Bellaciao
Vincent Delahaye : un « Monsieur autoroutes » attendu au contrôle technique
Le sénateur UDI de l’Essonne se multiplie dans les médias pour porter un combat – avec l’horrible Rassemblement national – contre les sociétés concessionnaires d’autoroutes. Mais au-delà de cette obsession, quelles sont ses prises de position sur les questions qui préoccupent vraiment les Français ? La question mérite d’être posée à l’heure où l’ex-maire de Massy brigue un troisième mandat à la Chambre haute du Parlement.
Les prochaines élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre prochain. Dans le département de l’Essonne, Vincent Delahaye est candidat à sa propre succession, lui qui est élu à la chambre haute depuis 2011. Au moment de choisir de le reconduire ou non dans ses fonctions, les grands électeurs du département devront bien peser leurs responsabilités à la lumière de son bilan réel. Or force est de constater que celui-ci se résume essentiellement à un combat obsessionnel contre les sociétés concessionnaires d’autoroutes. Un engagement certes louable, mais qui tourne véritablement pour Vincent Delahaye à la monomanie. Depuis qu’il a été l’auteur d’un rapport sénatorial contesté sur le sujet, en septembre 2020, l’élu y consacre l’essentiel de son temps, courant les médias pour mener sa croisade. Une croisade commune au Rassemblement national qui vient de tracer un nouveau sillon à l’Assemblée nationale par l’intermédiaire du député Jean-Philippe Tanguy. Mais sur les véritables préoccupations des Français, comme le pouvoir d’achat, les retraites, l’environnement ou la santé, on n’entend pas vraiment le sénateur Delahaye.
Avant de prendre leur décision, les grands électeurs de l’Essonne ne devront pas oublier en particulier que Vincent Delahaye, qui est également vice-président du Sénat, a voté en faveur de la réforme des retraites imposée par Emmanuel Macron. Une réforme qu’il juge « nécessaire », pour éviter de creuser les déficits publics. Peu importe pour lui, comme pour d’autres hommes politiques de droite, que cette réforme injuste pénalise surtout ceux qui ont commencé à travailler tôt et occupent les emplois les plus modestes.
Un centriste qui penche très à droite
Membre du groupe Union centriste au Sénat, Vincent Delahaye se dit « libéral et social ». Mais c’est à l’évidence la première de ces deux tendances qui s’exprime le plus souvent dans ses prises de positions, comme dans celles de son parti, l’UDI, jadis soutien de Nicolas Sarkozy et plus récemment de la candidature de Valérie Pécresse à la dernière élection présidentielle. Diplômé d’une école de commerce (l’Essec), expert-comptable et commissaire aux comptes, il a commencé sa carrière professionnelle dans la banque et dans de grands cabinets d’audit privés avant d’entrer en politique. Ce n’est donc pas un hasard si on le retrouve aujourd’hui à la Commission des finances du Sénat.
Celui qui fut également maire de Massy durant 22 ans (entre 1995 et 2017) pourfend notamment l’« asphyxie fiscale », l’excès de dépenses publiques et l’absence de réformes structurelles pour réduire le nombre de fonctionnaires. Dans son livre « Révolution fiscale », il préconise ainsi de soumettre tous les Français à l’impôt sur le revenu, y compris sur les revenus sociaux – alors qu’aujourd’hui plus de la moitié des foyers fiscaux ont des ressources jugées trop modestes pour être imposables –, afin de baisser les taux d’imposition des ménages soumis à l’impôt. Une sorte de redistribution à l’envers qui n’a vraiment rien de social. D’autant que le sénateur propose également d’augmenter le taux de TVA, l’impôt le plus injuste puisqu’il pèse de la même manière sur tous les ménages, y compris les plus modestes, pour baisser de 2,5 points le taux de CSG. Une conception très droitière de la justice fiscale.
