De Claude Frico

Ce n’est pas l’Ukraine, c’est Belgrade en Serbie (ex-Yougoslavie) sous les bombardements de l’OTAN en 1999, qui ont duré 78 jours. Ils n’ont connu aucune trêve, pas même pour la Pâque orthodoxe.

Pour expliquer l’agression de la Yougoslavie, George Kenney, un ancien responsable du département d’État américain pour la Yougoslavie, déclara peu après son démantèlement : « Dans l’Europe de l’après-guerre froide, il n’y avait plus de place pour un grand État socialiste indépendant qui résistait à la mondialisation ».

Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon ami serbe Ceda pleurait, lui qui, jeune lieutenant, avait combattu les nazis, sous les ordres de Josip Tito, des tueurs fous qui commettaient partout des meurtres atroces et des Oradour-sur-Glane tous les 20km !
Les bombardements de Belgrade ont fait des milliers de victimes civiles, assassinées en toute impunité par la machine belliciste de l’impérialisme étasunien appelée « Force Alliée ». Des vagues de réfugiés fuyaient les bombardements incendiaires de la ville. Des armes nouvelles étaient expérimentées.

Le crapuleux texte de Rambouillet qui exigeait de la Serbie qu’elle laisse entrer les troupes de l’OTAN dans toute la Yougoslavie, « était une provocation, un prétexte pour déclencher les bombardements ». Un peu plus d’un an après, Lord Gilbert, le ministre britannique chargé des achats pour la défense, l’admettait : « Je pense qu’à l’époque, des personnes à l’OTAN voulaient absolument la guerre. Je pense que les conditions imposées à Milosevic à Rambouillet étaient absolument intolérables : comment aurait-il pu les accepter ? Cela a été fait exprès ». Henry Kissinger, que l’on peut difficilement qualifier de « pacifiste », a dit la même chose.

Les règles du jeu et l’histoire de notre continent, mais aussi celles du monde entier, n’ont pas été modifiées par la Russie le 24 février 2022 en lançant des missiles sur des cibles militaires de l’armée ukrainienne. Elles ont été modifiées il y a trois décennies, en 1991, après la disparition de l’Union Soviétique.

Assez de doubles standards et d’équidistances inadmissibles.