). La valeur de la marchandise, c’est le temps de travail socialement nécessaire passé pour la produire : les matières premières, les instruments de travail, le savoir-faire des hommes qui les utilisent. Et la baisse tendancielle du taux de profit, c’est qu’à chaque cycle de la mise en valeur du capital, une fraction de plus en plus grande de la plus-value est socialement transformée en capital mort.

C’est ainsi qu’il y a suraccumulation de capitaux et dévalorisation des produits du travail vivant, d’où la compression permanente des salaires considérés à tort comme un coût par le capital.

Bien sûr, ce sont « les hommes aux écus », ceux qui possèdent le capital, qui décident, avec un Etat à leur service, de refaire vivre le capital mort, en le réinvestissant dans du capital vivant. On peut donc affirmer, sans grand risque, que les capitalistes creusent leur propre tombe dans la mesure où ils ne prennent pas les décisions nécessaires pour réinvestir dans des domaines productifs la valeur qu’ils ont confisquée. (La seconde révolution industrielle, dite parfois révolution informationnelle), inaugure le règne des marchandises dont le prix baisse en fonction de l’accentuation de leur diffusion. L’objectif vital des capitalistes est de tempérer la tendance à la baisse du taux de profit. On peut imaginer que toutes les ressources de la planète ayant été transformées en marchandises, il ne leur reste plus qu’à transformer le moyen de circulation des marchandises qu’est l’argent, en solution finale. C’est pourquoi, on dit couramment depuis Marx, que les capitalistes, au fur et à mesure qu’ils se développent creusent leur propre tombe. Le progrès social, la consommation augmentent la circulation des marchandises mais diminuent le taux de profit. C’est leur contradiction. Ce qui intéresse le capitaliste, ce n’est pas de satisfaire les besoins du peuple, mais de ralentir la baisse tendancielle du taux de profit. Cette analyse est généralement plus ou moins mal connue de ceux qui se réfèrent à Marx. Elle recouvre surtout une très grande variété de rapports concrets entre le capital et le travail (la propriété industrielle, l’exportation de matières premières, l’actionnariat, la rente foncière et la plus-value impérialiste).

L’ARGENT COMME MOYEN PUIS COMME FIN

L’argent, qui avait pour vocation initiale de faciliter les échanges, voit aujourd’hui sa fonction paradoxalement contredite par la domination qu’exercent les marchés financiers sur le globe. Alors qu’il n’était qu’un moyen au service de la circulation et de la distribution, il devient progressivement à lui-même sa propre fin et voit sa fonction s’inverser.

Les monnaies nationales qui étaient comme des langues communes servant à faciliter les échanges deviennent autant d’obstacles à l’organisation rationnelle des sociétés.

L’assignat, ou le billet de banque, a progressivement remplacé l’or. Il en va de même pour la création de l’euro comme monnaie unique visant à concurrencer l’hégémonie de la monnaie commune, le dollar. L’idée que « le monde n’est pas une marchandise à vendre », si elle relève d’une bonne santé principielle, semble promettre un réveil brutal pour les utopistes du XXIème siècle. Dans le cadre de la conception capitaliste de la mondialisation, la tendance est indéniablement à l’extension des marchés et à leur mise sous tutelle par la finance. C’est ainsi qu’apparaissent des marchés financiers ou bulles financières sans marchandise. La gratuité, pour autant qu’elle ait jamais été définitivement conquise dans un seul secteur de la société (on paye déjà pour l’eau, paiera-t-on un jour pour l’air qu’on respire ?), est aujourd’hui traquée par le capital financier dans les moindres recoins de civilisation. L’attribution au secteur privé d’un nombre grandissant de missions de service public va dans ce sens. Certes, il importe de s’opposer par tous les moyens à ce processus de marchandisation généralisée. Mais il faut bien voir les limites de cette résistance tant que sévira la plus cruelle des marchandisations, celle des êtres humains (force de travail) qu’accélère et intensifie le processus de mondialisation du marché du travail.

La puissance de la force de travai,l ou le potentiel d’activité d’un individu, continue de constituer de nos jours la seule marchandise qui, dans tous les cas, coûte moins à acheter pour son propriétaire qu’elle ne lui rapporte par la suite. Ce n’est fondamentalement qu’à la condition de s’approprier les vivantes capacités manuelles et intellectuelles d’êtres humains que le capital financier peut, comme on le disait jadis de l’argent, « faire des petits ». L’argent se transforme alors en capital.

QUE DES LOIS TENDANCIELLES

On devrait même, pour être plus concis, résumer l’œuvre de Marx en une seule loi : c’est qu’il n’y a pas de loi scientifique qui s’applique absolument. Il s’agit plus précisément de tendances sur la longue durée qui se réalisent au-dessus ou au-dessous de ce qui est prévisible. Exemple : le prix qui est au-dessus ou au-dessous de la valeur et le salaire qui vise à la reproduction la plus économe possible pour le capitalisme, de la force de travail. C’est ce qu’on appelle le taux d’exploitation. Ce caractère tendanciel des lois donne lieu à des inégalités de développement, d’où des bifurcations dans l’espace (surface) et dans le temps : exemple la logique de l’horizon qui est toujours là et jamais le même.

Ce qui émerge de la critique radicale du capitalisme par Marx, c’est le concept de valeur qui permet de saisir les lois tendancielles qui commandent la reproduction d’un système.

Etre communiste, c’est poursuivre l’œuvre, amorcée seulement par Marx, quand bien même cette amorce a été d’une puissance inégalée, dans des conditions historiques données et toujours nouvelles. Ce qui interdit bien sûr de penser la révolution en termes d’Etat, d’idéal, et a fortiori de modèle, voire même comme un moment de violence. Une révolution peut se produire dans la civilité, c’est-à-dire la non-violence ou la violence réactive, Gandhi ou Lénine. Il y a donc un processus de révolution des révolutions qui accompagne et dépasse les limites du capitalisme. L’important, c’est d’introduire perpétuellement dans la théorie le point de vue de la pratique et par conséquent de rester ouvert à toute nouvelle forme, globale ou partielle, de pensée du progrès. Bien creusé, vieille taupe. Cela demande de la part des marxistes une aptitude extraordinaire à l’ouverture. Il n’y a pas de système à fermer.

