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CHOMDU 9

Publie le mardi 5 février 2008 par Open-Publishing
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de P’tit Nico

(... suite)

Mais l’problème, y dit Fred, c’est que quand t’es devenu l’Homme Nouveau plein d’Lumières comment tu sais qu’t’es
nouveau ? Ça doit être comm’ l’ordinateur qu’tous les six mois y’en a un nouveau qui sort, alors l’précédent y devient
l’ancien nouveau, mais l’nouveau y sait pus c’qu’c’était l’ancien.

Ça doit être pour ça qu’y s’appellent post-modernes, pour s’différencier d’avant qu’y z’étaient modernes tout court parce
qu’la poste ell’ avait pas encore été privatisée, y dit Djamel. Ça doit être pour ça qu’l’facteur y veut changer d’nom lui
aussi.

C’est pour ça qu’c’est intéressant d’savoir c’qui z’ont dit avant les bourgeois, y dit Polo, pour expliquer pourquoi y
faisaient l’Homme Nouveau, mêm’ si c’est difficile à lire parce qu’c’est écrit en bourgeois.

Surtout qu’tu t’rends compte
qu’c’est presque toujours la mêm’ chose sauf qu’maintenant on a des rollers et qu’avant c’étaient des patins à roulettes.
Comm’ pour l’pouvoir d’achat, qu’ça fait des lustres, ou des chandelles, qu’ça dure cett’ histoire. Dans un Almanach
Hachette de 1936 qu’y l’a trouvé Polo dans un grenier en aidant une amie d’sa mère à déménager, la « Petite
encyclopédie populaire de la vie pratique qu’ça s’appelait », y a un article qui dit :

« Gaspillage et dépenses méthodiques : c’est notre manière de vivre plus confortable qui est la vraie cause de la cherté de
la vie actuelle ; on peut l’atténuer et même la ralentir en dépensant mieux et en dépensant moins.

Aux Etats-Unis, on a organisé des commissions chargées d’étudier la façon de vivre des ouvriers dans un certain nombre
de villes industrielles du Nord-Est et on a constaté que les radis, les concombres et la salade sont des objets de grand
luxe, si bon marché qu’ils coûtent, car ils ne fournissent aucune matière nourrissante. Le sucre et l’alcool fournissent de
la chaleur, mais pas de matières protéiques. Ils brûlent la chaudière dont les parois ne sont pas réparées. Les bas
morceaux de viande sont aussi nourrissants que les morceaux de première qualité, seulement s’ils ne sont pas bien
préparés, ils se digèrent mal.

La bonne alimentation dépend de la ménagère, qui doit savoir bien faire la cuisine et
connaître la valeur alimentaire des diverses denrées qu’elle achète.
Sans doute, on pourrait renoncer à fumer, à boire de l’alcool et du vin, à manger de la viande et des fruits. On pourrait
aussi ne porter ni dentelles, ni bas, ni bottine, mais le progrès ne consiste pas dans la privation : il est dans
l’augmentation du pouvoir d’achat de chacun qui ne peut venir que de l’augmentation de la production générale. »

On croirait l’développement durable de not’ président, y dit Djamel. Les pauvres y doivent apprendre à s’serrer la
ceinture et les riches à déboutonner leur pantalon.

C’est pour ça qu’après y z’ont fait un’bonne guerre pour relancer tout ça. Et qu’est-ce qui t’dis que not’ président y va pas
nous en faire une à nous aussi, y questionne Fred ? Parce que juste avant cette guerre y avait Charles Trenet qui chantait
"y a d’la joie" et qu’maintenant c’est Higelin qui veut nous apporter "tant de joie" en échange de nos p’tites pièces qu’ça
doit être pour préparer la guerre aussi.
Et quand tu vois qu’maintenant encore, y dit Fred, au XXI° siècle, y a des mecs comm’ Baverez, c’lui-là j’l’ai vu dans la
télé de not’ président, beurk, qui disent qu’ « le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié
pour aller dans le Lubéron, autant pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le
développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études. », y a d’quoi
dégueuler. Ouais, y réplique Afid, lui gerber d’ssus !

