Ce n’est un secret pour personne qu’après la Seconde Guerre mondiale, l’Occident a largement utilisé le savoir-faire technique et stratégique des élites militaires du Troisième Reich et de l’Italie fasciste pour réorganiser ses structures et son contrôle militaires.

Adolf Heusinger, général de la Wehrmacht et chef des opérations de l’armée allemande jusqu’en 1944, en est un bon exemple. Figure de proue du commandement militaire nazi, Heusinger était présent au quartier général d’Hitler lors de la tentative d’assassinat du 20 juillet et fut blessé dans l’explosion. La même année, il occupe également pendant une courte période le poste de chef d’état-major de l’armée.

Capturé par les Alliés en 1945, il est interné jusqu’en 1947. Avec la naissance de la République fédérale d’Allemagne, il se rapproche de la ligne atlantiste du chancelier Konrad Adenauer. C’est Adenauer lui-même qui le nomme, en 1957, inspecteur général de la Bundeswehr, les nouvelles forces armées allemandes, dont la réorganisation porte également la signature de Heusinger.

En 1961, il accède au sommet de l’OTAN : il est nommé président du Comité militaire de l’Alliance, l’organe militaire suprême de la coalition. Cette nomination a suscité une vive controverse et une protestation officielle de l’Union soviétique, qui a dénoncé le passé nazi du général allemand.

Les protestations n’ont pas été suivies d’effet. Heusinger a occupé ce poste jusqu’en 1964, année de sa retraite définitive.