LA LUTTE DE CLASSE

La lutte de classe n’est pas une question de propriété, ni de revenu, ni même d’intérêt. La classe, pour Marx, n’est pas un concept sociologique mais un rapport social caractérisé par une unité de contraires irréconciliables, fusse dans sa résolution. On ne saurait réduire l’appartenance de classe au mode de vie qu’est la prolétarisation croissante des couches salariées, sous peine de ne pas comprendre le caractère universel des représentations idéologiques.

LE COMMUNISME

Il y a bien sûr des caractéristiques essentielles communes à toutes les formes de communisme ayant existé.

C’est de cela dont je vais commencer par vous parler.

Pour exister, cet horizon doit se manifester. Il est donc à exprimer par ceux qui s’en réclament (sous peine d’être « messianique » ou « spectral »). Ce qui n’est pas le cas du capitalisme qui existe dans, par et à travers sa crise. Comme je vous l’ai déjà dit, le communisme est une visée et non une identité. En tant que visée identitaire, le communisme aliène ce qu’il porte d’universel dans la nation (l’Etat-souverain).

Pour rompre avec la forme des questions qui contiennent leurs propres réponses (Lettre à Arnold Ruge, 1843) : Le communisme se situe dans le mouvement réel de l’histoire : « Nous n’anticipons pas sur le monde de demain par la pensée dogmatique. Nous ne disons pas au monde, à genoux, voici la vérité ! Au contraire, nous ne voulons fonder le monde nouveau qu’en termes de critique de l’ancien. » C’est pourquoi il s’agit de penser de façon révolutionnaire le rapport entre l’ancien et le nouveau. Ce n’est pas une fois parvenu dans une nouvelle société que l’on jettera un regard nostalgique sur le passé. Mais c’est dans le présent que le révolutionnaire s’efforce de discerner la nouveauté qui préfigure l’avenir.

« Jusqu’ici les philosophes gardaient dans leurs tiroirs la solution de toutes les énigmes. (…) Si construire l’avenir et dresser des plans définitifs pour l’éternité n’est pas notre affaire, ce que nous avons à réaliser dans le présent n’en est que plus évident. » C’est pourquoi le communisme ne saurait avoir pour seul caractère distinctif l’abolition des rapports de propriété et la généralisation de la propriété sociale des grands moyens de production et d’échange.

Croire à la vertu décisive d’un pur transfert de propriété économique – autour de quoi s’est construit, très en-dessous de Marx, le concept traditionnel du socialisme - est « indigent ».

« En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur. Il se situe donc par nature au-delà de la sphère matérielle de production proprement dite. » (Capital, livre III).

L’ancienne définition du communisme (dite marxiste-léniniste) demande aujourd’hui à être actualisée. La socialisation des grands moyens de production et d’échange ne saurait s’effectuer dans le cadre des institutions et idéologies, des superstructures qui confortent la base capitaliste de la société. Il faut donc combler ce que d’aucuns appellent le « trou noir du pouvoir » chez Marx.

La minorité doit-elle se contenter de se plier aux lois de la majorité, sans possibilité d’épanouissement humain pour elle ?

Comment réaliser la démocratie ? La lutte de classe doit être orientée vers la construction d’institutions pour le peuple tout entier. Il est d’ailleurs significatif que tous les Etats socialistes et les partis communistes se soient sentis mal à l’aise avec la notion de dictature du prolétariat et y ait substitué, ce qui est moins connu, l’Etat du peuple tout entier. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Ici se pose la question de savoir si le communisme en tant qu’horizon logique peut être réalisé de façon durable dans un seul pays.

Il faut non seulement étendre au maximum le champ de la gratuité par l’instauration d’un revenu d’existence universel non lié au temps de travail, mais exclure de la prise du pouvoir non seulement le cumul des mandats, le non-vote des immigrés et les inégalités hommes-femmes, mais aussi généraliser une véritable concitoyenneté pour chacune et chacun, c’est-à-dire le fait pour chacun d’être à chaque instant éligible et démissible. La démocratie représentative ignore la toxicité du pouvoir, la démocratie participative fait participer à des décisions déjà prises au sommet. La démocratie directe n’est envisageable qu’une fois la hiérarchie renversée. Enfin, l’autogestion ne saurait se mettre en place dans le cadre de la concurrence de chacun contre tous. Des conditions technologiques existent aujourd’hui pour assurer la permanence de ce que la République appelle le compte rendu de mandat.

Il s’agit là d’un bouleversement que seuls ceux qui ont été habitués par leur travail à transformer la matière, peuvent envisager comme possible. Il faut ajouter à cela que pour un besoin satisfait, de nombreux nouveaux besoins surgissent, sans pour autant que soient forcément réalisés les désirs singuliers. C’est seulement dans cette perspective que peut être envisagé le développement harmonieux des personnalités.

Je voudrais avant de terminer ce trop schématique exposé, tirer de l’air de liberté qui souffle sur les pays arabes, deux ou trois enseignements :

 D’abord, il n’est au pouvoir de personne de s’opposer durablement à ce qu’un peuple entier exige. Exemple, personne n’avait prévu la chute du régime de Ben Ali en Tunisie, cela signifie donc que l’imprévisible existe. On appelle cela un événement déclencheur de bifurcation.
 L’islam. La religion n’est pas forcément ce qui unit ou ce qui divise un peuple. Les croyants authentiques refusent de plus en plus nombreux l’instrumentalisation politique de leur foi (théologie de la libération, rejet de l’islamisme par l’islam lui-même, méfiance grandissante vis-à-vis des intégrismes qu’elles qu’ils soient). Le conflit des civilisations ou les « effets dominos » doivent être renvoyés aux oubliettes des spéculations idéologiques conservatrices de l’ordre existant.

A cela, s’ajoute le fait que le communisme n’est plus sur la planète un Etat, ni plusieurs (Cf. le glacis soviétique) mais enfin un mouvement aussi perpétuel que l’horizon qui recule au fur et à mesure qu’on s’en rapproche. Sur la planète le communisme n’est plus un état à atteindre mais une visée à réinventer que les peuples doivent s’approprier, et la visée de ce que les peuples s’approprient objectivement doit être reliée au communisme en tant que mouvement. Exemple : l’obtention des congés payés, le droit d’être rémunéré quand on est malade (la Sécurité Sociale), le coût du transport au travail financé partiellement par les patrons, etc.

