Bellaciao
Equans, une tragédie sociale et industrielle en marche !
Mobilisation pour Equans et ses salariés ! Equans est un nom peu connu des Français, mais il pourrait devenir un douloureux refrain de campagne. Nouvellement créée par Engie, Equans rassemble toutes les sociétés et secteurs dont le géant de l’énergie souhaite se débarrasser. Avec 80 000 salariés sur la table et un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards d’euros (pour un confortable bénéfice de 400 millions d’euros), l’opération est des plus stratégiques. L’État suit donc le dossier de près, d’un peu trop près peut-être à l’Elysée d’ailleurs… Avec surtout à la clé des choix au goût amer pour les salariés.
Nous, syndicalistes, cadres et salariés, nous battons depuis des années pour que les décisions prises au sommet ne soient pas synonymes de nouveaux plans sociaux, de chômage et de précarité. Or, nos alertes maintes et maintes fois répétées semblent ne pas vouloir être entendues du côté du pouvoir. Pourquoi Equans, numéro 2 mondial dans son secteur et présentée comme une « pépite » par Engie, devrait-elle être vendue au plus offrant ? Quand des services aussi complexes, reconnus et profitables fonctionnent aussi bien, il est plutôt curieux de vouloir s’en débarrasser… Cette interrogation n’a jamais obtenu de véritable réponse et les salariés sont désormais face à l’abîme.
L’heure est au choix. Trois entités sont encore en lice. Deux industriels français avec Bouygues et Eiffage et un fonds d’investissement américain (Bain Capital). Présenté ainsi, le choix est simple. L’un des deux industriels français fera l’affaire. Il suffit de regarder lequel est le plus complémentaire et la casse sociale sera, espérons-le, limitée. Ce raisonnement simpliste risque pourtant de tourner à la catastrophe avec Equans, car la reprise par un concurrent signifierait à terme à la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Pourquoi préserver l’outil de travail, laborieusement bâti dans la sueur pendant des années, quand les sacro-saintes synergies permettent, en toute impunité de se débarrasser des « doublons, des redondants et des superflus » ? Il faut « optimiser », soit faire faire toujours plus à ceux qui sont de moins en moins, pousser vers la sortie des dizaines de milliers de salariés ainsi précarisés et pressurer toujours plus ceux qui peuvent rester et qui craignent pour leur avenir.
Un repreneur industriel s’apprête à racheter un concurrent, et un gros. Quand bien même les salariés de ce dernier serait protégé un temps, c’est en interne qu’auront lieu les premières purges. La casse sociale est une certitude et l’ampleur sera sans aucun doute dramatique dans le cas d’Equans. Ceux qui mettront des milliards dans le rachat d’une entreprise concurrente de la leur devront voir un retour sur investissement rapide, avec l’emploi comme éternelle variable d’ajustement.
L’heure est-elle en plus à la constitution de quasi-monopoles dans les services à l’énergie ? Comment imaginer un rachat de cette importance par des concurrents ? L’autorité de la concurrence n’a-t-elle pas son mot à dire ? Une telle concentration de services dans de mêmes mains sera préjudiciable au pouvoir d’achat et à la liberté de choix des citoyens. La hausse délirante des prix de l’énergie et les difficultés matérielles de dizaines de millions de Français doivent être pris en compte à leur juste mesure, et non être esquivés dans le silence et le mépris.
L’heure est aujourd’hui à la prise de conscience par le plus grand nombre possible et en premier lieu par l’exécutif. Il est répété dans les ministères et sur les plateaux de télévision qu’il faut protéger l’emploi et le pouvoir d’achat. Passons aux actes ! L’heure serait aussi à la réindustrialisation si l’on en croit les récentes déclarations de Jean Castex et d’Emmanuel Macron. Mais qui peut croire à une réindustrialisation lorsque des dizaines de milliers d’emplois industriels sont menacés par la stratégie erratique d’Engie ? Comment croire à la réindustrialisation quand toutes les dernières fusions se sont soldées par des plans sociaux sans véritables perspectives de sortie du chômage ?
L’heure n’est plus aux promesses creuses et sans engagement. Des garanties chiffrées, solides et publiques doivent être données. Or, rien de tout cela n’a été apporté par les deux repreneurs industriels potentiels. Le match est-il joué d’avance pour ne pas même se soucier de questions aussi légitimes que la pérennisation des emplois et des savoir-faire ? La décision a-t-elle déjà été prise par le président Macron ? Ne soyons pas dupes ! Un rachat de cette envergure et aussi stratégique ne se fait pas sans l’aval du « château », comme on l’appelle. Les accointances, soutiens et amitiés pèsent de tout leur poids et nul ne peut ignorer les liens qui unissent un certain Martin Bouygues et Emmanuel Macron. Parce que la fusion TF1-M6 n’est pas suffisante, on donnerait Equans en cadeau à M. Bouygues ? Malheureusement tout est possible. L’heure n’est pourtant plus aux petits arrangements qui visent à ménager les susceptibilités des puissants. Les salariés d’Equans n’ont pas à devenir la variable d’ajustement de jeux politiques obscurs.
L’heure est à la sauvegarde et restauration de l’emploi et du pouvoir d’achat. Les prochaines échéances électorales seront peut-être de bon conseil pour ceux qui nous dirigent. Equans, ses salariés et ses représentants syndicaux ne sont pas des chiffres à additionner, soustraire ou diviser. Ce sont des femmes et des hommes qui participent au génie industriel de notre pays et à la création de valeur. Ne laissons pas détruire ce que des années de labeur, de lutte et de mobilisation ont rendu possible. Nous valons plus que leurs profits !
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