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Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne
Publie le mercredi 9 novembre 2005 par Open-Publishing6 commentaires

Jugés en comparution immédiate, leur dossier est souvent bâclé
de Dominique SIMONNOT
Des policiers qui patrouillent dans les couloirs, des salles protégées par des barrières métalliques. Des parents qui discutent sur des bancs avec des avocats. "Mon fils sortait juste de chez nous pour voir un copain...", pleure une mère. "Mes fils ont été arrêtés chez nous, ils n’y étaient pour rien dans ces incendies de voitures, ça a été reconnu mais les policiers leur ont collé des outrages et rébellion", proteste un père. C’était hier au palais de justice de Bobigny (Seine-Saint-Denis) où comparaissaient de présumés émeutiers. Il y en a tant que trois chambres correctionnelles au lieu d’une en "temps normal" ont été dévolues aux comparutions immédiates promises par le Premier ministre. Il y a de tout.
Ceux qui passaient par là. La nuit du 3 novembre, Malik, lycéen de 19 ans, rentrait chez lui à Montreuil : "Je ne veux pas qu’on m’associe aux émeutiers, il n’y avait plus de bus parce qu’ils en avaient brûlé un. J’ai traversé la cité, j’ai pris un jet de lacrymo par un motard de la police." Malik a lancé un pavé en retour, "un geste primitif, animal, que je regrette beaucoup". Il a tenté de se sauver. Il a été rattrapé, plaqué au sol, frappé. Un cocard orne son oeil, son nez est cassé. En juin, il passera le bac et travaille en intérim pour aider sa mère. Du côté du parquet, le langage est guerrier. "Nous sommes dans une situation proche de la jungle dont ce département est victime depuis des jours", et les réquisitions sévères, comme l’a réclamé le gouvernement : "Quatre mois ferme." Ce sera quatre avec sursis.
Il y a ceux qui contestent. Eric, 19 ans, « à la recherche d’une formation », qui vit chez ses parents, déjà condamné pour racket. Vers 22 h 30, à Montreuil, il a été repéré au milieu d’un groupe qui cassait une voiture. Il a fui avec Kevin, 15 ans. « Je ne casserais jamais une voiture, celle de mon père a brûlé, je n’ai pas apprécié. » Rien ne dit qu’Eric a approché la voiture. Deux mois ferme.
En comparution immédiate, habituellement, la procédure est déjà ultrarapide, là elle est expéditive. Dans les dossiers, ne figure souvent que le seul PV des policiers. Manque de temps. L’enquête sociale est parcellaire. Manque de temps. Les avocats se noient dans les dossiers. Et les juges se dépêchent. Plus encore que d’habitude.
Au Blanc-Mesnil, la nuit du 3 novembre, Mamoudou, 20 ans, aurait caillassé des camions. Il nie. En BTS de management. Il débute bientôt des cours en alternance avec des stages, et joue au foot « niveau nationale ». Son casier n’est pas au dossier. Il faut renvoyer l’affaire. Son frère, un ingénieur informatique, et son père sont là. La procureure : « Nous ne savons pas qui il est, en attendant le jugement, je réclame un mandat de dépôt, sa famille est incapable d’apporter la preuve de son identité. » Détention provisoire, jugement dans une semaine. Alexandre, cuistot, a été arrêté lors de l’incendie du local à poubelles dans une barre HLM, à 1 heure du matin à Pantin. Seul arrêté de la bande. Sa défense est laconique : « Mauvais endroit, mauvais moment, mais j’ai pas foutu le feu, je venais juste acheter du shit. » Quatre mois.
Au Blanc-Mesnil encore, la nuit du 3 novembre, Abdoulaye, 20 ans, a été « reconnu » par les policiers alors qu’il balançait une bouteille sur leur véhicule. Arrêté quelques heures plus tard, au commissariat, il a cassé une vitre, tandis que ses copains en faisaient le siège, « vous-même les appelant à mettre le feu », lit la juge. Problème. A l’heure du jet de bouteille, Abdoulaye ouvrait la pizzeria où il travaille. La procureure : « Il est nécessaire que ceux qui sont jugés ici et ceux qui sont dans la salle sachent que les sanctions sont très importantes ! Ce département est en feu depuis des jours ! » Relaxe pour le jet de bouteille, un mois ferme pour le reste.