Aujourd’hui en France, tout le monde devrait connaître le principe du programme d’ores et déjà partagé sur certains aspects par un puissant mouvement populaire. Les dix millions de personnes qui ont manifesté un jour ou l’autre pour le maintien de la retraite à 60 ans à taux plein, n’ont-ils pas eu l’intuition qu’il s’agissait d’un enjeu civilisationnel ? Idem pour le rejet de l’Europe libérale, comme pour la retraite à 60 ans à taux plein.

La démocratie qui signifie le pouvoir du peuple viendrait alors progressivement combler le trou noir du pouvoir chez Marx. Il ne s’agit pas de prendre le pouvoir à la suite de violences ou de consultations électorales mais de le rendre à ceux qui ne l’ont jamais exercé et peut-être généreusement à ceux qui ne l’exercent plus. Pour cela il faut renverser et révolutionner les institutions, et en faire de nouvelles. La démocratie représentative, la démocratie directe ou l’autogestion précisent ce que voulaient dire les marxismes de l’époque précédente lorsqu’il s parlaient de citoyens et de citoyennes tous éligibles et démissibles (la Commune).

Une question se pose de façon aiguë : pourquoi le populisme en Europe se cristallise-t-il en tendances d’extrême droite et en xénophobie ?

On sait qu’un peuple qui en opprime d’autres ne saurait lui-même se libérer.

La question est donc posée de savoir si le droit international ne devrait pas être fondé sur l’humanisme nouveau qu’est le communisme.

Le développement de chaque personnalité est la condition du libre développement de tous. Nous avons lu à l’envers : « A la place de l’ancienne société bourgeoise avec ses classes et ses antagonismes, surgit une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. » (Manifeste).
Arnaud Spire

21 mars 2011

N.B. - C’est donc de ce pouvoir de s’approprier la force de travail en échange d’un salaire direct le moins élevé possible qu’il faudrait priver les marchés financiers : rendre le pouvoir capté par l’Etat, à tous ceux qui ne l’ont jamais exercé. Et cette perspective ne peut se concevoir sans une transformation profonde de la société, des mentalités et de l’idéologie utilitariste qui assure la prédominance de la rentabilité financière sur l’efficacité économique et sociale. Pourquoi seul ce qui est immédiatement utile ou rentable aurait-il d’ailleurs le droit à l’existence dans un monde très libéral où le calcul tend à se substituer à la pensée ? Nous retrouvons là, sous une forme moderne et plus concrète, la traditionnelle perspective communiste de l’abolition du salariat, de l’institution de la gratuité pour un maximum de biens et de services, et du dépérissement de l’Etat jusqu’à sa disparition.

LA VISEE COMMUNISTE SELON ARNAUD SPIRE

Contrairement à ce que laissent supposer les propos qui figurent dans ce site, je ne suis l’inconditionnel de personne (pas plus de Georges Marchais que de Robert Hue ou de Marie-George Buffet). En aucun cas je ne suis le porte parole d’une tendance quelle qu’elle soit, y compris la soi-disant tendance « huiste ». Les propos ci-dessous énoncés le 31 mars 2011 en Picardie témoignent de ma pensée personnelle de militant communiste.

Messages

  • mon premier prof de philo fut Andre Spire dont j"ai tout de suite apprécié l’enthousiasme et le questionnement
    Je suis d’accord avec la saisie du communisme comme visée et non comme identité.Malheureusement l’histoire est là pour rappeler que les dogmes et les dictatures demeurent er même qu’elles peuvent s’accorder avec le capitalisme.
    Etant née en 1940 A PARIS et de ce fait etant devenue tres sceptique, ayant eu la chance adulte de connaitre par mon travail de productrice salariée a la television certains pays de l’est avant la chute de l’empire soviétique je peux affirmer que pour moi la démocratie reste a construire pas a pas et que la violence grace aux lois peut s"orienter vers de véritables changements au lieu de d’aboutir a des destructions suicidaires comme les émeutes
    .Ne pas oublier que les luttes ouvrieres d’antan ont engendré de grands responsables syndicaux qui ont permis l’instauration du droit de greve et la protetion sociale ainsi que les congés payés . En outre,ayant visité l’ancienne allemagne de l’est il ya deux ans ,j’ai constaté par des rencontres a LEIPZIG que des famlilles ouvrieres regrettaient le socialisme.
    Le dépérissement progressif du service public en France est tres inquietant.
    De même est un scandale pour les générations à venir l’absence de réflexion sérieuse quant à la sortie nécessaire du nucléaire chez les responsables politiques de gauche.ILs paraissent tétanisés par les arguments des pronucleaires.comme si il n’y avait pas d’autres choix possibles. Ce qui manque c’est l’audace et le travail d’imagination.Je pense que Bernard Thibaud a l’intelligence d’exiger des formations pour les ouvriers.Il faudrait aussi que les responsables poliitiques sachent resister aux pressions et ne cessent de s’informer même a contre courant des dominations ideologiques car c’est en apprenant toujours qu’on peut rester critique et devenir inventif L. G .

    • Je pense que Bernard Thibaud a l’intelligence d’exiger des formations pour les ouvriers.

      Ah bon ??

      Première nouvelle !!!!

      Non, lui et son cénacle revendiquent que les ouvriers et employés puissent être (dé)"formés" par les élites bourgeoises. C’est un peu différent !

      La CGT a au contraire complètement abandonné la construction d’une contre-culture et d’un contre-pouvoir DE QUALITE, la formation intellectuelle non-bourgeoisie MAIS de valeur et porteuse d’émancipation. Ce qu’elle a revendiqué c’est que les ouvriers et employés puissent aller se former à Sciences Po pour devenir de bons petits-bourgeois.

      Je ne me prononce pas (pour le moment) sur cet objectif parce que j’aimerais savoir ce que vous en pensez.

      Mais il ne faut pas dire n’importe-quoi pour commencer.

    • Quant au droit à la formation dans le cadre de la relation de travail, encore une fois, là, il faut savoir de quoi on parle !

      Ce DIF a t il pour objet (et pour conséquences mesurables !) de casser la division du travail (ce qui serait une très bonne chose d’un point de vue communiste !). Non. Il a pour objet de recycler au profit du capitalisme et de l’exploitation, des salariés que le patronat veut virer et jeter dehors. Aucune formation ne permet effectivement, dans la théorie et dans les faits, de briser la division du travail entre "spécialistes" de telle ou telle chose, entre "manuels" et "intellectuels" , entre hommes et femmes etc.

