Bellaciao
« L’AVENIR DE MON PEUPLE DEPEND DES PALESTINIENS »
Gadi Algazi : Professeur d’histoire à l’Université de Tel-Aviv, Gadi Algazi fut un des premiers refuzniks israéliens - ce qui lui valut près d’un an de prison - et le co-fondateur de plusieurs mouvements de solidarité judéo-arabe, notamment Taayush et Tarabut. C’est avec lucidité qu’il tire de premières leçons d’un an et demi de guerre en réponse à mes questions pour « La Presse nouvelle magazine ».
Propos rapportés par Dominique Vidal Dans son blog sur MEDIAPART
Historien et journaliste indépendant, spécialiste des relations internationales et notamment du Proche-Orient, animateur bénévole de La Chance.
Gadi Algazi : Professeur d’histoire à l’Université de Tel-Aviv, Gadi Algazi fut un des premiers refuzniks israéliens - ce qui lui valut près d’un an de prison - et le co-fondateur de plusieurs mouvements de solidarité judéo-arabe, notamment Taayush et Tarabut. C’est avec lucidité qu’il tire de premières leçons d’un an et demi de guerre en réponse à mes questions pour « La Presse nouvelle magazine ».
Propos rapportés par Dominique Vidal Dans son blog sur MEDIAPART
Historien et journaliste indépendant, spécialiste des relations internationales et notamment du Proche-Orient, animateur bénévole de La Chance.
Dominique Vidal : Le 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en suivit marquent-ils un changement qualitatif dans la politique israélienne ?
Gadi Algazi : Le 7 octobre a mis fin à la politique menée par les gouvernements israéliens successifs depuis 15 ans : reporter sans fin toute discussion sur la solution politique, en ne présentant aucune vision de l’avenir (« la paix ») au profit de ce qu’on appelait « la gestion du conflit ». C’était la démarche de toute la scène politique, y compris les partis soi-disant centristes et les restes des travaillistes.
Tous pensaient pouvoir ignorer impunément la question palestinienne. Cette vision s’est imposée après l’écrasement de la Seconde Intifada, avec la division des Palestiniens entre une Autorité affaiblie sur une partie de la Cisjordanie, les islamistes à Gaza et l’OLP en proie à une crise profonde. Benyamin Netanyahou n’est pas l’inventeur de cette politique : elle est l’héritage d’Ehoud Barak et d’Ariel Sharon qui affirmèrent ensemble qu’« il n’y avait plus de partenaire » et que le gouvernement israélien pouvait donc refuser de s’engager sur la fin de l’occupation puisqu’il n’y avait pas de leaders palestiniens avec lesquels négocier une solution politique
Sauf que mon analyse n’implique pas que la situation serait statique : elle a permis à Israël d’accentuer la colonisation de la Cisjordanie, d’y étendre son contrôle – pour y réaliser une annexion de larges zones et donc d’y pousser plus loin la dépossession. Elle lui a aussi permis de développer ses relations avec des dictatures arabes affichant leurs « relations spéciales » avec Israël.
Certes, la situation demeure instable. S’appuyant sur la « coordination sécuritaire » avec l’Autorité palestinienne, Israël n’en a pas moins mené régulièrement des raids impitoyables dans toute la Cisjordanie. Quant au Hamas, il s’est engagé sporadiquement dans ce que ses dirigeants appellent une « résistance militaire », visant le plus souvent des civils. Voilà qui donnait à Israël, dont la puissance militaire est bien supérieure, des excuses pour des attaques plus massives. Parfois, surgit une guerre meurtrière, bien que relativement courte, dont des civils innocents paient le prix. Mais jusqu’ici, aucune de ces « petites guerres » n’a eu de conséquences sévères à long terme pour l’économie – elles ont même amélioré la position des industries militaires israéliennes sur les marchés mondiaux.
C’est pourquoi la stratégie israélienne comprend des campagnes militaires occasionnelles pour – c’est l’expression de nos généraux – « tondre l’herbe ». Ces destructions de masse débouchaient sur des cessez-le-feu et des accords secrets – incluant des transferts de fonds des « patrons » du Golfe au Hamas. Ce dernier a ainsi pu fortifier son emprise sur l’enclave de Gaza, réprimer l’opposition populaire comme toute alternative politique plus réaliste – à la satisfaction d’Israël. Si on limite notre analyse à Israël et à la Palestine, le bloc dirigeant d’Israël, y compris ses experts militaires, imaginait que cette situation pourrait durer longtemps.
Des opposants à l’occupation – une petite minorité – mettaient en garde contre le risque d’explosion massive produite par des années de répression, de siège de Gaza, bref de négation des droits collectifs des Palestiniens.
Comment caractériser l’alliance conclue par Netanyahou avec les deux partis suprémacistes ?
À court terme, grâce à ces partis et à leur politique suprémaciste, Netanyahou a pu revenir au pouvoir alors qu’il était confronté à de graves accusations et avait perdu ses vieux partenaires de droite de « la loi et l’ordre ». Son style de domination monarchique, avec ses intrigues de cour, ses favoris successifs et ses drames familiaux, avait dressé contre lui de nombreux Israéliens républicains partageant pourtant sa vision politique expansionniste. Des néofascistes comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich estimaient à juste titre que Netanyahou ferait tout pour rester au pouvoir. Tout en le soutenant, ils le provoquaient en proposant une vision plus radicale du colonialisme israélien. Ils soutenaient ses manœuvres tant qu’elles leur permettaient de contrôler des atouts majeurs : argent pour l’expansion des colonies, impunité des milices armées de colons, contrôle de la police et des prisons, administration de la Cisjordanie et renforcement de leur pouvoir au sein de l’armée (...)
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