Nos democraties menent au fascisme

Publié le 28 février 2024 par Robert Gil

Tout au long de son histoire le capitalisme a été secoué par des crises qu’il a résolues par des guerres, des répressions, des colonisations ou des coups d’états, mais aujourd’hui il traverse sans doute une des crises la plus grave à laquelle il a été confronté. Nous sommes peut-être à la croisée des chemins. Soit la prise du pouvoir par la classe ouvrière pour une politique sociale qui élimine le capitalisme, soit l’option réactionnaire, qui donnera les rênes du pouvoir aux organisations fascistes. Contrairement à ce qu’ils veulent faire croire, les partis d’extrême droite protègent le système capitaliste. Ces mouvements sont favorables à une société hiérarchisée divisée en classes sociales, et promeut la supériorité d’une race sur les autres, d’une classe sur les autres. Politiquement et socialement ce sont les ennemis de la classe ouvrière. Sous le vernis, leurs belles paroles pour attirer les couches populaires ne résistent pas à l’analyse de leurs votes dans les antichambres du pouvoir.

Le fascisme a toujours été la roue de secours du capitalisme, il est né après la révolution bolchevique de 1917 ; c’est à ce moment que la grande bourgeoisie a eu réellement peur d’une contagion révolutionnaire à travers l’Europe et elle a donné les clefs de son salut à Mussolini, puis à Hitler. Elle fut, certes, obligée de concéder des avancées sociales pour refaire retomber la pression, mais en même temps, elle a pris soin de diriger le mécontentement grandissant vers des organisations syndicales, des partis politiques et des minorités. Le fascisme ne peut instaurer son pouvoir qu’une fois les organisations ouvrières détruites, ce que la social-démocratie et la droite se sont appliquées à faire durant ces dernières décennies. C’est pourquoi les libertés sont aujourd’hui attaquées, que le droit de manifester, de s’exprimer, de contester est réprimé, souvent avec une brutalité inouïe par une police largement gangrenée par les idées de l’extrême droite. La bourgeoisie qui contrôle de fait la démocratie glisse fatalement dans le fascisme lorsque les difficultés d’exploitation et le mécontentement des classes populaires et des classes moyennes menacent. La bourgeoisie dénonce alors des « ennemis de l’intérieur », de l’étranger au syndicaliste, et encourage le désir d’ordre, de police, de sécurité et d’état. Nos démocraties incitent alors, sans le dire, le passage au fascisme. Parallèlement au désir de sécurité, il leur faut inventer une perte de nos valeurs, de nos traditions liées à la perte du sentiment d’identité nationale. Le désir d’ordre et de police passe par le soutien quasi obligatoire de cette police pour la prise du pouvoir. Jean-Michel Fauvergue, sur Cnews, le 22 juillet 2023 déclare : « Dans une carrière de policier vous allez commettre une illégalité, forcément. Aujourd’hui on doit traiter les policiers différemment, il doit y avoir une inégalité dans le traitement des policiers en faveur de ces policiers. Il doit y avoir une excuse de violence, je pèse mes mots. Ça doit passer par une Cour particulière, ou une commission, ou un organisme particulier. », cette déclaration est dans le prolongement du communiqué policier de juin 2023 suite aux violences, après la mort de Nahel lors d’un contrôle routier, abattu par un policier, alors que sa vie n’était aucunement en danger.

Lorsque les moyens « normaux », militaires, policiers ou parlementaires, de l’autorité bourgeoise, ne suffisent plus pour maintenir la société en équilibre, le fascisme prend la relève. La bourgeoisie encouragera le fascisme jusqu’à la guerre civile s’il le faut. A travers les agents du fascisme, le capital met en mouvement les masses de la petite bourgeoisie déclassée et les bandes de salariés démoralisés, c’est-à-dire tous ceux que le capital financier a lui-même plongés dans la rage et le désespoir. Ajoutons, les divers groupuscules d’extrême droite que l’on a laissé se développer pour les avoir sous la main, destinés aux actions violentes, organisés en milice pour détruire les obstacles et favoriser le chaos. La bourgeoisie exige du fascisme des résultats, et les agents du fascisme mettront du cœur à l’ouvrage pour la satisfaire. La victoire du fascisme aboutit à ce que le capital financier s’accapare directement de tous les organes et institutions de pouvoir, de domination, d’organisation et d’éducation. L’appareil d’Etat, l’armée, la police, les municipalités, les universités, les écoles, la presse, les organisations syndicales, les coopératives… tout doit être sous contrôle. La fascisation de l’Etat implique avant tout et surtout d’anéantir toutes les organisations ouvrières : il faut réduire les ouvriers, les employés à un état d’apathie complète et réguler, superviser toutes leurs organisations pour empêcher toute velléité d’indépendance des salariés. C’est précisément en cela que réside l’essence du régime fasciste. Ne nous y trompons pas, nos « démocraties libérales » ont toujours eu une bonne opinion des régimes « totalitaires fascistes », de Franco à Pinochet de Zelenski à Netanyahu, et n’ont que mépris pour Castro, Chavez, Guevara ou Sankara. A l’heure actuelle, les pays où le fascisme progresse sous les yeux des populations décervelées ce sont les Etats-Unis, ainsi que la France, l’Allemagne ou la Grande Bretagne, mais se sont la Russie, la Chine, et tous ceux qui résistent à un monde fondé sur les règles américaines qui sont traités de fascistes. Notre antifascisme n’est que poudre aux yeux.

Le capital et son bras médiatique, a depuis quelques années tout fait pour que l’opinion publique intègre le fait que la société française se « droitise », la dernière étape est qu’elle se fascise. Le fascisme a été défini, dans les années trente du XX° siècle, avec la plus grande clarté par Dimitrov. C’est, a-t-il dit : « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Pour finir, j’ai choisi une citation de Bertolt Brecht, qui est mort en 1956, l’année de ma naissance : « La fiction démocratique a du mal partout de ne pas apparaître pour ce qu’elle est, le chemin direct au fascisme »

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