      Je suis donc extrêmement sceptique sur votre façon de voir la question générale de l "formation" telle que menée actuellement par la CGT (ou par d’autres) ; mais vous allez peut être m’apporter des arguments pour développer ?

      LL

    • Le dépérissement progressif du service public en France est tres inquietant.

      Il est inquiétant parce que "nous" ne produisons rien pour le remplacer dans la mesure où "nous" nous attachons comme des moules à un rocher à la domination de l’Etat bourgeois. Et que sans Etat il n’y a pas de service public tel que nous le concevons encore. Donc que s’accrocher au service public tel qu’il existe théoriquement et matériellement c’est s’accrocher à la domination de l’Etat.

      Ce qui est vital aujourd’hui pour le mouvement communiste c’est de penser, de créer, d’espérer... en dehors de l’Etat-bourgeois (Etat -Nation comme consensus de la condensation des rapports de classe). Tant que nous n’en sommes pas là, tant que nous ne commençons pas à piger que l’Etat-bourgeois doit être détruit (avec tout ce que cela implique ex-ante et a posteriori), et que globalement, nos propositions s’en tiennent à ressusciter (vainement, forcément) quelque chose que les rapports de classe et le capitalisme sont en train de modifier profondément, à la limite de le détruire en tant qu’existant, nous faisons le jeu de ceux que nous combattons.

    • Si je ne me trompe , cette réflexion est du pur libéralisme. Qui aujourd’hui parmi les gens du peuple en difficulté, les prolétaires au chômage peut se passer non pas de la "protection" mais de la garantie que représente un Etat garant de leur liberté de ne pas se retrouver dans la rue ?
      Cette théorie de la visée communiste est une justification de la social-démocratie au nom du prétendu dépérissement de la domination culturelle et économique Capitalisme. Elle a débouché sur une politique de soutien des luttes "sociétale" du PCF (par exemple), au détriment de la lutte contre les intérêts économiques des Capitalistes. C’est aussi pour cela que le PCF ne fait plus peur à personne.
      De ce fait les capitalistes agissant en France (qui est encore le cadre dans lequel nous naissons, apprenons,, travaillons et mourrons) se sont trouvés libres de délocaliser en réduisant à la pauvreté plus de 10% de la population, afin de sublimer leurs profits au détriment de prolétariats quasi réduits en esclavage.
      J’ai lu Arnaud Spire pendant des années sur l’Humanité : ce journal est devenu avec lui et avec ses amis un journal social- démocratisé.
      Pour se maintenir, le capitalisme n’a pas répugné à exploiter des milliers de déportés dans des camps de concentration en Allemagne. Arnaud Spire nous désarme devant ce crime de masse qu’est le Nazisme qui a su porter à son paroxysme l’exploitation de l’Homme par l’Homme, au plus grand bénéfice de sociétés qui existent encore aujourd’hui.Un capitalisme qui n’aura pas la patience pour détruire la planète et ses occupants, d’attendre une prise de conscience généralisée.

  • Mai 97,

    Il est 19h, je viens d’apprendre par la radio que ça y est, un accord de gouvernement, avec 4 ministres communistes à la clef, vient d’être signé entre le PS et le PCF. Je m’apprêtais à parcourir les 100km qui me séparent de l’AG fédérale qui était censée donner, ou non, le feu vert à une éventuelle participation au gouvernement Jospin. Si c’est déjà décidé , à quoi bon ?

    Je téléphone à l’Huma pour confirmation, ou non , de cette info. Une voie suave, juste à point, me répond... oui...non. Je fait remarquer que les nouveaux statuts de R Hue risquent d’être violés.... oui... non...

    Bof, tu sais, y a quand-même un "très gros ministère en jeu" (Gayssot.... je le saurais le lendemain). Je suis quand même allé à l’AG, qui n’a même pas voté....

    Au fait, qui était au bout du fil ?..... Arnaud Spire bien sûr...

    La suite, tout le monde l’a connait....

    Et maintenant , le Arnaud reprend le violon du parfait marxiste, en attendant, peut-être, l’autocritique......

    • Mais non, mais non, « le communisme est le mouvement qui abolit l’état de choses existant ».

      Autant bien découpée, cette citation quand elle est mise au fronton politique ressemble en diable aux galeries Lafayette. Toutes les saveurs, toutes les coutures, toutes les couleurs, ...

      Sans compter que le capitalisme abolit en permanence l’état de choses existant , c’est vrai également sinon il crève .

      Capitalistes et Spiristes bras dessus bras dessous ?

      Hum, c’est là une non-chronique, des jeux autour des mots qui systématiquement donnent une odeur inverse de leur sens réel et enserré dans toute une orientation.

      Mais "je suis communiste", hummmm, ah là là....

      Un gros ministère ? hummmmmm....

      C’est furieusement communiste ça...

  • MISE AU POINT D’ARNAUD SPIRE APRES AVOIR PRIS CONNAISSANCE TARDIVEMENT DU DOSSIER SUR DE SOI-DISANT "HUISTES" QUI VOULAIENT UN CANDIDAT COMMUNISTE POUR LES PRESIDENTIELLES

    LA VISEE COMMUNISTE SELON ARNAUD SPIRE Contrairement à ce que laissent supposer les propos qui figurent dans ce site, je ne suis l’inconditionnel de personne (pas plus de Georges Marchais que de Robert Hue ou de Marie-George Buffet).

    De quoi s’agit il au juste ? De quel site parle -t-on ? Ce site ? Bellaciao ? Et de quel "dossier" ? L’auteur pourrait il nous préciser le contexte parce que là je ne suis pas. MErci

  • .

    mouais mouais.
    Decidemment.., le mois de janvier c’est la que SPIRE fait parler de lui !!

    .
    Respect par ailleurs pour l’intelligence, le style , quelques combats communs-contre les rouges bruns-etc..
    _
    Mais l’an dernier déjà on avait eu un sujet semblable

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112203

    Je me demande d’ailleus si en fait, ce jour là on n’avait pas cité l’ami ASSANTE pluôt que SPIRE lui même.

    Peu importe , on vérifiera ici :

    http://www.pierreassante.fr/dossier/Spire_Huma.pdf

    Mais j’avais pris mon pied avec le commentaire de la c@naille
    Autant donc le remettre ici.

