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G8 à L’Aquila : la dernière berlusconnerie
Publie le vendredi 10 juillet 2009 par Open-Publishing7 commentaires
de Roberto Ferrario
Huit ans ont passés depuis le tragique assassinat de Carlo Giuliani dans une manifestation contre le G8 à Gênes.
Non seulement, il a été tué à coup de pistolet, mais encore, la jeep des assassins eux-mêmes a-t-elle roulé sur son corps, au moins deux fois.
Qui fut blessé alors fut également "enlevé" à l’hôpital et, ainsi que d’autres jeunes manifestants arrêtés, transférés à la caserne de Bolzaneto où ils furent torturés psychologiquement et physiquement.
Les condamnations des auteurs de ces actes furent légères voire, nulles.
Le gouvernement a mis sous pression les magistrats et est même arrivé à étouffer les faits, pour aller jusqu’à donner des promotions aux principaux responsables !
Ce sont les mêmes policiers et carabiniers qui, pour célèbrer cet anniversaire, sans doute, et d’une certaine manière, se venger de l’affront fait dans ce processus, se sont livré à des vagues d’arrestations "préventives" dans les jours qui ont précédé le sommet du "G8" à l’Aquila - près d’une centaine d’arrestations, dont il est vrai, beaucoup ont déjà été libérés à l’heure où j’écris, mais, bien sûr, après l’ouverture du "sommet".
Penser que tout ceci serait une opération autonome des forces de l’ordre serait d’une stupidité enfantine, car clairement tout ceci a été décidé, comme en 2001, dans les ministères romains par les plus hauts dirigeants de l’Etat italien, autant par le président de la chambre de style néo-fasciste Gianfranco Fini (grand supporter de Sarkozy) que par les fascistes de la populiste Ligue du Nord et que par tous les anciens chrétiens-démocrates qui ont, une fois encore, approuvé la politique liberticide de Berlusconi.
Le choix de faire ce sommet à L’Aquila, ville dévastée par un énorme tremblement de terre, (qui s’est manifesté encore une fois il y a six jours par une secousse qui a réveillé la terreur de milliers de gens qui ont déjà tout perdu et vivent sous des tentes des mois après le tremblement de terre initial), ce choix qui nous rappelle aussi la phrase mémorable de Berlusconi qui avait plaisanté que "prendre ça comme un week-end en camping" et que c’était "bon pour la santé", et ce choix sonne comme un énième "foutage de gueule" du Premier Ministre.
Il faut se souvenir aussi que quelques jours avant, à Viareggio, lors d’un accident ferroviaire, l’explosion d’un wagon contenant du gaz liquide avait causé la mort de 23 personnes à ce jour (on cherche encore les derniers corps)... Dans un rayon de 300 m, tout, maison, arbres, animaux et personnes, tout a brûlé, et cela, en raison d’une restriction budgétaire sur la sécurité de l’infrastructure ferroviaire, (l’enfer des privatisations) décidée par ce même gouvernement Berlusconi.
Et lors de cet accident, le premier jour de cette catastrophe, notre "cher Berlu", plutôt que d’aller rendre visite aux survivants et de consoler les parents des victimes, qu’a-t-il fait ? Et bien, il a préféré se rendre à une réception donnée en l’honneur des (je cite) "meilleurs napolitains du monde", où il s’est fait prendre en photo en train de s’amuser et de danser avec une des participantes (très "avenante") de cette fête...
Quand il se rendit finalement sur les lieux de l’accident, vous imaginez bien qu’il se fit huer et siffler aux cris de "dégage", "quelle honte, t’as rien à faire ici"... par une foule très en colère.
A L’Aquila, rien n’est fait, rien n’a bougé, les gravas sont toujours là, personne n’a déblayé les routes ni démoli les ruines, ni commencé à reconstruire les maisons.
Pour le moment les habitants commencent à se demander comment ils vont pouvoir passer l’hiver, extrêmement dur, dans cette région, sous les tentes. La lenteur de la reconstruction d’un lieu sinistré par un tremblement de terre est, en effet, en Italie, de notoriété publique.
Dans les villes de la Sicile qui ont subi un tremblement de terre dans les années cinquante, il y a encore des familles qui vivent dans les pré-fabriqués de l’époque.
Mais, "miracle à l’italienne", un parcours guidé et soigneusement fléché, digne des meilleures dictatures du 20ème siècle, a été organisé pour les "responsables" mondiaux de l’économie capitaliste à l’intérieur de cette ville.
"Naturellement", quelques centaines d’ouvriers se sont déchaînés dans les derniers jours pour mettre en sécurité le parcours téléguidé.
La route a été déblayée des gravas, poussés plus loin, les maisons ont été étayées, bref, une belle parodie dans le style "Cinecittà", tout étant mis en œuvre pour, à la fois, impressionner les visiteurs devant les ravages du tremblement de terre et également, pour faire voir comme le gouvernement italien aide bien ses concitoyens.
La parodie continue même pendant le "sommet", où Berlusconi (et sa perruque ridicule) se contorsionne dans d’infinies justifications de l’importance de maintenir le G8, quand la Chine a déjà quitté les lieux et que d’autres "G" (12, 20 ...) sont bien plus à la mode.
