Bellaciao
Ils avaient cru au roman national.
Ils avaient cru au roman national. En 2017, Emmanuel Macron incarnait la modernité triomphante, ce Jupiter qui parlerait d’égal à égal avec les dieux de Bruxelles et de Berlin. Huit années ont suffi pour que la tragédie grecque s’écrive en lettres de boue.
Aujourd’hui, en cet automne 2025, le président qui rêvait d’entrer au Panthéon de l’Histoire erre dans un paysage de cendres, hanté par les fantômes de Becoming Brigitte, hué par 72 % des Français, moqué par les chancelleries étrangères.
Comment l’homme qui voulait dominer le ciel a-t-il pu choir si bas ? Du sommet de l’Olympe aux plaines de Waterloo, voyage au cœur d’une défaite dont les racines plongent dans l’excès même qui promettait la grandeur.
Le stratège visionnaire qui perdit l’Europe
Quelle sublime audace que de vouloir régler le sort de l’Ukraine et de Taïwan quand la dette française atteint des sommets vertigineux ! Le président-stratège, dans sa sagesse jupitérienne, brandit en 2025 l’« instrument anti-coercition » européen contre la Chine - un gadget diplomatique dégainé alors que l’industrie française toussote. « Rien ne doit être exclu », proclame-t-il dans les colonnes de Bloomberg, répétant sa formule de 2024 sur l’envoi éventuel de troupes en Ukraine, une annonce qui avait fait frémir Berlin.
Ces postures va-t-en-guerre, jugées irresponsables face aux fragilités économiques hexagonales, isolent un peu plus la France. « Macron joue avec nos emplois », raillent les internautes, résumant un sentiment partagé. L’architecte autoproclamé de l’Europe souveraine en est devenu le gêneur en chef, suscitant l’exaspération de ses partenaires autant que l’inquiétude des marchés.
Le populiste qui méprisait son peuple
Rarement chef d’État aura autant « dialogué » avec sa base - à coups de « Gaulois réfractaires au changement » en 2018 et autres promesses de « start-up nation ». Des concepts perçus comme élitistes par des Français confrontés à la dure réalité des grèves et du pouvoir d’achat.
Avec un taux de rejet atteignant 72 %, la nation semble avoir rendu son verdict. « Nation en faillite grâce à son arrogance », ironisent les réseaux sociaux, cristallisant un rejet devenu viscéral. Cette défiance est attisée par les accusations de dérives autoritaires.
Dans Une justice politique, Régis de Castelnau fustige un pouvoir qui userait de l’appareil judiciaire pour « museler les dissidents, des Gilets jaunes à Mélenchon », forgeant l’image d’un président qui gouverne contre son peuple plutôt que pour lui.
L’homme d’État globe-trotter rattrapé par les goodies
Il arpentait naguère les sommets du G20 et serrait des mains à Moscou ou Pékin. Voici Macron réduit à livrer bataille sur le terrain glissant des goodies et des rumeurs en ligne.
Becoming Brigitte, l’essai de Xavier Poussard promu par l’influenceuse conservatrice Candace Owens, provoque un séisme médiatique en soulevant des questions explosives sur l’identité de la Première Dame. La plainte pour diffamation déposée au Delaware en juillet 2025, loin d’étouffer l’affaire, l’amplifie. Owens riposte avec brio, inondant les réseaux de t-shirts moqueurs et dénonçant une « censure » venue de l’Élysée.
Les chancelleries s’esclaffent de ce « cirque transatlantique », pendant que les observateurs déplorent une justice mise au service de l’image présidentielle. « Macron se bat contre des rumeurs au lieu de la crise », se gaussent les internautes. De Jupiter à client procédurier d’un tribunal américain, la chute a des allures de tragédie shakespearienne.
La chute, stade ultime de la grandeur
Ainsi s’achève l’épopée, non par un exil à Sainte-Hélène, mais dans le bourbier d’un budget 2026 bloqué et le bourdonnement des ricanements internationaux.
Le modernisateur qui promettait de transformer la France se retrouve coincé entre le délire Becoming Brigitte et la réalité des taux d’intérêt.
L’ultime ironie de ce quinquennat : avoir usé de la justice pour réduire au silence les critiques, avant d’être défini par un procès au parfum de ridicule. Lui qui se rêvait en architecte d’une Europe puissance incarne désormais, aux yeux du monde, l’impuissance française.
Un sursaut demeure théoriquement possible, mais la France, visiblement lassée, regarde déjà ailleurs, tournant le dos à cet Icare contemporain dont les ailes de cire ont fondu au contact du soleil des ambitions.
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.