    Il ya des textes qui ne prennent pas une ride..

    Contrairement à d’autres, qui sont d’une pauvreté rappelant un désert ..à ride.

    Tu m’en veux pas, Guy, de te citer ?

    Puisqu’en plus, on dirait que SPIRE répond, UN AN après, à une "accusation" de huisme..
    A part que je me plante...

    Vouais

    et pendant qu’ils comptent les poils sur les oeufs , quid de l’appropriation collective des moyens de production et d’échange, de sa et de leurs formes.

    Rien de pire que de ne pas avoir de pensée révolutionnaire pour sous tendre l’activité révolutionnaire, c’est même pour cela qu’il n’y en a plus.
    Pratique sans théorie s’enlise dans des sables mouvants aussi fétides que mortifères.

    Rien de pire que les spéculations hors du réels.

    Le réel est que l’élection présidentielle est la mâchoire supérieure d’un piège à loup cisaillant dont l’appât est la démocratie du suffrage universel.

    Pour connaitre les duettistes, les avoir côtoyé à Draveil ou dans différentes réunions, bravo pour l’édification de leur château de carte de leur pensée mais le RSA, les sans papier, les fin de droit, les bas salaires et les chômeurs, comme la casse des statuts exigent de la rigueur dans la pensée pas des duels à fleurets mouchetés sur kikator et kikapator.

    La question c’est le capital : on le subvertie et on l’éradique comme rapport social de production ou on théorise comme Byzance ?

    J’ai trop de respect pour l’historien pour ne pas mesurer l’intérêt de ses questions,mais aussi ses impasses au regard des attentes.

    J’ai moins de patience pour l’opportunisme de l’ex éditorialiste de l’huma qui justifiait tout même ce qu’on ne lui demandait pas.

    Aujourd’hui, peuvent-il enfin jeter un oeil sur la réalité sociale du pays et mesurer l’urgence de ne pas perdre de temps sur le besoin au non d’une candidature chimiquement pure en 2012 mais de se rappeler que la situation concrète, c’est en janvier 2011.

    Comment ne pas leur demander pour une fois de faire effort d’écouter les souffrances populaires pour non pas appeler les luttes en soutiens à leur thèse mais à chercher à comprendre le sens profond de ces luttes et la souffrance qui les fait croître sans repère mais avec vigueur ?

    Si toute pratique est pratique d’une théorie, une théorie sans pratique, c’est le musée Grévin. Au mieux comme des titres universitaire britanniques, on les appellera cire.

    Je ploussoie !

     :))
    A.C

  • Je ne sais pas qui est Arnaud Spire dans le PCF. Donc je ne sais pas s’il est "huiste" ou "thorézien" ou "marchaisien". Apparatchik ou pas. Je connais un peu plus l’intellectuel. Mais sans plus.

    Quand j’en saurai plus je verrai. Mais à la limite j’aime mieux juger d’un texte sans savoir qui l’a écrit. C’est d’abord un exercice intéressant et plus formateur et cela permet parfois de belles découvertes. Ensuite évidemment on peut s’interroger sur la valeur de ce qu’un éventuel "fossoyeur" (si j’ai bien compris l’enjeu du débat sous jacent et secondaire) y compris fossoyeur à son corps défendant, a à dire du communisme aujourd’hui. Mais encore une fois je ne sais pas si l’auteur est ou pas ce genre de "fossoyeur". On verra plus tard.

    Restons-en au texte.

    Ce texte comporte je trouve, de belles fulgurances sur le sujet de l’Etat, de l’émancipation, du processus etc. Je me trouve même certains sujets, non pas tant d’accord, que d’intérêt positif, avec certains passages de ce texte. J’y reviendrai une autre fois, parce que je veux d’abord utiliser mon peu de temps au questionnement et à la critique (ce ne sont pas les louanges ou les redites qui font progresser. tout le monde en sera d’accord).

    CAR.

    De lourdes erreurs aussi de mon point de vue. Erreurs de conclusions , principalement. Ou à tout le moins, des passages qui ne sont pas finis, justement ,qui ne sont pas conclus. Et qui donnent à l’ensemble un caractère fortement contradictoire, mais qui ouvrent in fine sur une discussion qui peut être tout à fait passionnante.

    Et aussi, non pas des erreurs, mais des choix idéologiques, qui se dessinent sur tout à la fin du texte , et qui sont "saignants"... Commençons.

    Par exemple ceci, qui m’interroge beaucoup :

    On peut donc affirmer, sans grand risque, que les capitalistes creusent leur propre tombe dans la mesure où ils ne prennent pas les décisions nécessaires pour réinvestir dans des domaines productifs la valeur qu’ils ont confisquée.

    et

    C’est pourquoi, on dit couramment depuis Marx, que les capitalistes, au fur et à mesure qu’ils se développent creusent leur propre tombe

    Je pose la question à Arnaud Spire : "Donc ?" quelle conclusion tire-t-il de ce que Marx aurait selon lui, dit (et dont je sais qu’en effet c’est très en vogue notamment au PCF un sujet qui nous vient, hélas, de la pensée d’un Toni Negri, que pour le coup, oui, je connais bien et qui est, de mon point de vue, comme un loup dans une bergerie pour le mouvement communiste, pour lequel je n’ai aucun respect ni aucune pitié, et que cela fonde toute une partie de la renonciation sur la modalité de la lutte de classe, voire, sur la lutte de classe elle-même) ?

    Car Marx et Engels ont aussi dit ceci (totalement oublié en l’espèce) :

    Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande [4] et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.

    Donc ?

    Attention, ce n’est pas du tout un sujet anodin, ce n’est pas une question pour couper les cheveux en quatre ou pour le plaisir de critiquer. Non non on a un sujet fondamental là.

    Surtout quand on lit sous la plume du même Marx un texte tel que son "Discours sur le libre échange". Qui sert de base implicite à certains idéologues pour avancer leur interprétation de Marx.

    Donc je ne sais pas si Arnaud Spire daignera entamer avec nous tous un débat avec le texte qu’il a posté ici mais je l’espère. Et s’il ne répond pas, nous pouvons naturellement en débattre sans lui.

    ...

    On ne saurait réduire l’appartenance de classe au mode de vie qu’est la prolétarisation croissante des couches salariées, sous peine de ne pas comprendre le caractère universel des représentations idéologiques.

