Bellaciao
Silvio Berlusconi est décédé.
De Paolo Ferrero ex secrétaire de la Refondation Communiste
En adressant mes condoléances à sa famille, je tiens à souligner quelques éléments.
Berlusconi a révolutionné la vie politique italienne, pour le pire, pour le pire à plusieurs niveaux.
Le premier est le greffage - sur la télévision commerciale qu’elle a introduite en Italie - d’une télévision politique populiste qui, partant de certains problèmes spécifiques poussés à l’extrême, construit des campagnes de peur et produit une véritable construction d’un nouvel imaginaire et d’une nouvelle façon de faire de la politique : l’agitation des peurs au lieu de résoudre les problèmes.
Salvini et Meloni sont impensables sans Berlusconi, Forza Italia et l’utilisation politique de la télévision. Berlusconi n’est pas un entrepreneur entré en politique mais une nouvelle forme de politique.
Le deuxième élément est que Berlusconi a interrompu une longue période d’après-guerre et dédouané les fascistes. Il l’a fait d’abord en Europe et a donné vie à un chemin qui s’est maintenant répandu dans toute l’Europe.
Lorsqu’en 1993 Berlusconi soutient Fini, alors secrétaire du MSI à la mairie de Rome et parvient l’année suivante à réunir la droite fasciste et la droite de la Ligue du Nord avec deux coalitions différentes au nord et au sud, Berlusconi traduit une ingénieuse opération de l’unification de la droite italienne, de nationaliste et fasciste à sécessionniste et xénophobe à conservatrice à libérale.
Une opération politique majeure qui a gommé toute frontière entre la droite libérale et le fascisme et a cédé - au fil des ans - aux fascistes l’hégémonie sur la droite et sur la formation de l’imaginaire du beau pays.
De plus, Berlusconi, qui dans son activité politique, entrepreneuriale et personnelle n’a épargné aucune illégalité, a complètement balayé par les douanes l’idée que la force et le consensus et non le respect des règles démocratiques étaient le fondement de l’action politique.
Berlusconi a donc été le véritable précurseur de la droite actuelle - pas seulement en Italie et en Europe - et de sa percée populaire.
Berlusconi doit donc être analysé pour la grande capacité politique d’avoir produit une nouvelle droite fasciste - hégémonique autant que dangereuse - dans laquelle la manipulation basée sur la peur et le non-respect des règles n’est pas un fait personnel ou épisodique mais la normalité dans un contexte dont le consentement est le point de légitimation.
De Paolo Ferrero ex secrétaire de la Refondation Communiste
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Vos commentaires
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# Le 12 juin 2023 à 14:44, par zorba
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Cet article est déjà trop d’honneur à ce personnage modèle patronal chéri de l’Union Européenne et vaticane.
Indigne pour un militant se rapportant au mouvent communiste marxiste et révolutionnaire.
La place de Berlusconi : au fond de chi.ttes, sèches ou avec chasse d’eau.
# Le 12 juin 2023 à 16:42, par Thomas
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Je pense que Ferrario veut nous montrer la démarche de Berlusconi que Macron peut faire et a commencé. Ne veut-il pas dédouaner Pétain ? Il mélange ultra droite avec extrême droite, etc...
# Le 12 juin 2023 à 17:04, par zorba
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Mitterrand et les gouvernements socialo-communistes depuis 1981 menaient la même politique que Macron, gouvernements soumis à l’ordre germano-américain et appliquant les directives de l’Union Européenne.
Mitterrand amené la première guerre d’Irak, Jospin a fait bombarder la Yougoslavie, seul Hollande n’a pas pu bombarder le Syrie, trop risque lui a soufflé le démocrate Obama. J’oublie l’intervention du "socialiste" Kouchner au Kosovo et les opérations en Afrique, toutes bien ordonnées par l’Union européenne et l’OTAN, comme la dernière en cours depuis 2014 en Ukraine.
La seule différence avec Pétain, est l’affichage officiel de la collaboration avec l’Allemagne pour établir Das Neue Europa, contre l’URSS. Macron est pour le moment réduit au soutien de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, sans vraiment de différence de fond entre les politiques menées par les gouvernements depuis 1940, quelques soient les choix des électeurs .