Les "couches les plus modestes", c’est toujours l’prolo, qu’y dit Fred.
« Lucian Szczyptierowski, qui finit sa vie dans la rue, empoisonné par un hareng pourri, fait partie du prolétariat au
même titre que n’importe quel ouvrier qualifié et bien rémunéré qui se paie des cartes de nouvel an imprimées et une
chaîne de montre plaqué or. L’asile de nuit pour sans-abri et les contrôles de police sont les piliers de la société actuelle
au même titre que le Palais du Chancelier du Reich et la Deutsche Bank. Et le banquet aux harengs et au tord-boyaux
empoisonné de l’asile de nuit municipal constitue le soubassement invisible du caviar et du champagne qu’on voit sur la
table des millionnaires. Messieurs les Conseillers médicaux peuvent toujours rechercher au microscope le germe mortel
dans les intestins des intoxiqués et isoler leurs " cultures pures " : le véritable bacille, celui qui a causé la mort des
pensionnaires de l’asile berlinois, c’est l’ordre social capitaliste à l’état pur » qu’ell’ dit la pote Rosa.
Pourtant, pour l’construire, leur Homme Nouveau, y z’ont mis l’paquet les bourgeois.

Par exemple dans la construction des villes comm’les villes minières du XIX° siècle. « L’objectif, y l’explique m’sieur
Blanquart qu’est historien, c’est de former un milieu ouvrier héréditaire, donc sain (...) d’où doit sortir une race de
mineurs. (...) Faire des usines-couvents, mais plus aérées. (...). Autour de l’usine ou des houillères, c’est le monotone
alignement des petites maisons ouvrières. De la géométrie, mais pas de plan. Ce qui est recherché, dans cette cité
artificielle, ce n’est pas l’allure, l’ordonnancement visible de l’ensemble, mais la cellule de base. Et celle-ci se réduit à
l’habitat du ménage. Habitat exclusivement, et seulement pour la conjugalité légitime. On ne veut pas des célibataires :
leur logement comporterait des salles de réunion qui risqueraient de devenir des foyers d’émeute et de sédition. Leur
goût pour les cabarets, leur sexualité expansive, leur érotisme de couloirs et d’escaliers créeraient l’atmosphère
collective fusionnelle que l’on cherche justement à exorciser en sérialisant les masses par l’intimité conjugale et
familiale, c’est-à-dire par l’enfermement sur soi du couple procréateur.

C’est aussi la raison pour laquelle on se méfie des
veuves, surtout quand elles sont jeunes. Tout est fait pour aider la seule sexualité domestique. Dans nombre de ces cités,
les secours sont retirés aux ouvriers atteints de maladies vénériennes.
Et déjà, à Briey en 1870, des garderies d’enfants sont mises à la disposition des mères, signe que, dès le départ, les
équipements collectifs sont conçus pour produire, ou reproduire la famille conjugale. Cet équipement-là, soit dit en
passant, permet d’en savoir long sur la façon dont le ménage est tenu : par l’intermédiaire des enfants, il est un moyen
d’éducation de la mère au foyer », qui après éduque l’père, y dit Djamel qui suit.

« Tout cela ressemble fort, finalement, à un camp militaire. »
Ah, tu vois ! ell’ dit la soeur à Polo qui suit aussi ! C’est comm’ les zones pavillonnaires des p’tits bourgeois.
« Comme un camp, la cité minière se monte et se démonte. Comme lui, elle se développe en étendue, belliqueusement
indifférente à un environnement qu’elle aplatit dans la grisaille. Elle est une caserne, émiettée en cent, mille morceaux.
L’eugénique [l’tri des bons gènes et des pas bons, y traduit Polo] de la force de travail est une eugénique des corps.
Corps étalés, sans âme, comme ils l’étaient chez Descartes. Mis à plat, pour être mis à distance, vidés de leurs fureurs.
L’homme nouveau qui se forge à ce creuset est celui de l’ordre moral. Car les corps isolés peuvent être vus, surveillés,
analysés.