    Là aussi, je m’interroge. J’aimerais des précisions. Pour moi là l y a une zone d’ombre. Ou Arnaud Spire en a trop dit ou il n’en a pas assez dit...Et comme je ne veux pas faire de procès d’intention...

    En tant que visée identitaire, le communisme aliène ce qu’il porte d’universel dans la nation (l’Etat-souverain).

    Ceci également (avec quoi je suis en partie d’accord, mais seulement en partie), demande développement, éclaircissement...

    C’est pourquoi le communisme ne saurait avoir pour seul caractère distinctif l’abolition des rapports de propriété et la généralisation de la propriété sociale des grands moyens de production et d’échange. Croire à la vertu décisive d’un pur transfert de propriété économique – autour de quoi s’est construit, très en-dessous de Marx, le concept traditionnel du socialisme - est « indigent ».

    Cela, qui est, de mon point de vue une évidence. Le communisme économiste n’a aucune chance de nous être utile. CEPENDANT, faudrait il déduire de cette juste critique de l’économise que nous devons abandonner cette partie de la lutte pour l’appropriation collective et la propriété sociale ?? Question, là encore, et pas des moindres...

    Il faut donc combler ce que d’aucuns appellent le « trou noir du pouvoir » chez Marx.

    Très juste. Je suis absolument d’accord.

    Mais "la suite" me laisse beaucoup plus perplexe.

    Ainsi :

    La lutte de classe doit être orientée vers la construction d’institutions pour le peuple tout entier. Il est d’ailleurs significatif que tous les Etats socialistes et les partis communistes se soient sentis mal à l’aise avec la notion de dictature du prolétariat et y ait substitué, ce qui est moins connu, l’Etat du peuple tout entier.

    Là, là, on touche le point critique, le lieu où, je pense, nous allons avoir de sérieuses contradictions. Et là où je suis également d’accord avec Arnaud Spire c’est que l’époque que nous traversons, nous, communistes, ne se prête ni aux demie- mesures ni aux compromis théoriques entre les chèvres et les choux... On sait ce que cela signifie, j’espère. En tout cas moi, quand je dis cela, je sais ce que cela implique ;-) Je ne doute pas qu’Arnaud Spire également.

    il faut non seulement étendre au maximum le champ de la gratuité par l’instauration d’un revenu d’existence universel non lié au temps de travail

    Ahhhhh ! Je suis contente :-D J’ai gagné le pari que je me suis fait en début de lecture de ce texte (c’est pour ça que c’est bien de ne pas "connaître" l’auteur, cela permet des exercices intellectuels sympathiques et ainsi, d’avancer un peu plus clairement ;-))

    Nous y voilà.

    Le Revenu d’Existence Universel :-D et, "non lié au temps de travail" en plus :-D
    "LE" cadeau empoisonnée que Toni Negri a fait au mouvement communiste issu de la transformation des années 70.

    C’est marrant, moi, si j’étais la personne qui écrit d’abord cela dans le texte :

    La socialisation des grands moyens de production et d’échange ne saurait s’effectuer dans le cadre des institutions et idéologies, des superstructures qui confortent la base capitaliste de la société.

    et puis plus loin, ceci :

    La démocratie représentative ignore la toxicité du pouvoir, la démocratie participative fait participer à des décisions déjà prises au sommet. La démocratie directe n’est envisageable qu’une fois la hiérarchie renversée. Enfin, l’autogestion ne saurait se mettre en place dans le cadre de la concurrence de chacun contre tous

    je ne pourrai pas soutenir ensuite la création du REU sans avoir l’impression d’être au cœur de ma propre contradiction (pour le dire gentiment) :-D

    C’est vrai quoi. Alors on ne peut pas socialiser ni autogérer dans le cadre de la société capitaliste (ce en quoi je ne suis pas forcément en désaccord, raison pour laquelle je suis (r)évolutionnaire) , MAIS on peut instaurer un REU ? J’avoue que ça me la coupe venant d’un esprit aussi brillant...

    Ma conclusion à ce stade, c’est que malheureusement, et comme toujours, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

    Entendons-nous bien, je n’ai pas de prévention ad hominem contre Toni Negri dans ce cadre (j’en ai politiquement certes et humainement, en général mais je mets cela de côté pour le moment car pour moi se laisser subjuguer par la pensée de Toni Negri c’est à peu près équivalent à se laisser subjuguer par la pensée de Staline...)

    Le négrisme (je vais résumer comme ça l’intoxication dont Arnaud spire me semble victime) a comme présupposé et/ou conséquence un Etat-Moloch. Le pire cauchemar hobbesien. Toni Negri, c’est la sacralisation du pouvoir du Leviathan.

    Bref, le négrisme, c’est la voie "moderne" du totalitarisme le plus terrifiant.

    En tant que communiste et DONC, anarchiste, je ne pourrai jamais souscrire aux conclusions qu’impose, sans jamais le dire clairement, le marxisme de Toni Négri, repris ici, très brillamment, par Arnaud Spire.

    Son Etat-Titan, et le Revenu d’Existence Universel qui va avec, il peut se le garder. Je préfère crever de faim, je le dis très tranquillement, plutôt que de devenir cet "homme" que les meilleurs auteurs de science fiction nous offrent à voir dans leurs projections les plus pessimistes, comme on peut en voir par exemple dans le film "Equilibrium"

    (le pitch de ce film est le suivant, vous comprendrez pourquoi j’y pense en lisant Negri ou ce texte : Libria, 2070. Le monde a vécu un terrible holocauste nucléaire. Les survivants, atterrés par leur propre déchéance, ont cherché à trouver un remède à l’inhumanité de l’Homme envers l’Homme. D’aucuns pensèrent alors que ce qui conduit l’Homme à ces extrémités est sa faculté émotionnelle, sa capacité à ressentir, à désirer, à haïr. Ils proposèrent alors un remède simple mais efficace contre ce mal : le Prozium. Le Prozium est une substance puissante qui a pour effet de neutraliser les sentiments, de ne plus permettre à la haine, à la violence et à la colère d’exister ... tout comme les nobles sentiments qui ne peuvent plus s’exprimer. Ainsi, amour, passion, joie, tristesse et toutes les autres formes de sentiments existants ont été « sacrifiés » pour permettre à la société de vivre en harmonie, en paix.
    Ce Prozium, que tous prennent désormais sans réfléchir, dans un automatisme extrême, a permis à une société pseudo-religieuse de s’installer. Ainsi, il existe une vraie société hiérarchisée autour de l’ordre des Tetra-Grammatons dont la tête est le Père et dont la main exécutive, les soldats de l’ordre, sont les Recteurs Grammatons ou Ecclésiastes. Ces Ecclésiastes sont formés à la détection et l’éradication des déviants émotionnels (des rebelles qui refusent de prendre leur Prozium ou qui osent avoir des sentiments et protègent des œuvres d’art - tableaux, des livres proscrits par les Tetra-Grammatons)
    .)

