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Pour que personne ne sorte de la photo !

Publie le jeudi 12 octobre 2006 par Open-Publishing

de gib

L’approche de l’échéance de la désignation du candidat de l’Alternative unitaire à l’élection présidentielle engendre de la crispation au sein du camp anti-libéral.

L’enjeu n’est pas mince : nous devons démontrer par notre programme, notre démarche, nos candidats aux législatives et notre candidature à la présidentielle que le poids de l’alternative anti-libérale ne permet plus de renouveler les expériences passées.

Dans cette perspective, la candidature à la présidentielle doit être démonstrative de la modernité et de la nouveauté de cette démarche.

LE DOUBLE-CONSENSUS

L’Alternative unitaire a décidé de déterminer le nom qui figurera sur le bulletin de vote de la présidentielle par consensus ; double-consensus même : des collectifs et des organisations.

La recherche du consensus, ce n’est pas la recherche du plus petit dénominateur commun, c’est l’expression et la mise en mouvement de notre diversité. Le choix du double-consensus est plus que jamais justifié. Notre méthode doit être symbolique de notre démarche et notre choix devra personnifier le renouveau à gauche.

Nous ne sommes pas dans le même trip que l’UMP ou le PS ! Nous n’allons pas remettre notre sort dans les mains de celle ou celui qui sera notre candidat. Notre souci n’est pas d’inventer une nouvelle écurie électorale. Nous ne sommes pas à la recherche de la femme ou de l’homme providentiel pour diriger la France.

Nous tentons de sortir du bipartisme et d’ouvrir une perspective politique anti-libérale.

Pour cela, aucun parti engagé dans la démarche, aucun des collectifs unitaires, aucun des individus qui composent les uns et les autres ne doit se sentir battu si la candidature qui a sa préférence n’est pas celle qui est retenue. Et pour y parvenir, il n’y a que la règle du double consensus. Elle ne donne à personne un droit de veto. Elle s’impose à tous et à chacun ; elle oblige à trouver les terrains d’entente stratégiques et politiques.

Abandonner le principe du double-consensus, ce serait changer la règle choisie en cours de route ; je ne crois pas que ce soit de bon augure. Et des primaires, ce serait aussi anti-démocratique que l’élection présidentielle elle-même. Nous aurions ni plus ni moins un scrutin uninominal à deux tours entre nous. Et l’acceptation de la diversité passerait sous la table ? Et, comme au beau temps du centralisme démocratique, la minorité devrait s’incliner devant la majorité ? Misère de misère, le remède que propose José par courrier me paraît pire que le mal !

NOUS NE SOMMES PAS « TOUS PAREILS »

Dans la recherche de ce consensus sur la stratégie, le programme et les candidats, la question du nom sur le bulletin de vote de la présidentielle est importante du fait de la place prise par cette élection dans la vie politique nationale [raison de plus pour changer les institutions comme l’a écrit l’ami Bernard Langlois(1)]. C’est peut-être sur ce point que nous avons le plus de risque d’échec.

Il est évident que ce nom devra fédérer toutes les sensibilités de l’Alternative unitaire. Et il est important de donner plus de place à la jeunesse dans notre rassemblement. J’ai déjà écrit - maladroitement - qu’il est inutile d’ignorer que nos électeurs potentiels pensent qu’on ne fera pas du neuf avec du vieux. J’ajoute après cette proposition de primaires que ce n’est pas avec une vieille méthode qu’on renouvellera la vie politique.

Si le nom de Clémentine Autain ne fait pas l’unanimité, elle reste celle qui "personnifierait" le mieux notre rassemblement, sa capacité à briser le carcan du bipartisme et le mouvement de renouveau de la vie politique qu’il engagerait.

Cela m’amène à la difficulté d’accepter que nous ayons des façons de penser, des sensibiltés différentes.

Au fond, nous refusons d’accepter que "nous ne sommes pas tous pareils". Le problème est que "pourquoi ne sommes-nous pas tous pareils." qui se traduit parfois par "le parti se renforce en s’épurant" n’est pas une question politique. Elles est du ressort de la gestion de l’intime et du social à minima (l’exemple français des familistères est éloquent). Nous savons maintenant que dans l’engagement au sein d’un parti et dans la volonté de le voir toujours soudé, il y a une part de réponse à nos angoisses les plus intimes. Même le culte de la personnalité fonctionne la-dessus.

Il n’est pas habituel de creuser ces questions tant est forte la tradition qui consiste à tenter d’effacer l’individuel derrière le collectif. Mais les masquer ne les font pas disparaître. Au contraire, plus on cherche à les enfouir, plus elle sont douloureuses et stérilisantes !