On a pu dire de Montceau-les-Mines que, grâce à ses indicateurs patronaux, elle ressemblait à un immense
microphone où les moindres bruits étaient enregistrés et parvenaient aux oreilles d’un écouteur central. L’émiettement
du logement favorise son observation policière. (...) Les moindres petits faits deviennent repérables. Ah ! Les voisins
qui, derrière leurs rideaux, vous observent sans être vus... »
Et après, y s’étonnent qu’on brûle leur voiture, y dit Djamel qu’est pas méchant pourtant. C’est pour ça qu’y voudraient
qu’on soit tous p’tits propriétaires d’un pavillon en banlieue, mais comm’ ça leur rapporte pas d’sous y l’font pas et on
reste entassé dans l’clapier, sauf qu’maintenant y z’ont des caméras et des hélicoptères pour nous surveiller. Et mêm’ des
cailloux, y rigole Fred.

M’sieur Muller, qu’est l’ingénieur qu’a construit les premières cités ouvrières d’Mulhouse en 1819, y disait : « La
propriété et la vie de famille sont les deux instruments de moralisation les plus actifs qu’il y ait au monde (...). Faisons
en sorte que l’ouvrier puisse, par un effort personnel suffisamment prolongé, arriver à la propriété d’une petite maison
pour lui, sa femme et ses enfants : la séduction du cabaret perdra bien vite ses prises sur cet homme que retiendra le
plaisir de se sentir chez lui, d’aménager, de réparer, d’orner sa demeure, de cultiver son jardin s’il en a un. » Et qu’ça fait
plein de p’tites pièces pour m’sieur Ikéa et m’sieur Leroy Merlin, y s’marre Djamel.

« La possession de sa maison opère sur [l’ouvrier] une transformation complète. Avec une maisonnette et un jardin, on
fait de l’ouvrier un chef de famille vraiment digne de ce nom, c’est-à-dire moral et prévoyant, se sentant des racines et
ayant autorité sur les siens (...). C’est bientôt la maison qui le possède, elle le moralise et le transforme » qu’y rajoutait
un m’sieur Cheysson en 1881. Surtout sa femme, y l’a tout compris Afid.
« Voulons-nous faire à la fois des gens heureux et des conservateurs ? Voulons-nous combattre en même temps la misère
et les erreurs socialistes ? Voulons-nous augmenter les garanties d’ordre, de moralité, de modération politique et sociale ?
Créons des cités ouvrières » qu’y dit en 1895 m’sieur Siegfried qu’a créé l’Musée social. « Nous voulons dissiper les
préjugés et montrer à ceux pour lesquels la vie est difficile qu’il ne doit pas y avoir lutte entre la pauvreté et la richesse.
Nous savons que ces sentiments n’existent que trop souvent et nous voudrions les voir disparaître. Un des meilleurs
moyens de le faire, c’est de faciliter à chacun, dans les campagnes comme dans les villes, la possibilité de devenir
propriétaire. »

« Le moellon n’est pas seulement le matériau des immeubles, il est aussi l’un des supports de l’ordre social dans un pays
libre » qu’y l’est dit dans l’traité de Varreux en 1937.
« Nous croyons que l’idée de posséder un jour la propriété qu’elle occupe moraliserait la population et lui donnerait un
vernis d’honnêteté, d’esprit de famille, de prévoyance, qui tendrait à faire disparaître bien des utopies qui hantent
certains cerveaux d’abstracteurs du socialisme révolutionnaire » qu’y dit un conseiller municipal de Paris en 1898.
C’est sûr qu’y sont clairs, les bourgeois ! y dit Fred. Ça a pas dû empêcher des prolos d’voter pour eux quand mêm’,
comm’ pour not’ président que lui aussi y veut l’communisme anarchisme. « C’est une chose étonnante que le pouvoir
qu’ont certains mots d’effrayer les esprits, alors que l’idée à laquelle ils correspondent court le monde et est très bien
admise pourvu qu’elle se déguise sous un autre nom. Ainsi en est-il du mot an-archie, qui fait dresser les cheveux sur la
tête de nos bourgeois, alors que l’idée de la réduction indéfinie des fonctions gouvernementales et finalement de
l’abolition même du gouvernement, est le dernier mot des économistes du laissez-faire, patronnés par ces braves
bourgeois ! » qu’y disait un César de Paepe forcément Belge y dit mon ancien délégué syndical CGT.