    Ou tel que l’excellent ouvrage du non-moins excellent Damasio a peint (je veux bien-sûr parler de "la zone du Dehors" (mais il y a bien d’autres très bons exemples de ce type).

    Tout le courant de pensée de Negri, c’est une théologie du renoncement au service du totalitarisme "moderne".

    Je reviendrai d’ailleurs peut être aussi sur la parenthèse relative à la religion (je précise immédiatement que je ne suis pas de ces gens qui font dire à Marx ce qu’il n’a pas dit sur le sujet et que je connais parfaitement le passage et l’ouvrage qui fondent la "mauvaise interprétation" de "l’opium du peuple") mais je le ferai plus tard... On ne va pas tout mélanger, un plaisir à la fois :-D

    Bref en conclusion à ce stade : Ce n’est pas le tout de poser des constats, il faut, pour être un communiste conséquent (et comme y invite d’ailleurs Arnaud Spire, ce en quoi je suis d’accord avec lui) essayer de faire des projections, et de tirer des hypothèses , des conclusions d’étape. Et c’est là que ça coince sérieusement dans ce texte dirai-je.

    Affaire à suivre.

    LL

    • Je pourrai également développer sur le fait que LE REU c’est LE MEILLEUR MOYEN au capitalisme de perdurer.
      (Mais là encore, on y reviendra, pas tout en même temps)...

      C’est vraiment l’idée la plus malsaine qu’il ne faut SURTOUT pas laisser insérer dans les consciences de la classe ouvrière.

      Le REU quel pied ! Les capitalistes vous virent ou vous sous-payent ? Bah pas grave, l’Etat (mais QU’EST CE QUE l’ETAT ? C’est là le trou noir chez Marx bien plus que celui du pouvoir -et à quoi ni Spire ni Négri ne répondent) l’Etat vous replâtre avec un REU. Au lieu de faire la manche dans la rue on fait la manche au guichet :-D etc etc .

      Implications directes et indirectes d’une telle "bonne idée" ? Ahhh ça, on saura pas. On ne nous le dira pas.. ;-)

      De mon point de vue, ce texte (et peut être cet "intellectuel" que je ne connais pas) est dans la droite ligne de la théorie dominante dans le courant PCF/issu du PCF qui constitue ce que l’on peut appeler désormais "l’ALTERCAPITALISME" que notre vieux copain Francis Parny a "avoué" dans un numéro de "Communistes" il y a quelques mois... et qu’il FAUT combattre (logique hein, l’époque n’est PAS aux demi-mesures et au consensus, sur ça au moins Arnaud spire et moi sommes d’accords tous les deux ;-) -> guerre à mort donc. Pas de prisonniers. Pas de quartiers. Ca me va.)

      Bref c’est là qu’on voit comment on a converti d’anciens cocos à la gestion du capitalisme. Les pov’ capitalistes ont du mal à trouver des solutions pour perdurer valablement, et ben nous on va leur en trouver :-D

      Plus qu’une théologie du renoncement je dirais que ce type de courant c’est la THEORISATION DE LA PEUR et que plus que de "visée communiste" il y a là une visée d’abord mystificatrice. Il faut cacher. Cacher la peur de la dictature du prolétariat. De la part de la (re)constitution de la classe. Etc...

      Comment s’en étonner in fine quand on sait d’où ça vient ? Je veux dire, pas tant de l’homme, mais de la FORMATION IDÉOLOGIQUE, SOCIALE, CULTURELLE, de Negri ? Moi je vous le dis, si le choix qu’on a c’est entre Négri et Losurdo (c’est à dire entre le stalinisme et le maoïsme :-D), franchement, on est mal barrés. Ouvrons les portes et les fenêtres. De l’AIR. Vite !

      LL

    • Moi je vous le dis, si le choix qu’on a c’est entre Négri et Losurdo (c’est à dire entre le stalinisme et le maoïsme :-D), franchement, on est mal barrés. Ouvrons les portes et les fenêtres. De l’AIR. Vite !

      Et moi je dis que si dans l’urgence actuelle le débat est de porter l’anathème contre des Negri ou des Losurdo, qui, quoi qu’on en pense ont au moins le mérite d’attirer l’attention et d’analyser sur des sujets prépondérants, je pense donc qu’on est nous aussi mal barrés.

      A moins qu’on ne me prouve éléments en main que ces messieurs, et les autres de ostracisés à tort ou à raison, sont délibérément à côté du sujet et tordent volontairement leurs analyses.

      S’ils sont de bonne foi dans leurs analyses ils ne font que rejouer ce que TOUS nous avons fait un jour, en pensant porter avec sincérité la bonne solution ou analyse, alors que c’était NOUS qui portions les problèmes, ou une partie d’entre eux.

      Dans l’urgence actuelle TOUTES les analyses et les informations sont bonnes à prendre. Ne serait-ce que pour les démonter constructivement pièce par pièce.

      Et pour mon compte, toute personne qui avance ce qu’il pense réellement, ce qu’il a appris ou cru apprendre, avec franchise et conviction, et le met à la disposition de ceux qui veulent réellement changer les choses, fait oeuvre constructive. Même si on doit démonter cette oeuvre ultérieurement si on découvre une solution alternative et meilleure.

      Donc pour mon compte, le raccourci de La Louve sur les sieurs en question en dit trop ou pas assez.

      Car s’ils sont sincères, qui peut dire aujourd’hui ce que seront devenu les Negri ou Losurdo, ou La Louve, ou moi-même, dans 20 ans s’ils sont encore en état d’analyser et ce combattre ??? Et comment seront appréhendés leurs travaux, leur pensée, ou leurs posts ?

      Je n’accepte l’anathème que contre les traîtres et les hypocrites. Les autres, tous les autres ont droit au débat franc et ouvert. Pas pour eux, mais pour ce qu’il peuvent apporter.