Vincent Delahaye s’est également distingué récemment, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, en déposant en novembre 2022 un amendement, voté par le Sénat (mais rejeté par le gouvernement), visant à baisser très significativement la taxation des plus-values de cessions immobilières. Une mesure qui aurait clairement profité aux Français les plus aisés, détenant un patrimoine immobilier, voire aux spéculateurs, et a réussi l’exploit de « choquer » jusqu’au ministre du Budget, Gabriel Attal. Le sénateur proposait même pour compenser les pertes importantes de recettes fiscales de l’Etat liées à cette mesure de « faire payer les fumeurs », via la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs…
Si le sénateur semble plus préoccupé d’alléger la taxation des riches que de renforcer les services publics (qui sont, comme chacun sait, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas), il ne brille pas non plus par son progressisme en matière d’écologie. Il s’affirme ainsi pro-nucléaire, contre l’interdiction des moteurs thermiques par l’Union européenne à l’horizon 2035, contre l’interdiction des néonicotinoïdes, ces pesticides dangereux utilisés dans la culture de la betterave. Il se dit également « critique sur le principe de précaution » et conditionne la mise en place d’une fiscalité verte au fait qu’elle ne soit pas « additionnelle », mais se substitue à d’autres fiscalités...
Des prises de position aux antipodes d’une compréhension des enjeux les plus critiques pour notre planète. Vincent Delahaye n’est autre qu’un fier représentant de la vieille garde politicienne, plus préoccupé par le sort des riches que par la lutte contre la destruction de l’environnement. Son temps est révolu d’autant que son bilan a des allures de passif.
Un bilan qui en dit long…
On notera également que ce sénateur de droite est également en phase avec sa famille politique sur les sujets de société. Il s’est ainsi prononcé contre la loi qui inscrit l’IVG dans la Constitution, avant finalement de s’abstenir. En 2013, il s’était également opposé au mariage des couples de même sexe. Et la même année, il avait également voté contre la loi organique sur la transparence de la vie publique.
Durant la crise sanitaire, Vincent Delahaye s’est montré plus soucieux des restrictions pénalisant l’économie et les entreprises que de la protection des Français contre le virus. Opposé au passe sanitaire, le vice-président du Sénat s’est aussi retrouvé sous le feu des critiques en mai 2021 pour avoir participé à un rassemblement organisé par des antivax. Un rassemblement de 300 personnes, toutes sans masque, marqué par l’intervention d’Alexandra Henrion-Caude, l’ex-généticienne devenue une icône complotiste, et par les injures proférées par Jean-Marie Bigard.
On se rappellera aussi que Vincent Delahaye faisait partie des cinq parlementaires siégeant à la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et épinglés par Mediapart pour avoir perçu à ce titre en 2016 des indemnités indues. La loi prohibe en effet de tels versements, l’indemnité parlementaire étant « exclusive de toute rémunération publique ». Vincent Delahaye aurait ainsi perçu plus de 18.000 euros en plus de ses revenus de sénateur. La jeune conseillère régionale (PS) Hella Kribi-Romdhane l’avait également accusé en mars 2014 d’avoir mis en place un système de clientélisme pour obtenir sa réélection à la mairie de Massy avec plus de 67 % des votes. Enfin, même si c’est plus anecdotique, le sénateur UDI fut également l’auteur en 2017, dans un rapport sur la sécurité routière, d’une proposition pour le moins saugrenue : installer des brouilleurs d’ondes pour empêcher de téléphoner au volant.
Plus sérieusement, un grand département comme l’Essonne a besoin d’un sénateur qui travaille sur les vrais sujets qui préoccupent les Français : le pouvoir d’achat, les services publics, l’environnement, la santé... L’Essonne et la France n’ont pas besoin d’un énième sénateur de droite, plus intéressé par les enjeux financiers que par les sujets sociaux et environnementaux, plus préoccupé par le sort des entreprises et des « créateurs de richesse » que par celui des classes moyenne et populaires. Il est temps de laisser la place à une femme ou à un homme de gauche, qui défendra vraiment les intérêts du peuple.
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Vos commentaires
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# Le 24 mai 2023 à 19:09, par zorba
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D’accord pour virer ce personnage peu ragoutant, mais pour mettre qui ?
Un écologiste européiste, un socialiste ou un trotskiste pour mener la guerre en Ukraine jusqu’en Russie en livrant des avions et des tanks après voir assimilé nazisme, flamboyant en Allemagne et communisme en ruine en Russie.
# Le 25 mai 2023 à 11:39, par Pedro
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Un trotskiste ?
https://www.icl-fi.org/francais/spf/2022-ukraine/
https://www.revolutionpermanente.fr/Offensive-du-printemps-ou-va-la-guerre-en-Ukraine