C’est pour ça « que les familles qui vivent en pavillon sont souvent repliées sur elles-mêmes, épuisées par les sacrifices
qu’il a fallu faire pour construire la maison, ne s’intéressant que médiocrement à la vie publique, plus coupées de l’action
syndicale dans l’entreprise, etc. Elles sont plus attachées aux survivances d’une structure patriarcale, plus dépendantes
des influences traditionnelles, moins éloignées de la vie rurale. Le développement des pavillons a donc des
conséquences très importantes sur l’orientation des transformations sociales et sur la vie politique d’une nation » qu’y dit
m’sieur Chombard de Lauwe. D’où L’Borgne, y dit Fred, qu’not’ président y veut lui prendre les voix d’son maître des
pavillons.

Y’ a mêm’ un abbé Lemire qu’a inventé les « jardins ouvriers », qu’y dit Fred, pour qu’l’ouvrier y l’aille pas au cabaret
dépenser l’argent du ménage à picoler et discuter avec les potes d’la révolution. Qu’en plus ça permettait d’le payer
moins vu qu’y faisait ses légumes, y a pas d’p’tits profits chez les bourgeois pourvu qu’l’pauvre y soit heureux et qu’y
siffle un joyeux refrain en travaillant son jardin.
Mêm’ quand y fait un jardin public, y fait la guerre au prolétaire, l’bourgeois. « De l’hygiénisme le plus naïf – l’idée de
"poumons verts" – aux intentions prophylactiques plus sophistiquées, de la régénération physique et morale au
"calibrage" moral des familles ouvrières, qu’il s’agisse encore de résoudre la délinquance, le stress urbain ou de
tempérer les effets de la pollution, l’intention normalisante est depuis le milieu du XIX° siècle une constante des projets
qui président à l’aménagement d’espaces verts. Les parcs, dit Wittet, sont des parcs de tendresse, de douceur et de repos
pour les mères, les épouses, les amoureux ; mais ils sont faits pour toute la population, riche ou pauvre, d’une manière
générale, avec des droits et des privilèges égaux pour chaque classe. Les parcs sont en eux-mêmes, de grands
civilisateurs, de grands égalisateurs. Ils élèvent le peuple vers une vie supérieure ; ils sont éducatifs ; ils sont une source
d’inspiration », y dit m’sieur Peraldi qu’ell’ dit la soeur à Polo comm’ si ell’ le connaissait personnellement qu’c’est mêm’
pas vrai .

« Rien moins en somme que l’espace du sacré, ce que disait très explicitement Munford-Robinson, "l’inventeur"
américain des parcs : "le parc a un caractère qui pourrait être appelé psychologique, en ce sens que sous les larges
branches des arbres nous recevons la bénédiction de l’air. Le parc rend à nos cités industrielles surpeuplées un service
spirituel comparable à celui que la cathédrale, dans la grandeur et la beauté de son architecture, offrait à la population
rurale du Moyen Age. Le parc est la cathédrale moderne. »
En tout cas les prolos y z’y vont pas beaucoup dans les parcs, pas plus qu’dans les cathédrales, y dit Fred. Ça doit trop
les impressionner, la lévitation.

« Comme les gares ou les grands magasins qui leurs sont contemporain, les parcs sont des lieux scéniquement agencés
sur une convocation des peuples urbains comme entité homogène, totalité communautaire. En ce sens ils en sont donc
les fondateurs, temples où chacun, tout en gardant sa place et son costume, communie dans le bon usage de la nature. Ici
et ici seulement la ville industrielle à l’air ou se donne l’air d’une communauté. … Les parcs sont l’utopie de la ville
industrielle, l’image idéelle de ce qu’elle voudrait être, où la modernité se donne dans un artifice de naturalité une
représentation d’elle-même comme société, comme corps. Ce que furent aussi à la même époque les "garden-city"
anglaises, les cités jardins en France où cette fois l’agencement scénique de l’urbain – maisons, usines, commerces –
dans la verdure vient figurer l’ordre idéal d’une ville unifiée et surtout maîtrisée. »