On dirait que mêmes les sept autres nations doivent se soumettre à la fameuse "anomalie italienne" lors de ce sommet irréaliste...
Alors, si on imaginait que le prochain G8 aura lieu sur l’Ile de Lampedusa, où les représentants des pays du G8, pourront admirer la beauté de la plus grande prison à ciel ouvert italienne...?
Messages
1. G8 à L’Acquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 16:52
C’est très étonnant de voir cette valse en 4 temps, avec un G8 qui n’est pas le même que le G7, mais qu’il faudrait élargir à un G 15, puis un G 20 il y a peu !
Qu’ils disent carrément qu’ils aiment bien se retrouver dans des soirées de bouffe et d’orgies, tout le monde comprendra mieux !
Sinon, je conseillerai que le prochain GX se tienne à Gaza. Ca fera venir du monde pour aider à la reconstruction, apporter des médicaments et de quoi nourrir la population. Voyez ce G.bidule en Italie va faire rentrer de l’argent grâce aux médias présents sur place parce qu’il y a le politique et le showbiz ensemble présents, comme d’hab cette collusion, avec la dame de France qui offre "généreusement" 50 000 € aux victimes sans-abris. Clooney est là aussi !
Y a pas à dire, Berlusconni sait faire des affaires, même avec le malheur des autres ! C’est indigne de sa fonction, à moins que l’Etat italien soit en cessation de paiment !
2. G8 à L’Acquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 17:32
quelque chose m’etonne dans la mise en scene autour de ce G8. car il faut bien considerer la tenue d’un tel sommet au milieu d’une zone sinistré comme une mise en scene.
Les nations les plus puissantes de cette planete veulent elles signifier par la que les plus puissants se tiennent au coté des "déshérités" ou bien ont elles décidés de signifier ainsi le champ de ruine (metaphore de la crise actuel) au milieu duquel elle se débatte et qu’elles vont nous promettre de reconstruire.
Quelque soit le message qu’ils aient décidés de nous envoyer, j’ai peur pour eux qu’une partie du message risque de leur glisser entre les doigts.
si quelqu’un a une opinion a ce sujet, je lui serais redevable d’eclairer ma lanterne
merci...
1. G8 à L’Acquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 17:55
j’ai une reponse.
Société du spectacle.
on se demande d’ailleur qui a la berlu devant le faschisme annoncé
2. G8 à L’Acquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 17:55
Oh ben je pense que comme d’habitude, le pouvoir est du côté du peuple. Sarko protège la veuve et l’orphelin, c’est bien connu.
3. G8 à L’Acquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 21:45
J’ai été très étonnée d’apprendre que ce sommet, initialement programmé dans un lieu plus fastueux, se tiendrait au milieu des décombres. Ma première pensée a été que Berlusconni voulait faire diversion par rapport à ses frasques amoureuses scandaleuses (des filles mineures), pour que l’expression moqueuse de ses hôtes se transforme en regard compatissant. Et puis, qui dit crise, dit problèmes de trésorerie publique. Donc, Berlusconni inaugure une nouvelle façon de capter de l’aide financière, sans que ça lui coûte trop dans l’immédiat. Une vraie mise en scène théâtrale d’un terrible drame pour de nombreuses familles, offerte aux pontes du monde, aux médias et au showbiz friqué. Ou alors, il s’est demandé comment contourner la mafia qui attend avec impatience de s’accaparer le chantier de reconstruction, maintenant que tous les regards des plus riches sont captés sur ce site. Ou bien c’est un peu de tout ça. L’avenir proche nous dira ce qu’il en est au juste. Patience !
3. G8 à L’Aquila : la dernière berlusconnerie, 10 juillet 2009, 21:26, par Orphée
Merci pour cet article, Roberto. La description du chemin balisé pour studio hollywoodien rappelle les murs de décors que le shah d’iran avait fait construire entre l’aéroport et le stade pour une grande manifestation internationale à Persépolis, je pense que c’était des jeux olympiques ou quelque chose comme ça...
1. G8 à L’Aquila : la dernière berlusconnerie, 12 juillet 2009, 09:58, par Louison
Berlusconi est une partouzard patenté et un admirateur de feu Benito Mussolini. Je me pose toujours la question de savoir pourquoi les électrices et les électeurs italiens accordent leurs suffrages à un paltoquet pareil ! Parce que el cavaliéri riche comme crésus, porte en lui, le virus du fascisme mussolinien. C’est un homme dangereux.
Quant aux chefs d’état du g8, qui se sont réunis dans les décombres de ce que fut un village italien, ils règnent sur la planète et ne sont que les porte-parole d’un capitalisme confronté à une crise de fin de règne, parce qu’il n’est plus en adéquation avec l’essor des forces productives.
Cette étroite aristocratie de notre temps s’efforce d’exploiter jusqu’aux limites du possible les travailleurs salariés. Dans le même temps, elle s’applique à subordonner les peuples à son bon plaisir ou, pour mieux dire, à ses intérêts égoïstes. Mais, messieurs, prenez garde car tout a une fin !