Accepter nos sensibilités différentes serait rendre le plus grand service au peuple de ce pays. Nous sommes nombreux à rappeler que les militants ne suivront pas comme un seul homme tel ou telle. Ils décideront d’être des militants actifs de la campagne des présidentielles puis des législatives parce que leur diversité est prise en compte et qu’elle sera devenue - comme en mai 2005 - une force féconde.

Cette diversité ne permet pas à José Bové, Marie-George Buffet ou Olivier Besancenot d’être la ou le candidat unitaire : ils sont d’abord les porte-paroles de courants importants qui traversent les forces anti-libérales. Et le meilleur service qu’ils puissent nous rendre et de continuer à l’être. J’ai un souvenir ému de Marie-George et José s’échangeant des textes avant de se rendre au meeting parisien d’Emmanuelli. Cette capacité à discuter, à s’écouter, à s’enrichir de la pensée de l’autre est prometteuse d’avenir. A l’inverse, le repli et l’anathème - tout rassurants qu’il soient sur le plan psychologique - ne nous permettraient pas de jouer la gagne.

Ceux qui souffrent, ceux qui luttent, ceux qui espèrent, attendent beaucoup de notre rassemblement. Et notre réussite serait un formidable encouragement à toutes les luttes au-delà des frontières hexagonales. L’effort demandé est important parce qu’il remise au passé des pratiques et des façons de penser. Certes. La remise en question touche tout le monde. re-Certes. Mais il n’est que temps de nous mettre en marche.

La modernité ou l’à propos d’une candidature comme celle de Clémentine Autain contraint à penser le parti (ou le rassemblement) non plus comme le sanatorium de notre ego ou celui d’une classe sociale dominée mais comme un outil de transformation de la société. Et cet outil, moins il est pur, plus il est fonctionnel. Il se renforce en se nourrissant de tout ce qui, au service de transformation de la société, n’est pas lui.

REPONDRE A LA DEMANDE D’UNITE

Chacun se souvient du texte de Xoup [les 3B(2)], écrit le 25 juillet sur le site de l’Alternative unitaire. Ce texte a rencontré immédiatement un vif succès. Et c’est bien compréhensible tant était grande l’inquiétude de voir voler en éclat le rassemblement qui a fait gagner le "non" par sa gauche en 2005. Il n’a rien perdu de son actualité.

Après l’AG des collectifs du 10 septembre, il fallait que la direction du Parti communiste prenne une orientation. J’ai écrit sur ce site dans le prolongement de l’appel "Une obligation de réussite" (3) signé - entre autres - par la moitié des députés communistes, que le PCF pouvait imposer la candidature de sa secrétaire nationale mais à un prix qu’il fallait mesurer : briser le rassemblement de l’Alternative unitaire.

Le conseil national du PCF a adopté une résolution au terme de ses débats qui stipule notamment : « Pour la désignation des candidatures aux élections présidentielle et législatives, nous proposons de poursuivre la même démarche que pour la définition de la stratégie et du programme : celle de la construction commune de choix communs. C’est la politique du Parti communiste. Nous n’y renoncerons pas.[...et plus loin...] Les communistes ont toujours dit qu’ils n’avaient aucun autre préalable que la recherche du succès du rassemblement et de la candidature antilibérale. Ils discutent donc toutes les propositions » (4). Et le processus de décision qui a été mis au point ne se conclut pas par la conférence nationale mais par un vote des membres du parti APRES la décision des collectifs.

La démarche unitaire du PCF est donc confirmée par sa direction.

La démarche de l’Alternative unitaire est ambitieuse : rassembler toutes les forces anti-libérales sur une stratégie, un programme et des candidatures définis en commun par consensus. Ceux qui pensent encore que "le parti se renforce en s’épurant" ne partagent pas cette démarche ; cela vaut qu’ils soient minoritaires au PCF ou majoritaires à la Ligue. Mais cela vaut aussi pour toute méthode qui cherche à gommer les différences par une consultation binaire. On peut reproduire les schémas partidaires an dehors d’un parti.

Que ceux qui ne renoncent pas à l’espoir né durant la campagne référendaire gardent leur sang-froid et leur libre arbitre. L’enjeu vaut bien de dépasser les ego partisans. C’est même une dette contractée par les leaders de la campagne du "non" de gauche auprès des citoyens. Faisons en sorte -pour reprendre l’expression de Clémentine (5) - que personne ne sorte de la photo !

(1) http://www.agoravox.fr/article.php3...

(2) https://bellaciao.org/fr//?page=art...

(3 http://www.patrice-leclerc.org/appe...

(4) http://www.pcf.fr/docs/telecharger/...

(5) http://www.clementineautain.typepad...