Comme l’architecte qu’a construit l’bâtiment d’la bourse à Paris, y l’a pris l’modèle du temple de Neptune, y l’a lu Fred..
C’est qu’le bourgeois y l’aime bien la religion qui fait croire au peuple qu’y l’est petit mais qu’un jour y s’ra grand comm’
not’ président avec ses talonnettes. C’est pour ça qu’l’pote Karl y dit qu’« c’est ainsi la tâche de l’histoire après que l’audelà
de la vérité a disparu, d’établir la vérité de l’en-deça. C’est d’abord la tâche de la philosophie, qui est au service de
l’Histoire, après qu’elle a démasqué la figure de sainteté de l’aliénation humaine, de démasquer l’aliénation dans ses
figures non saintes. La critique du ciel se transforme ainsi en la critique de la terre, la critique de la religion en la
critique du droit, la critique de la théologie en la critique de la politique. »

Parce qu’les bourgeois y « ressemblent en ceci aux théologiens qui, eux-aussi, établissent deux sortes de religions. Toute
religion qui n’est pas la leur est une intervention des hommes, tandis que leur propre religion est une émanation de Dieu.
En disant que les rapports actuels – les rapports de la production

bourgeoise – sont naturels, les économistes font
entendre que ce sont là des rapports dans lesquels se crée la richesse et se développent les forces productives
conformément aux lois de la nature. Donc ces rapports sont eux-mêmes des lois naturelles indépendantes de l’influence
du temps. Ce sont des lois éternelles qui doivent toujours régir la société. »

C’est pour ça qu’not’ président qu’est not’ Dieu à nous, y veut remettre d’la religion partout.
Mais l’p’tit bourgeois y lit pas trop l’pote Karl. L’est athée des fois, mais comm’ y l’a appris à lire le dictionnaire, y l’a vu
que religion ça venait du latin religare qu’ça veut dire relier, et ça, ça lui plaît. « Je ne suis pas de ceux, y dit m’sieur
Coubertin l’pote à Jules Ferry qu’est un des pères de not’ président, qui considèrent que l’humanité puisse se passer de
religion. Je prends ici le mot dans son sens le plus général, non comme croyance à une forme déterminée de réalité
divine, mais comme adhésion à un idéal de vie supérieure, d’aspiration au perfectionnement. Dans ce sens-là il est très
important de constater que le prolétariat est puissamment avantagé car il possède dans la pratique déjà avancée de
l’altruisme un ferment religieux, le ferment d’une religion d’action dont le ploutocratisme n’est guère capable. Il faut
donc que le prolétariat fasse de l’altruisme sa base religieuse et de la cité sa cellule politique ». Tu parles, Charles, y
s’moque Fred. C’est Pierre qu’y s’appelle l’baron y corrige Polo qu’est trop sérieux des fois.

Avec l’sport c’est pareil, y dit Fred qu’aime bien les grands stades temples du football. Que l’sport, c’est l’opium du
peuple y fait l’fanfaron Djamel qu’a entendu ça à la télé. Et l’opium du peuple c’est d’la religion, qu’y dit l’pote Karl y dit
Polo.

C’est pour ça qu’not’ président qui fait du sport et d’la religion, mais aussi du sexe, des sous, du spectacle et du sang de
l’peuple parce qu’y connaît bien la règle des cinq S des journalistes pour un bon scoop vu qu’c’est lui qui les commande,
y l’a écrit que « l’islam, au même titre que les religions juive et chrétienne, a un nouveau rôle à jouer. Partout en France,
et dans les banlieues, plus encore, qui concentrent toutes les désespérances, il est bien préférable que les jeunes puissent
espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme seule "religion", celle de la violence, de la drogue ou de
l’argent » qu’y rajoute Fred qui l’a lu dans l’Canard qu’not’ président qu’est chanoine y l’avait dit ça.