Et ainsi de suite. Jusqu’à un pauvre serveur de 23 ans, finalement innocenté. Il avait été dénoncé par un témoin anonyme pour vente d’essence aux émeutiers et il y avait un bidon de fuel dans le coffre de sa voiture.
Partout en France, les tribunaux ne chôment pas. Entre autres, quatre mois à Paris pour avoir cassé une voiture et un travail d’intérêt général pour trois garçons soupçonnés d’avoir fabriqué des cocktails Molotov. Quatre mois à Dijon pour l’incendie d’un local à poubelles et cinq mois pour outrages et rébellion. Huit mois à Toulouse pour avoir caillassé les policiers et huit encore pour l’incendie d’une voiture. Hier soir, étant donné le tas de dossiers, les juges de Bobigny n’étaient pas près de finir. Devant la salle, une petite foule commente : « C’est pas la prison qui va ramener le calme ! » « En plus, c’est pas les vrais méchants qui sont là, les vrais méchants, eux, personne les attrape ! »
Messages
1. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 9 novembre 2005, 19:14
Les dossiers de comparution immédiate ne comporte souvent qu’une seule et unique pièce : le P.V. des flics.
Histoire de calmer les esprits Sarko vient d’en rajouter une couche en demandant aux préfets d’expulser tous les étrangers raflés qu’ils soient en situation régulière ou non. Ca rappellera aux anciens le "juif allemand" interdit de France.
Il faut être Tartuffe ou autruche pour ne pas voir que police et justice sont 2 des acteurs essentiels de la banalisation du racisme en France. Ca fait des années que des ONG et de trés officielles commissions européennes stigmatisent les comportements racistes et xénophobes (y compris violents) de la police française à laquelle la justice garantit une totale impunité. Avez vous déja entendu un seul politicard s’indigner un tant soit peu de ce constat ? Ne parlons pas des citoyens !
Valère
1. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 9 novembre 2005, 19:35
Et les juges à la chaîne qui feraient grève pour pastiche de justice. C’est concevable ?
Mata a ri
2. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 10 novembre 2005, 11:58
Ca serait souhaitable en tout cas !!
2. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 10 novembre 2005, 00:32
La démission du gouvernement devient la seule réponse valable, dans ce climat de guerre civile de plus en plus préoccupant.
Le gouvernement libéral a prouvé qu’il était incapable de solutionner les problèmes sociaux autrement que par l’utilisation de la violence, qui ne peut qu’entraîner plus de violence.
C’est du n’importe quoi !
L’image de la France est pitoyable au niveau international.
1. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 10 novembre 2005, 14:02
L’image de la France est pitoyable c’est vraie ,mais l’image ne refléte encore qu’une petite partie de la réalité ,la pointe de l’iceberg ...de l’étranger en dehors des gens qui vivent dans le vertuel médiatique l’image de la France n’a jamais été autres choses qu’un pays a la mode de Paris Chic ,cruelle ,manipulateur bref un pays imperialiste par exellence avec pour mode des jours une loi glorifiantes de la colonisation .La vraie révolte c’est dans le monde dite Tiers,et ses représentant des lieux mis au bans de la metrople ,reserves d’esclaves a tout faire .
Le chomage ,facile a résoudre et dans les projets ...l’armée Francaise va engager !
3. > Les présumés émeutiers condamnés à la chaîne, 11 novembre 2005, 15:44
QUAND est ce que des politiques vont-ils sélever avec èquité contre ces agissement pervers ?
QUAND vont-ils etre courageux ?
QUAND cessra leur narcissisme de bouffon ?
Car j’ai lu tenez vous bien : Le PARISIEN du 10/11 page 2 : un député UMP, Jean-Pierre Garaud, ancien président du tribunal de Paris, a annoncé hier pour sa part le dépot d’une proposition de loi visant à donner la possibilité aux tribunaux de "déchoir de la nationalité française" les étrangers naturalisés reconnus coupables pour "des faits graves" dans les violences urbaines.
Je n’ai plus de mot pour qualifier
Nicole