      Penser le contraire serait avoir une mémoire bien courte par rapport aux volte-faces que nous avons du faire lors de ces 50 dernières années afin de rester intègres et en accord avec nos buts et nos convictions.

      Evidemment je ne tente pas d’imposer ce point de vue qui reste personnel, mais je pense qu’il est normal qu’il soit pris en compte et analysé par les tiers intervenants.

      Et pour ce qui en est des mots en "ïsme" cités par La Louve, on sait bien qu’il s’agit de concepts qui ont été et continuent d’être évolutifs dans ce qu’ils représentent dans l’inconscient collectif des masses et dans l’histoire elle-même. Des concepts qui à force d’être appliqués à toutes les sauces finissent par ne plus rien signifier que le sens, positif ou négatif, que chacun de leurs utilisateurs leur délègue selon ses voeux et se convictions subjectives.

      G.L.

    • Je vois que malheureusement tu ne connais pas Toni Negri.

      Parce que si tu veux qu’on parle de "traîtres", alors là, oui, mon cher GL, on PEUT parler de Toni Negri.

    • Donc pour mon compte, le raccourci de La Louve sur les sieurs en question en dit trop ou pas assez.

      Car s’ils sont sincères, qui peut dire aujourd’hui ce que seront devenu les Negri ou Losurdo, ou La Louve, ou moi-même, dans 20 ans s’ils sont encore en état d’analyser et ce combattre ??? Et comment seront appréhendés leurs travaux, leur pensée, ou leurs posts ?

      Excuse-moi mais....

      Qu’est- ce que la "sincérité" vient foutre là-dedans ? Et comment comptes- tu la quantifier, la "sincèrité" ? LE scorpion qui te pique quand tu le portes sur ton dos, il est sincère aussi quand il te dit qu’il est désolé et que ce n’est pas de sa faute !!

      Losurdo, qui réussit le tour de force de faire un livre sur l’histoire du PCI en traitant le "compromis historique" avec la démocratie chrétienne comme un "détail" un fait mineur de l’histoire de ce parti, ça ne t’interpelle pas toi ?...Et Negri, dont je ne rappelerai pas l’histoire ici (mais qui est une histoire éclairante, quand on la connait d’ailleurs que de Wikipedia, bien-sur), mais qui a écrit cette phrase révélatrice qui fonde toute sa pensée : « Les luttes du prolétariat constituent - au sens ontologique du terme - le moteur du développement capitaliste » (traduction : pour tuer le capitalisme arrêtez de lutter contre)....

      Soyons sérieux. Un mec qui promeut le Revenu Universel d’Existence dans une période du capitalisme comme celle que nous connaissons ne nous veut pas du bien. Si t u ne t’en rends pas compte, et cela me surprend de ta part, et bien c’est tant pis pour toi.

    • Excuse moi GL mais si tu veux parle de Tony Negri pas de problème, si tu parle de "traite" on parle bien de lui : "Dans ses écrits, il commence à formuler l’hypothèse aberrante de la dissociation. Dénué de toute dignité, habitué au pire opportunisme, Negri suggère à l’État de concéder des facilités judiciaires à ceux des détenus politiques qui répudieraient publiquement l’usage de la violence et qui déclareraient objectivement terminée la guerre contre l’État. Inutile de dire que, lors des affrontements avec les prisonniers qui ne renieront pas leurs choix, l’État justifiera son usage d’une poigne de fer." mais avant de ne discuter je te conseil de lire quelques articles a propos de cet "personnage" :

       Negrisme & Tute bianche : une contre-révolution de gauche

       Negrisme & Tute bianche : la contre-révolution negriste en france

       Negrisme & Tute bianche : les Tute bianche à Gênes

       Negrisme & Tute bianche : Antonio Negri, portrait craché

       Negrisme & Tute bianche : barbares, notes sur Empire

       Negrisme & Tute bianche : les épigones français du negrisme

       Negrisme & Tute bianche : des nouveaux assistants sociaux à Rome

       Les Négristes (Toni Negri), les verts et les "Multitudiens" appellent, eux, à voter oui au TCE (Nous ne nous étonnons pas...)

       Toni Negri, l’empire, la multitude et... la Constitution européenne

       Les idées délirantes de Tony Negri...

       LE NEGRISME : CETTE SALETE IDEOLOGIQUE QUI TUE LA LUTTE DE CLASSE

       UN FAUX-AMI : TONI NEGRI

       L’Empire n’existe pas ! Une critique des idées de Toni Negri

       "Oui au traité européen" : le retour tumultueux de l’Italien Toni Negri dans les amphis parisiens

  • Heureusement que la "visée des sangliers" n’est pas dans l’état de la "visée communiste"
    car c’est pas demain que les révolutionnaires Cévenols boufferaient de la daube.

    Pour le reste je suis largué,ce qui me convient parfaitement pour faire une ballade sur la Grande Bleue.

    Hé oui m’sieurs dames,j’ai pas fait ma formation à "Sciences pipeau" mais à "Sciences prolos" à Courcelles.

    Quand je suis perdu au milieu de ces sommités "inlello",je joue au "loto"....,de l’absurde bien sûr.Et j’ai gagné !

    J’ai tiré NEGRI et THIBAULT !

    Négri a voté OUI au TCE en 2005 pour se débarrasser de la NATION.

    Thibault a voté OUI pour la sauver.

    Bonne journée.

    LR

    • Négri a voté OUI au TCE en 2005 pour se débarrasser de la NATION.

      Thibault a voté OUI pour la sauver.

      Et ni l’un ni l’autre n’a atteint son but...

      Ceux qui ont gagné, pour l’instant, ce sont les "troisièmes larrons".

      Ceux qui avaient définies les règles du jeu à leur propre usage et intérêt avant même qu’on y pense.

      Et il en sera ainsi tant qu’on ne regardera pas au delà de la cape rouge qu’on nous agite devant les yeux.

      Et pour ton analyse sur la situation des sangliers et de la daube, 100% d’accord.

      Sauf qu’actuellement c’est nous qui jouons le rôle du sanglier, et d’autres qui nous chasent et nous bouffent en daube.

      Alors, est-ce que les "sangliers" auront eux aussi un jour une "visée du chasseur" ???

      Sinon il est temps qu’ils l’acquièrent au plus vite...

      G.L.