« C’est une religion du XX° siècle que Coubertin a fondée avec le mouvement olympique, une religion de portée
universelle qui contient toutes les valeurs de base des autres religions, une religion moderne passionnante, virile,
dynamique, qui plaît à la jeunesse et nous, membres du Comité international olympique, sommes ses disciples. Ici, pas
de différence de caste, de race, de famille ou de fortune. (...). L’association amicale sur les terrains de sport mène à la
compréhension mutuelle et à la paix » y dit l’président du CIO. Sauf les hooligans qu’aiment bien la bagarre.

« La seconde caractéristique de l’olympisme, y dit encore m’sieur Coubertin ami d’m’sieur Jules père de not’ président
qu’aime l’sport quand y gagne, c’est le fait d’être une aristocratie, une élite, mais bien entendu une aristocratie d’origine
totalement égalitaire puisqu’elle n’est déterminée que par la supériorité corporelle de l’individu et par ses possibilités
musculaires multipliées jusqu’à un certain degré par sa volonté d’entraînement. Tous les jeunes hommes ne sont pas
désignés pour devenir des athlètes. Plus tard on pourra sans doute arriver, par une meilleure hygiène privée et publique
et par des mesures intelligentes visant au perfectionnement de la race, à accroître grandement le nombre de ceux qui
sont susceptibles de recevoir une forte éducation sportive (...). Mais être une élite ne suffit pas ; il faut encore que cette
élite soit une chevalerie.

Les chevaliers sont avant tout des "frères d’armes", des hommes courageux, énergiques, unis
par un lien plus fort que celui de la simple camaraderie déjà si puissant par lui-même ; à l’idée d’entraide, base de la
camaraderie, se superpose chez le chevalier l’idée de concurrence, d’effort opposé à l’effort pour l’amour de l’effort, de
lutte courtoise et pourtant violente. »
On dirait not’ président quand y parle d’ses potes rugbymen, qu’le rugby c’est un sport d’voyous fait par des gentlemen,
mais qu’c’est des guerriers quand même. Des guerriers gonzesses, ouais, y dit Fred, qui montrent leur cul pour du fric
pour faire comm’ leur coach qu’cest un vrai voyou comm’ y l’aime not’ président. S’y font ça c’est peut-être pour
ressembler à not’ président qu’est l’roi d’la pédale avec les jambes tout’s rasées, y dit Djamel. C’est pour ça qu’c’est à la
mode en c’moment pour les p’tites bourgeoises bêtasses. En tout cas, y dit Polo, not’ président y nous donne l’rugby pour
nous montrer qu’la vie faut s’la gagner comm’ des guerriers-chevaliers, parce qu’c’est la guerre, forcément.
Mais les prolos, c’est pas ça qu’y veulent parce qu’la guerre y la font tout’l’temps mêm’ s’y veulent pas. Les prolos, y
préfère l’foot, c’est pour ça qu’cest populaire, parce qu’les prolos c’est l’populo.

Parce que l’foot, ell’ dit la prof de philo d’la soeur à Polo, c’est la projection idéalisée de l’acte collectif de coopération
médiatisé par l’objet-ballon, comme dans l’usine (Marcel, arrête d’rire, sinon j’t’enlève un point sur ton permis d’classe !).
Qu’cet acte collectif, dans l’travail, l’patron y lui vole au prolo, y dit l’pote Karl : « Si donc la direction capitaliste, quant
à son contenu a une double face, parce que l’objet même de ce qu’il s’agit de diriger est, d’un côté, procès de production
coopératif et, d’un autre côté, procès de production de plus-value, la forme de cette direction devient nécessairement
despotique. Les formes particulières de ce despotisme se développent à mesure que se développe la coopération. »

Mêm’ si l’foot a été inventé pour calmer les jeunes aristos d’Angleterre qui f’saient les cons au bahut, n’empêche qu’les
prolos y s’y sont retrouvés, surtout au début qu’c’était les travailleurs qui y jouaient qu’mêm’ Kopa y l’allait au boulot en
dehors des matches, au début, et c’était un jeu plein d’offensives, avec plein d’buts d’Pelé. C’est vrai, y regrette tristement
Polo, parce qu’après ça a changé avec l’"béton" et l’"catenaccio", avec l’arrivée des hommes d’affaires sans scrupules
comm’ la bande à Boulogne, le « théoricien du football industrie », dont « le stage national, avec son état-major de
maîtres entraîneurs, se déroule sous le signe de la plus rude discipline militaire », qu’y disaient dans l’Miroir du
Football, un’ revue communiste qui défendait la ligne. La "défense" en ligne ! Pas la ligne du parti, y précise Fred. Et y
disaient aussi qu’l’entraîneur René Hauss, un ami à Boulogne, y l’écrivait en 1976, dans « l’Entraîneur français » : « La
société sportive n’est pas et ne doit pas être en rien comparable à notre société démocratique du XX° siècle... S’il est
possible de comparer sa structure à d’autres qui nous seraient plus proches, l’exemple de deux autres sociétés connues
me paraît assez adéquat : il s’agit de la vie militaire et du régime en vigueur à bord des bâtiments de la marine. »
Pourtant, y a des footballeur qu’avaient fait 68...

C’est pour ça qu’l’foot ça pue maintenant, mêm’ si on regarde toujours au cas où y aurait une action d’lumière.
Ouais, qu’y dit Fred, une action de lumière réalisée par des hommes sandwichs milliardaires élevés en batterie, arbitrée
par un type qui veut toujours aller aux chiottes, commentée par des commentateurs qui « se posent pas de questions »
parce qu’y z’ont pas les réponses et supportée par des nazis qui font l’salut d’Hitler en insultant l’nègre, qu’ça la télé d’not’
président qu’est si bon avec nous ell’ montre pas pour pas casser nos beaux rêves d’enfants. C’est sûr qu’l’enfant y vaut
mieux qui soit au stade « on va gagner » qu’a flemmarder sur les tas d’ordures de Nairobi ou d’l’Île aux fleurs à devenir
d’la racaille.

« N’oubliez pas le bonheur simple des jeux d’enfants ».
L’sport ça veut faire croire qu’on est tous égaux au départ d’la course et qu’à la fin c’est l’meilleur qui gagne, forcément
puisqu’il est premier. Au début, t’es égal, à la fin t’es plus égal. C’est comm’ ça, tu peux rien dire, c’est la nature du
mérite.

« Le Tour de France, c’est une croisade ; c’est un pélerinage » qu’y disait aussi m’sieur Desgrange qui est le père créateur
du Tour qu’not’ président y l’aime mais qui préfère les pèlerinages en yachts dans les îles.
Parce que l’sport ça fait aussi l’culte des "grands z’hommes" d’l’exploit nouveau même s’y sont anciens comm’ le grand
blond aux yeux bleus de m’sieur Hitler et mêm’ s’y sont p’tits comm’ not’ président. Parce que les "grands z’hommes", les
"z’hommes exceptionnels", les héros quoi !, ceux qu’y font les exploits d’l’aventure humaine, y te rendent tout p’tit, toi,
l’homme ordinaire, l’français moyen.

Alors tu rêves sur ton vélo en allant au boulot qu’chaque jour tu fais une étape du Tour comm’ un champion, et t’arrives
à l’usine tout content parce que t’as gagné l’étape, qu’un jour tu seras président et qu’tu pourras t’taper tout’s les nanas
siliconées qu’tu voudras comm’ not’ président.
Mais, bon, c’est pas encore ça, parce que « Carpentier – lui, c’était un boxeur d’l’époque d’après la guerre et d’avant la
guerre, mais les boxeurs c’est pareil qu’les forçats d’la route – attend encore un remplaçant. Des ouvriers du poing,
courageux, appliqués, au front bas, nous en avons à satiété. Des artistes, des aristocrates de la boxe, des hommes ayant à
la fois les qualités physiques requises, l’influx nerveux rapide et l’étincelle, nous en cherchons » qu’y dit un journaliste
du journal L’illustration.

M’sieur Dumazedier, qu’est un sociopathe du sport d’après Polo, y dit que les activités sportives « développent une
attitude rationnelle à l’égard de la performance, de l’entraînement, de la division des tâches en équipe, etc. qui peut
faciliter l’assimilation des règles du travail moderne. Dès lors, on peut à juste titre considérer la pratique des activités
sportives (...) comme un investissement culturel utile à la transformation des mentalités traditionnelles en mentalité
moderne » !

C’est pour ça qu’not’ président qui pédale y veut que « le sport soit accessible à tous ».

En plus, ça permet à not’ président d’faire des grandes fêtes comm’ y l’aime quand on gagne et d’être tout con quand on
perd. Mais heureusement qu’on gagne pas souvent, sinon not’ président y s’fatiguerait avec tout’s les fêtes qu’y fait
toujours.

Mais justement, ell’ dit la soeur à Polo qui suit bien les cours d’philo parce que les filles pauvres ell’s travaillent mieux
qu’les garçons c’est bien connu, les fêtes aussi ça fait partie du conditionnement du bonheur de "l’peuple" comm’
l’voulait m’sieur l’comte d’Saint-Simon, l’inventeur d’la technocratie, qui doit être un arrière-grand-père de not’ président
puisqu’y voulait déjà faire l’ « système d’la Méditerranée » et qu’y disait qu’y fallait « rendre le luxe national », car « le
luxe deviendra utile et moral quand ce sera la nation entière qui en jouira », et not’ président c’est not’ père d’la nation, y
l’a l’luxe et nous on l’regarde les yeux tout humides d’bonheur du luxe qui nous fait jouir. Donc m’sieur Saint-Simon y
disait qu’ « la communication des hommes et des marchandises, le savoir des savants et la circulation d’l’argent seraient
célébrés dans des fêtes publiques dont l’objectif est la fusion symbolique des corps d’ingénieurs et des savants (la
science et la technique) avec la population », y l’explique m’sieur Musso, encore un qu’jai jamais entendu parlé, jamais
j’retiendrai tous ces noms, tant pis.

Qu’c’est pour ça qu’le ministre d’la reconstruction d’la France en 1944 Raoul Dautry - « reconstruire, c’est redresser » -,
qu’était l’disciple de m’sieur l’comte, y pensait que seule une élite unie et éclairée, relayée par des corps professionnels
compétents, doués d’une large vue anticipatrice, peut s’atteler à la tâche de cette transmutation des âmes, et
qu’ingénieurs et savants seront de la partie, s’ils partagent la philosophie des chefs.
Et pourtant, les chefs, c’est pas des philosophes, qu’ell’ dit la soeur à Polo.

(à suivre ...)

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Messages

  • superbe article
    Makhno

  • Salut .
    A chacun son point de vue.Si nous nous regrdons évoluer dans la nature hostile,notre environement toujours changeant, change au fil de notre progression.Qui n’ a pas connu le confors rustique douillet d’un refuge en haute montagne ? lorsque dehors l’environement attaque notre corps en mouvement .la rencontre fortuite ou intentionelle d’un refuge,comblele besoin de calme et le repli ce qui impose son besoin de sécurité.parfois ce lieux est partagé,avec des complices, mais pas toujours et le premier venu est chez lui ?
    Il y a tant d’humains aujourd’hui, que les meilleurs sanctuaires sont difficiles a présèrver ? (c’est cèrtainement voulu par le législateur qui se fiche de la justice pour les gens du bas )l’humain, ne se comporte pas autrement qu’un animal solitaire ?(ours bourru)si non, il subit la loi de l’èsclavage du plus fort ?il y en a pour aimer ça .D’autres péfèrent leur modèste tanière ?
    L’"humain" est polyforme ?Au plus il est capable de se débrouiller seul,ou embobiner les autres,au plus il sera capable de maintenir les concurents éloignés ?Chacun pour soi ?que oui, je crois ,et la propriété privée,est un moyen de vivre tranquilement chez soi ,en se débrouillant de son mieux( que ce soit origonal, ou commun et pragmatique ?).En effet, les exclus n’ont pas la possibilité d’avoir leur terrier,ce qui les rends vagabons et conquérants ?Mais qui s’en souci ?
    Y a t’il trop de concurence aujourd’hui ?

    • P’tit Nico tu relates les faits de façon carricaturale et imagé qui laisse sourire mais qui démontre la dure
      réalité.
      Continus sur cette voie je pense que beaucoup l’assimilent.

      Cordialement Alain 04